Résumé
L'enfance et les pirates
Quelques mots de l’auteur
Alexander Oliver Oexmelin, jeune écrivain du XVIIIème siècle, est embarqué en qualité de chirurgien sur le sloop pirate du Capitaine Kidd, vieux corsaire bourgeois. Il y rencontre Barbenoire le flibustier de l ‘enfer et son lieutenant Hands, Steed Bonnet, le Don Quichotte de l’océan, Misson et Carracioli, les utopistes de l’âge d’or, et Mary Read, la femme pirate.
Il va suivre ces terribles forbans dans une extraordinaire chasse au galion. Il va s’apercevoir, au cours du voyage, que ces gueux de la mer sont aussi de grands utopistes, des révoltés qui rêvent de recommencer la création.
En révélant leurs idéaux, Oexmelin invite le spectateur à découvrir et à comprendre la complexité de ces « monstres que l'on dit sortis droit de l’enfer ».
Qui n’a pas, un jour de son enfance, fait le rêve pirate ? La piraterie, un univers où tout serait factice, un jeu d’enfant ? Sûrement pas.
Le point commun entre l’enfant et le pirate est que tous deux ont une appréhension idéaliste du monde. L’enfance est la jeunesse du pirate. La piraterie prolonge l’enfance et devient l’aboutissement convaincant de toutes tentatives de libération, pour échapper à quelques autorités que ce soit. Tentatives réussies, certes, mais désespérées, car le pirate finit par payer sa liberté totale par la mort. A la différence de l’enfant, il ne se relèvera jamais...
Le pirate est adulte. Un déçu qui veut exprimer son mal-être, mais pas un désabusé. Il est ce pourfendeur d’ordre établi, qui se fait législateur sans concessions, pour créer une société à sa mesure. Le pirate est un paradoxe.
Et c’est ce paradoxe que nous voulons rendre vivant, à travers ce spectacle ; car, loin de notre enfance, nous sommes tous des pirates épris de liberté, d’ailleurs et de meilleur, qui ne demandons qu’à fuir le quotidien de nos sociétés.
Et si nos rêves pirates prenaient corps, si nous en avions le courage, en serions-nous pour autant plus libres ?
Pirates : un mythe qui nous poursuit depuis notre tendre enfance ; berceau de nos jeux lorsque, armés de sabres et coiffes de bandeaux, nous attaquions des galions imaginaires.
Alors, lorsqu'en mai 2002, le Palais de Chaillot nous ouvre les portes de ce mythe, impossible de résister. Et là, oh découverte ! Cette exposition est un trésor. J'apprends que le monde pirate a sa propre cohérence : ses règles, son code d ‘honneur et même une hiérarchie sociale ! Ces forbans qui détruisaient tout sur leur passage désiraient avant tout fonder leur société. Ces féroces bandits étaient des utopistes ! J’ai aussi réalisé que si la légende des Pirates parle à chacun, la réalité de leur vie reste méconnue.
Aussitôt, j’ai voulu écrire un récit qui soit un réel aperçu de la vie pirate. En m’inspirant des plus grands auteurs, comme Defoe, Lapouge, Blond, et bien d’autres, j’ai tenu à informer le public de l’envergure du thème et lui faire découvrir le paradoxe pirate.
Emmanuel Ducluzeau
14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris