Biographie
Principales créations théâtrales (que les textes aient ou non été écrits pour la scène ou la radio)
Documents de référence…
Bibliographie
Robert Pinget peintre

• Biographie

" Mon existence est dans mes livres " Robert Pinget)

1919 19 juillet, naissance à Genève de Robert André John Pinget, premier enfant de Blanche Montant et d’Emile Pinget.
1922-1950 La famille habite à Genève avenue Saint-Paul, et passe ses vacances à Massongy, Haute Savoie puis à Corsier.
1930 Robert Pinget commence à jouer du violoncelle. 
1937 Il écrit des poèmes.
1938-1944 Etudes de droit à l’Université de Genève, stage et brevet d'avocat. S'inscrit au barreau de Genève.
1939-1944 Mobilisation. Principalement près du Jura à la frontière.
1944-1945 Exerce la profession d’avocat à Genève.
1946-1949 Début de ses voyages : Espagne-Maroc-Tunisie (1946), Grèce (1947), Yougoslavie.
1946-1950 Quitte Genève et part s’installer à Paris. Entre aux Beaux-Arts, section peinture. Abandonne très vite la peinture pour se consacrer à la littérature.
1951 Entre Fantoine et Agapa est publié à Jarnac (repris par les Editions de Minuit en 1956). 
1953 Au Flore rencontre Matias (le décorateur de Beckett) qui fera les décors de Lettre morte (1962), Architruc (1962), L’Hypothèse (1965), Identité (1972), Paralchimie (1977). 
1955 Ecrit à Samuel Beckett et le rencontre pour lui demander des adresses en Angleterre. C’est le début d’une longue amitié. Séjourne neuf mois à Londres. Il fait toute sorte de métiers (de coursier à professeur). Retour à Paris.
1956 Graal Flibuste sort chez Jérôme Lindon aux Editions de Minuit où Alain Robbe-Grillet est lecteur. Puis Baga est publié aux mêmes éditions (1958).
1959 Publie, aux Editions de Minuit, Le Fiston et sa première pièce de théâtre Lettre morte. Apparaît sur la fameuse photo prise à l’initiative de Jérôme Lindon devant les Editions de Minuit rue Bernard-Palissy aux côtés de ceux qui « fondent » le Nouveau Roman.
1960 Il est à New York au moment de la création de Lettre morte au théâtre Récamier dirigé à l’époque par Jean Vilar. 
1956-1962 Publie aux Editions de Minuit des romans : Baga (1958), Le Fiston (1959), Clope au dossier (1961) et des pièces de théâtre : La Manivelle (1960), Ici ou ailleurs (1961), L’Hypothèse (1961), Architruc (1961).
1962 Avec L’Inquisitoire Robert Pinget publie un gros roman de 511 pages répondant ainsi à la demande de Jérôme Lindon. Obtient le Prix des Critiques pour ce livre.
1964 S’installe en Touraine. Partage son temps entre Paris et la campagne.
1965-1969 Obtient le prix Fémina pour Quelqu’un. Pour la première fois ses livres lui rapportent un peu d’argent. Publie Autour de Mortin (dialogues, 1965), Le Libera (roman, 1968) et Passacaille (roman, 1969).
1971 Publie Identité (théâtre). Création d’Abel et Bela au théâtre de l’Absidiole. Publie Fable (récit), Paralchimie (théâtre) et Abel et Bela (théâtre). Architruc est monté à la Comédie Française dans une mise en scène d’Olivier Hussenot avec Jacques Charon, Michel Aumont et Jean-Paul Moulinot. Il participe au colloque de Cerisy sur le Nouveau Roman.
1973-1985 Publie Nuit (théâtre, 1973).Cette voix et L'Apocryphe (romans, 1975), Monsieur Songe (récit, 1982), Le Harnais (carnets, 1984), Charrue (carnets, 1985).
1982 Participe au Colloque sur le Nouveau Roman à New York, avec Robbe-Grillet, Claude Simon et Nathalie Sarraute. Robert Pinget reçoit la Légion d'honneur.
1985 Vend un manuscrit pour acheter un violoncelle.
1986 Janvier. Publication de Un testament bizarre (théâtre).
1987 Robert Pinget est fêté à Avignon. Lettre morte et La Manivelle sont jouées avec succès. L'Hypothèse mis en scène par Joël Jouanneau est un triomphe. Publication de L'Ennemi. Décembre : Grand prix national des lettres.
1988 Février. New York. Ubu Repertory Theatre (Artistic Director : Françoise Kourilsky). Une semaine consacrée à Pinget, qui dialogue avec le public après les représentations de Abel et Bela, Architruc, L'Hypothèse, Lettre morte, La Manivelle (The Old Tune), en version bilingue.
1989 Robert Pinget est décoré de l'Ordre du Mérite. Mai-juin. Création au Théâtre de Poche Montparnasse, Paris, de Monsieur Songe, adaptation de Anne-Brigitte Kern et Robert Pinget, mise en scène de Jacques Seiler. Mort de sa mère. Mort de Samuel Beckett.
1990 Le Grand Prix National des Lettres est décerné à Robert Pinget pour l'ensemble de son œuvre. Le Grand Prix de la création lui est décerné à Genève.
1991 Publie chez Maeght De rien (pièce radiophonique inédite en français). Publication de Théo ou le temps neuf.
1992 Joël Jouanneau met en scène L'Inquisitoire avec David Warrilow à Lausanne, dans une adaptation de Robert Pinget. 
1997 Publication de Tâches d'encre. Une exposition et un colloque lui sont consacrés à Tours. Le 25 août Robert Pinget meurt au CHU de Tours.

" Je me contenterai désormais d'affirmer que je suis né entre Fantoine et Agapa et que j'y mourrai. " Robert Pinget

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• Principales créations théâtrales (que les textes aient ou non été écrits pour la scène ou la radio)

Lettre morte : Mars 1960, Paris, TNP - Théâtre Récamier, mise en scène de Jean Martin.
La Manivelle : Janvier 1961, Paris, Théâtre de Lutèce, mis en scène de Jean Martin.
Architruc : Septembre 1962, Paris, Comédie de Paris, mise en scène de Georges Peyrou.
Ici ou ailleurs : Décembre 1963, Zurich, Schauspielhaus (en allemand Hier oder anderswo), traduction de Gerda Scheffel, mise en scène de Gert Westphal. 
L'Hypothèse : 4éme Biennale 1965, Paris, musée d'Art moderne, mise en scène de Pierre Chabert.
Abel et Bela : Janvier 1971, Paris, L'Absidiole, mise en scène d'Olivier Hussenot.
Identité : Novembre 1972, Paris, Petit-Odéon, mise en scène d'Yves Gasc.
Micrologues : Mars 1973. Paris, Petit Casino, mise en scène de Louis Thiéry.
Paralchimie : Janvier 1977, Paris, Petit-Odéon, mise en scène d'Yves Gasc.
Autour de Mortin : Mars 1979, Paris, Théâtre Essaïon, mise en scène de Jacques Seiler.
Monsieur Songe : Mai 1989, Paris, Théâtre de Poche-Montparnasse, mise en scène de Jacques Seiler (adaptation d'Anne-Brigitte Kern et Robert Pinget).
De rien : Février 1991, Londres, Théâtre Artaud. Robert Pinget interprète avec Peter Gale De rien/About Nothing en version bilingue (traduction de Barbara Wright).
L'Inquisitoire : Mars 1992, Lausanne, Théâtre. Juin 1992, Paris, Théâtre de la Bastille, mise en scène de Joël Jouanneau (adaptation de Robert Pinget).
Quelqu'un : Août 1992, Paris, Théâtre de Poche, mise en scène Pierre Chabert. Mai 1997, Paris, Petit Montparnasse, mise en scène Jacques Seiler (adaptation d'Anne-Brigitte Kern).
Théo ou le temps neuf : Septembre 1994, Paris, Nouveau Théâtre Mouffetard, mise en scène Jacques Seiler.
Le Libera : septembre - octobre 2005, Paris, Théâtre de la Bastille mise en scène Joël Jouanneau.

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• Documents de référence…

* La postface au Libera (roman) de Robert Pinget, Editions de Minuit, Paris, 1968
* Comment travaillent les écrivains : Robert Pinget : propos recueillis par Jean-Louis de Rambures, in Le Monde du 7 décembre 1972 
* Entretien avec Robert Pinget in Le vieil homme et l'enfant de Jean Roudaut, Editions ZOE, Genève, 2001

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• Bibliographie

Ses œuvres ont été publiées aux Editions de Minuit

Entre Fantoine et Agapa, nouvelles, 1951
Mahu ou le Matériau, roman, 1952
Le Renard et la Boussole, roman, 1953
Graal Flibuste, roman, 1956
Baga, roman, 1958
Le Fiston, roman, 1959
Lettre morte, théâtre, 1959
La Manivelle, théâtre, 1960 (d'abord désignée comme "pièce radiophonique")
Clope au dossier, roman, 1961
Ici ou ailleurs, théâtre, 1961
Architruc, théâtre, 1961
L'Hypothèse, théâtre, 1961
L'inquisitoire, roman, 1962
Autour de Mortin, théâtre, 1965 (d'abord désigné comme "dialogues" et, dans Nouveau roman : hier, aujourd'hui, comme "suite radiophonique")
Quelqu'un, roman, 1965
Le Libera, roman, 1968
Passacaille, roman, 1969
Identité, théâtre, 1971
Abel et Bela, théâtre, 1971
Fable, récit, 1971 (désigné comme "roman" in Nouveau roman : hier, aujourd'hui)
Paralchimie, théâtre, 1973
Nuit, théâtre, 1973
Cette voix, roman, 1975
L'Apocryphe, roman, 1975
Monsieur Songe, récit 1982
Le Harnais, carnets, 1984
Charrue, carnets, 1985
Un testament bizarre, théâtre, 1986 (et autres pièces : Mortin pas mort, Dictée, Sophisme et sadisme, Le Chrysanthème, Lubie)
L'Ennemi, roman, 1987
Du nerf, carnets, 1990
Théo ou le Temps neuf, 1991

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• Robert Pinget peintre

Une peinture autour des mots 

« Venu à Paris pour faire de la peinture. Beaux-Arts. Beaucoup appris. Mais ma vocation était littéraire. J’ai donc délaissé la peinture, comme la musique, pour me consacrer uniquement à l’écriture. Ai-je bien fait ? » Robert Pinget, in Robert Pinget à la lettre, entretiens avec M Renouard, Belfond, 1993

Le quatrième roman de Robert Pinget, Graal Flibuste, s’achève sur la description d’une porte gigantesque en forme d’arc de triomphe. A cet endroit, le manuscrit original de l’œuvre s’orne de l’immense dessin d’un arc, dont le format prolonge en hauteur la page d’écriture comme un dépliant que le lecteur découvre progressivement. Les œuvres graphiques et picturales de Pinget sont un peu à l’image de ce dessin : constituées comme à la hâte, dans une liberté insolente, résultant d’une poussée soudaine de la créativité, mais toujours en marge de son travail d’écrivain. Herbes folles, on les rencontre ça et là, poussées soudain sans tuteur ; mais plus qu’une simple témoignage anecdotique, c’est souvent un insolite éclairage sur l’œuvre qu’elles apportent. Ainsi de ses manuscrits : Pinget, enlumineur facétieux, charmeur, énigmatique parfois, couvre ses marges de signes étranges et foisonnants, chiffres, fleurs entrelacées, croquis de bâtiments, plans de jardins : par le dessin en marge, prolongement de son écriture, entre une dimension complémentaire de celle, sage et calibrée, du texte imprimé.

Robert Pinget, s’en souvient-on, suit, de 1946 à 1948, l’atelier de Souverbie aux Beaux-Arts ; il nourrit alors quelques ambitions dans le domaine de la création picturale, ainsi qu’en témoignent au moins deux expositions réalisées en 1950 à Paris. Mais à cette époque, il écrit Fantoine et décide alors de se consacrer entièrement à l’écriture. Pourtant, jamais il ne cessera de griffonner, dessiner et peindre, décorant les marges de ses manuscrits, les murs de maisons familiales, réalisant au début des années 1980 une série, exceptionnelle dans son parcours, de peintures à l’huile ; enfin, en 1996 et 1997, il se met fébrilement à assembler ses cent cinquante six collages.

Ces derniers sont autant de pages d’écriture transformées, découpées, recollées selon une autre logique que celle de la ligne, faisant apparaître ce mystérieux chiffre neuf dont Pinget rappelait qu’il le poursuivait toujours.

Quant à ses peintures à l’huile, réalisées dans sa maison tourangelle de Luzillé, elles sont d’un écrivain qui s’essaie, selon ses dires, à une sorte de peinture de paysage. A plusieurs de ces tableaux (ceux encadrés de bois blanc), il avait en effet donné le même titre : « printemps à Luzillé ». Libre à nous de penser que les paysages de ces tableaux sont du même ordre que ceux de ses écrits, évocations furtives du « petit soleil usé » de novembre ou déclinaisons poétiques de ce Vocabulaire d’été qu’il a souvent joué à recomposer sur sa page.

Et c’est bien, en somme, l’admirateur de l’écriture de Robert Pinget qui sera sans doute le plus ému de rencontrer ainsi cette poignée de petits tableaux, tour à tour sombres et lumineux, légués par un artiste qui, toujours discret, n’avait jugé bon ni de les titrer, ni de les signer.

Martin Mégevand

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