Molière 1999 de la meilleure pièce comique.
Dans cette comédie aux dialogues acérés, l'auteur de théâtre catalan - dont on a souvent comparé l'univers à celui du cinéma de Pedro Almodovar - dénonce avec subtilité les jeux du pouvoir dans la vie de bureau. Nous sommes dans le monde de l'entreprise, sur la terrasse du 49ème étage d'une multinationale où l'on vient se réfugier le temps d'une cigarette interdite. On s'y succède, on se croise, se rencontre, se drague, se déchire, on grimpe dans la hiérarchie, on se bat pour la compétition, on chute dans le vide, bref, c'est la jungle. C'est aussi la sècheresse depuis deux ans sur terre comme dans les cœurs. Puis vient la pluie, le rythme s'accélère, les passions se déchaînent... Enfin la délivrance.
Après avoir été acteur au Théâtre du Soleil, dirigé par Ariane Mnouchkine, durant plusieurs années, à partir de 1981, Guy Freixe entame une carrière de metteur en scène et fonde la compagnie du Théâtre du Frêne en 1988. Dans cette nouvelle création, il nous donne le ton d''un spectacle à la vitalité débordante.
Traduction de Jean-Jacques Préau (éditions Théâtrales).
La pièce a un ancrage : le monde de l’entreprise. De la directrice aux secrétaires, au coursier, à l’informaticien, au chef de service, tous les personnages de la pièce sont des métaphores de notre monde moderne du travail. À l’image de la bourse, la cote du salarié monte ou descend… on grimpe dans la hiérarchie, on chute dans le vide. C’est la jungle. La loi de la compétition.
La pièce a une autre dimension, secrète, fantastique. Elle révèle ce que ces personnages ne disent pas. Le temps d’une cigarette interdite sur ce toit de la multinationale, au 49ème étage, entre ciel et terre, chacun se lâche. Et attention quand les digues craquent ! Intrigues, petites histoires, cruauté et lâcheté ordinaires, mais aussi espoirs tenaillés au cœur, désirs qui brûlent … tout apparaît, violemment, crûment, et l’on ne sait plus très bien si ce que l’on voit est réel ou fantasmé. La sècheresse du cœur est la pire. Vite, que vienne la pluie. Elle arrive, enfin… et l’on sait, dans le silence, que la parole que nous attendons tous est une parole d’amour.
Dire aussi que je voudrais situer cette pièce dans un futur proche, disons en 2036, que la chorégraphie aura une grande place, qu’il y aura des sosies, des pantins, des tempêtes, et que si l’on jette un papier déchiré dans le vide, il n’est pas sûr qu’il ne vole vers le haut.
Guy Freixe
8, avenue Dolivet 92260 Fontenay-aux-Roses
Voiture : N 20 depuis porte d'Orléans - sortir à Bagneux.