Anna Karénine, mère d’un jeune garçon, mène une vie rangée auprès de son époux, un politicien célèbre. Bouleversée par la rencontre du Comte Vronski, elle s’abandonne à cette passion, manque mourir en couches, avoue à son mari qui pardonne… Mais sitôt rétablie, elle renoue avec Vronski et scandalise la société par son mépris affiché des conventions. La passion jalouse et le ressentiment l’entraîneront vers la mort, « pour échapper à tous et à elle-même. »
Anna Karénine ne saurait se résumer au récit, sublime, d’une passion fatale. Tolstoï conçoit le roman comme une « expérience de laboratoire ». Par un jeu alterné d’opposition et de rapprochements, le don total et irréfléchi d’Anna contraste avec l’union - que le temps a rendue harmonieuse - de la princesse Kitty et de Lévine, gentilhomme campagnard droit et mesuré, comme il tranche avec la résignation dont fait preuve Daria face aux infidélités de son mari.
En synchronisant et en enchevêtrant ces destins, Tolstoï place au centre la question de l’authenticité et celle de l’émancipation des femmes, comme il affirme son espoir dans le progrès humain par l’éducation et le savoir. Tout personnage est le protagoniste d’un drame moral : en cela, le roman s’ouvre au théâtre.
Notre adaptation est centrée sur la question de l’émancipation des femmes, telle qu’elle ressort du destin conjugal d’Anna Karénine, de Kitty Chtcherbatski et de Daria Alexandrovna : chacune incarne un moment dans l’histoire d’un couple. Anna Karénine, libre et déterminée, fait le choix de vivre sa passion et sera bannie. Elle est l’insoumise, la petite sœur d’Antigone.
Tolstoï écrit : « Anna Karénine ressemble à la lueur d’un incendie au milieu d’une nuit sombre ». Cette phrase me paraît donner, en une image clé, la véritable dimension d’Anna Karénine. Jusqu’où peut-on aller dans l’amour charnel et qu’est-ce que le fantasme amoureux ? Qui peut aujourd’hui incarner une femme faisant le choix de l’émancipation ? Quels idéaux pour orienter la pensée quand notre monde donne de tels signes d’essoufflement et que les inégalités sociales posent la question de la méritocratie ? Sans l’urgence d’un écho présent, une œuvre classique devient inutile. C’est un roman sur la survie, non pas la survie d’un individu ou d’une famille, mais celle de toute une société, ou même d’un monde. La fin du xixe connaît l’essor du capitalisme et de l’industrie, mais voit aussi l’émergence de mouvements contestataires et nihilistes. Chez Tolstoï, tous les êtres se débattent et parent au plus pressé. Anna Karénine, ou le cri sourd d’une haute société dont l’obsession est, jusqu’au bout, de sauver les apparences. Nous pousserons le plus loin possible les scènes de « passion » de manière à faire jaillir la vitalité et la pulsation de l’œuvre romanesque. Une salle de bal imaginaire d’un palais abandonné est éclairée par un lustre dont les bougies brûleront jusqu’au dernier souffle de l’héroïne : « Éteignons la bougie s’il n’y a plus rien à voir », ce sont ses derniers mots.
La mort parcourt le chef-d’œuvre de Tolstoï. Le coup de foudre d’Anna et Vronski, sur un quai de gare, est lié à jamais au morbide : l’accident d’un ouvrier déchiqueté par un train. Plus tard, au champ de courses, Vronski se voit contraint d’abattre sa jument qui a fait une chute. Ces morts hantent l’esprit d’Anna, qui pressent la sienne, et sa violence. Dans la mythologie grecque, Perséphone, déesse du monde souterrain, associée au retour de la végétation au printemps, cueille des fleurs funéraires, des violettes et des narcisses, avant d’être envoyée aux enfers.
Le père de la littérature russe, lecteur assidu de Rousseau, glorifie le monde de la campagne et promeut l’éducation comme levier de progrès pour lutter contre l’ignorance. La Russie sort exsangue de la grande guerre de Crimée de 1856, des révoltes paysannes contraignent Alexandre II à prononcer l’abolition du servage : c’est dans ce contexte que Tolstoï écrit son roman de neuf cents pages, s’interroge sur l’existence de Dieu, et ouvre une école dans une aile de son château pour promouvoir l’instruction pour tous.
Avec Anna Karénine, Tosltoï porte un discours visionnaire et progressiste qu’il me paraît urgent de faire entendre. Dans notre période si troublée, où des populations entières versent dans l’obscurantisme, la peur et la paranoïa, nous continuons à penser, comme le personnage de Lévine, que la raison, l’éducation, les sciences, le savoir, l’histoire, peuvent légitimement supplanter la seule émotion, les croyances, les préjugés, les superstitions, le fatalisme, la loi du talion. Et fonder un projet de libération humaine.
Gaëtan Vassart
Un spectacle à ne pas manquer. Golshifteh Farahani est bouleversante dans le rôle d'Anna Karénine par sa capacité à faire passer son désir de liberté et la mise en scène de Gaêtan Vassart donne une dimension majeure aux difficultés des héroïnes de Tolstoï pour gagner leur liberté : c'est un parti pris intéressant d'autant que les autres acteurs apportent un éclairage différent (passivité) sur les comportements de l époque (?). Les autres thèmes du roman fleuve sont sans doute un peu éclipsés mais l'œuvre de Tolstoï est si riche que l'on en peut regretter ce choix. Bravo.
Un des plus beaux spectacles qu'il m'ait été donné de voir ! j'ai particulièrement apprécié l'interprétation bouleversante du personnage central (Anna) par Golshifteh Farahani. Emelyne Bayard apportait un contre-point plus humoristique bien venu dans cette histoire tragique. C'était une gageure de mettre en scène ce monument qu'est le roman de Tolstoi, c'est un pari tenu et réussi haut la main. Les quelques libertés prises au niveau du texte ou de la mise en scène rendaient le tout vivant et accessible , bravo !
mise en scene kitsch ou c'est du seconde degre ? prestation de Me F arahani d'une belle intensité dramatique
J'ai été complètement prise par le jeu des comédiens et la mise en scène de Gaëtan Vassart. En particulier, comme les autres commentaires, je suis sous le charme de Golshifteh Farahani. Elle est extraordinaire. Sur le lieu, j'ai effectivement souffert du manque d'air. La chaleur était étouffante. Et la navette annoncée n'existe pas.
Pour 23 Notes
Un spectacle à ne pas manquer. Golshifteh Farahani est bouleversante dans le rôle d'Anna Karénine par sa capacité à faire passer son désir de liberté et la mise en scène de Gaêtan Vassart donne une dimension majeure aux difficultés des héroïnes de Tolstoï pour gagner leur liberté : c'est un parti pris intéressant d'autant que les autres acteurs apportent un éclairage différent (passivité) sur les comportements de l époque (?). Les autres thèmes du roman fleuve sont sans doute un peu éclipsés mais l'œuvre de Tolstoï est si riche que l'on en peut regretter ce choix. Bravo.
Un des plus beaux spectacles qu'il m'ait été donné de voir ! j'ai particulièrement apprécié l'interprétation bouleversante du personnage central (Anna) par Golshifteh Farahani. Emelyne Bayard apportait un contre-point plus humoristique bien venu dans cette histoire tragique. C'était une gageure de mettre en scène ce monument qu'est le roman de Tolstoi, c'est un pari tenu et réussi haut la main. Les quelques libertés prises au niveau du texte ou de la mise en scène rendaient le tout vivant et accessible , bravo !
mise en scene kitsch ou c'est du seconde degre ? prestation de Me F arahani d'une belle intensité dramatique
J'ai été complètement prise par le jeu des comédiens et la mise en scène de Gaëtan Vassart. En particulier, comme les autres commentaires, je suis sous le charme de Golshifteh Farahani. Elle est extraordinaire. Sur le lieu, j'ai effectivement souffert du manque d'air. La chaleur était étouffante. Et la navette annoncée n'existe pas.
Le lieu est charmant et convivial, l'adaptation fine et intelligente, bien pensée et bien montée. Anna Karénine éclipse tout, la comédienne est fantastique, superbe, terriblement crédible. Une magnifique réussite !
Jolie adaptation d'un grand roman avec la très belle Golshifteh Farahani , pleine d'émotion , (jusqu'aux larmes),qui irradie la scène entourée par une belle équipe de comédiens. C'est vrai qu'il faisait très chaud mais la neige tombait sur la scène...
très bon moment belle mise en scène , splendide Golshifteh et très belle distribution autour d'elle juste souffert de la chaleur hier soir sinon c'était parfaif
le roman flouve de tolstoi condenser en deux heurs fallait faire,une bonne mis en scènes,accompagner par les jeux excellent des comedien(n)es ,notamment excellente Golshifeteh Farahani, mais quel beauté et quel talent . merci a tous et a toute
Allant très souvent au théâtre, j'ai un esprit plutôt critique. J'avoue que j'ai été complêtement subjuguée par le jeu d'Anna Karenine et des acteurs en général. Ils ont réussi à me faire rire, à me faire pleurer.... Que d'émotions... Quels talents. Merci à eux.
Excellent. Golshifteh Farahani et Emelyne Bayart sont excellentes. Les autres aussi mais ces deux femmes spécialement. Golshifteh m'a émue aux larmes. Quel talent dites lui.
Merveilleux spectacle, les acteurs sont brillants. La scène finale avec Golshifteh m'a littéralement hypnotisée.
Très bon spectacle, plutôt de facture traditionnelle. Les acteurs sont bons voire excellents. On peut regretter un texte, une trame trop réduite par rapport à l'œuvre de Tolstoi. La création des ambiances, des décors avec quasi rien est admirable.
Un grand bravo et merci pour ce grand moment de theatre.Le choix des acteurs,la mise en scene,et bien sur une Golshifteh rayonnante et gracieuse.
Excellente adaptation du roman, jeu intense, mise en scène à la fois fluide et variée, émotions garanties, violence de la dernière partie particulièrement réussie, j'avais invité mon petit-fils de 15 ans qui a beaucoup apprécié, qui était même enthousiaste! une réserve sur Vronsky que j'ai trouvé un peu fade par rapport à son rôle et aux autres acteurs.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette représentation d'Anna Karénine, qui est un de mes romans préférés. Le choix des textes est judicieux, la mise en scène vive et alerte, les comédiens à la hauteur. Golshifteh Faharani interprète une superbe et touchante Anna, pleine de grâce et brûlant d'un feu intérieur. On peut juste regretter quelques vulgarités dans le choix des costumes.
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.