Lancé aux Bouffes-Parisiens, Charles Lecocq accorda au genre qu’Offenbach avait développé un soin qui l’éleva au niveau de l’opéra-comique, ceci alors que la Salle Favart se consacrait au drame nouveau et à des ambitions plus littéraires. Actif entre Bruxelles et Paris, les deux capitales de l’art lyrique français, Lecocq put diffuser son art dans toute l’Europe. Avec ce virtuose de l’opérette, la fantaisie se conjugue au raffinement dans un équilibre que lui enviaient ses amis Bizet, Saint-Saëns et Chabrier.
La fantaisie du conte et de l’orient se déploie dans cette libre adaptation des Mille et Une Nuits où toute une palette de personnages composent à grand renfort de quiproquos des scènes tour à tour comiques et éminemment lyriques.
Opéra-comique en trois actes et huit tableaux de Charles Lecocq.
Livret d’Albert Vanloo et William Busnach.
Créé le 11 novembre 1887 au Théâtre Alhambra de Bruxelles.
Avec le Chœur accentus / Opéra de Rouen Haute Normandie.
Avec l'Orchestre de l'Opéra de Rouen Haute Normandie. Direction musicale : Jean-Pierre Haeck.
Le rôle de Morgiane, interprété par Sophie Marin-Degor, sera jouée par Judith Fa exceptionnellement le 16 mai.
Acte I
Dans le grand magasin de Cassim, le commerce bat son plein, animé par des commis entreprenants. Le premier d’entre eux, Saladin, s’empresse auprès de la jolie Morgiane qui n’est pourtant que la servante du pauvre Ali Baba. Elle le repousse gentiment mais fermement. Cassim et son épouse Zobéide surviennent, en pleine dispute. Cassim refuse en effet de faire un geste pour Ali Baba : plus que le cousin de sa femme, il est leur locataire et leur créancier. Cassim en a d’ailleurs appelé au cadi pour expulser Ali Baba le soir même.
Face à cette intransigeance, Ali Baba ne voit qu’une issue : le suicide. Il s’apprête à se pendre quand surgit Morgiane qui le réconforte et lui rappelle ce qu’il a fait pour elle : la racheter à un marchand d’esclaves, l’élever, la protéger. Rasséréné, Ali Baba se remet au travail lorsqu’il est surpris par l’intrusion d’hommes patibulaires. Ce sont quarante voleurs dont le chef Kandgyar prépare un coup avec Zizi, un ancien employé de Cassim. Après leur départ, Ali Baba entre dans leur repaire grâce à la formule magique qu’il a entendue, « Sésame, ouvre-toi ».
En l’absence d’Ali Baba et devant sa bicoque, ses maigres biens sont mis en vente par le cadi Maboul, à la grande satisfaction de Cassim. Si le mobilier ne remporte guère de succès, Morgiane excite la convoitise. Ali Baba arrive juste à temps et double la mise afin de récupérer sa protégée. Il invoque un bienfaiteur discret qui lui permet de payer comptant. Cassim ne peut que soupçonner sa femme…
Acte II
Tandis qu’Ali Baba envoie Morgiane chercher des balances pour mesurer ses biens, Zobéide vient lui rappeler le tendre sentiment qui les liait dans leur jeunesse. Cassim surprend les confidences de sa femme mais à la vue des balances, la curiosité l’emporte sur la jalousie.
Après le départ du couple, Ali Baba dévoile sa fortune à Morgiane ainsi que le secret des voleurs, sans se douter que Cassim les écoute. Ali Baba part préparer une fête dans le palais qu’il vient d’acquérir tandis que Morgiane fait ses adieux à leur masure. Cassim se précipite dans la caverne et prend littéralement un bain d’or. Mais au moment de repartir les poches pleines, la formule magique lui échappe. Les voleurs reviennent riches d’un nouveau butin et surprennent Cassim. Comme il sait leur secret, il doit mourir. Zizi sauve son ancien patron qu’il fera passer pour mort : il le grime en voleur et le baptise Casboul.
Acte III
Devant le magasin fermé, Zobéide supplie Ali Baba de s’enquérir de son époux. Cassim rode et constate ainsi que Saladin le vole. Lorsqu’Ali Baba revient annoncer sa mort, Saladin se réjouit mais Zobéide au moins semble éprouver du chagrin.
Les aumônes d’Ali Baba révèlent au chef des voleurs l’origine de sa fortune car l’argent est marqué. Zizi inscrit une croix sur la porte du palais mais Morgiane, qui a surpris son geste, multiplie les croix dans la rue. Zizi et Cassim se sont introduits à la fête d’Ali Baba. Cassim constate que sa femme offre déjà son coeur à son cousin. Convenant qu’un homme riche doit être marié, Ali Baba propose de célébrer leur mariage le soir même. Mortifié, Cassim dénonce Ali Baba aux voleurs. Le projet de mariage trouble Morgiane tandis qu’Ali Baba la regarde maintenant d’un oeil neuf. Travesti en négociant, Kandgyar vient demander à Ali Baba l’hospitalité pour lui et pour ses barils – qui dissimulent en réalité toute sa bande. Morgiane a surpris le piège et les fait arrêter par le cadi. Seuls ont réchappé Kandgyar et Zizi qui méditent d’assassiner Ali Baba, ainsi que Cassim qui s’empresse de leur échapper. En pleine fête, Morgiane dénonce les deux derniers voleurs tandis que Cassim se révèle à Zobéide. Tandis que celle-ci intervient pour sauver Zizi du châtiment qui attend les voleurs, Ali Baba peut épouser Morgiane.
5, rue Favart 75002 Paris
Entrée du Public Place Boiëldieu