20 ans, et alors ! Contre quoi faut-il encore se rebeller ? Ou faut-il encore se rebeller?
Création à partir des textes
- 20 ans et alors ! de Don Duyns, traduit du néerlandais
par Mike Sens
- Carnets de nos rêves et cauchemars, de Lucas Bonnifait et Natalie Beder
Bonsoir…
Je m’appelle Lucas Bonnifait
Depuis l’âge de quinze ans
je n’ai plus rien fait
rien du tout
et j’en suis fier
je passe mes journées
à dormir et à surfer sur internet
la nuit je sors ;
le Rex, le Social Club, chez Régine,
le Social Club, le Rex, chez Régine…
Chiant à mourir en fait
mais il faut bien faire quelque chose…
Je reste
englué dans mon inaction
par peur d’affronter l’échec
dans une époque
ou je me dois d’être performant
je DOIS
être identifiable
être capable de
faire un CHOIX
de ressembler à quelqu’un
je suis un comédien
narcissique
égoïste
pathétique
drôle
perdu
entre mes rêves mes cauchemars
mes doutes
et mes monstres…
Je voudrais avoir la force de me
soulever
d’être à moi seul une foule
de savoir bousculer
Contre quoi faut-il encore se rebeller ?
Faut-il encore se rebeller ?
Je m’appelle Lucas Bonnifait.
« Vingt ans et alors... » est une
création de Lucas Bonnifait et de
Natalie Beder, qui s'articule autour
d’un choix de textes extraits de la
pièce Vingt ans et alors ! de Don
Duyns, auteur hollandais dont c’est le
premier texte et qui est paru en 1998
aux éditions des Solitaires intempestifs
(dans sa traduction française).
Dans le processus de création, ont été ajoutés des textes originaux des deux comédiens, tous reliés par un même thème : celui de l’inaction ; et un désir commun : celui de l’inscrire dans un contexte générationnel.
Deux sortes d’inactions seront traitées : celle qui ponctue notre quotidien et celle qui se présente lorsque l’on essaie de monter un spectacle. Lucas Bonnifait a découvert le texte de Don Duyns par hasard dans une librairie théâtrale uniquement parce que le titre l’avait interpellé. Ce texte lui a tout de suite plu. Il s’est rendu compte par la suite que le contenu et les thèmes traités lui étaient familiers.
L’envie de faire quelque chose de cette première rencontre est restée en suspens jusqu’à la naissance de ce projet. Cette création a pour point de départ un acteur et son désir de prendre en charge les thèmes que lui évoquent le texte de Don Duyns.
« J'aime partir des acteurs. Dans mon
processus de metteur en scène, j'aime
leur laisser la place de proposer. Leur
laisser la place d'être libre et de partir
d'eux, de ce qu'ils auraient envie de
défendre s'ils avaient cette liberté.
J'aime leur poser cette question :
qu'est-ce qui pour vous, aujourd'hui,
est une absolue nécessité à être dite
sur un plateau. Ainsi, l'acteur est placé
face à son propre désir et ses propres
engagements, et du coup, à la force de
ces derniers. »
Nathalie Beder
Peur d'une chose menaçante à l'extérieur
et moi enfermé quelque part avec cette
chose dehors.
Peur de ne pas pouvoir m'enfuir.
Peur d'être loin, là-bas quelque part
et de ne pas pouvoir revenir.
Peur d'une ville lointaine que je ne connais
pas.
Peur d'une chose qu'on ne connaît pas,
qu'on n'a jamais vue mais qui arrive.
Cette chose est inimaginable
et elle va tout changer à jamais.
Peur d'avoir déjà été quelque part et de ne
pas y être allé.
Peur de la guerre
Peur d'avoir envie d'être d'un autre lieu et
d'un autre temps.
77, rue de Charonne 75011 Paris