Brossées par l’immense poète gallois à qui Bob Dylan, en adoptant son nom, a souhaité rendre hommage, vingt-quatre heures de la vie d’un village dont la population entière, haute en couleurs, entre sommeil et veille, déverse sur un mode poétique proche du surréalisme et de l’absurde un flux ininterrompu de cancans, de confidences, d’aveux jusqu’aux secrets les mieux gardés. Stuart Seide réaffirme avec ce choix son goût pour un répertoire anglo-saxon poétique, populaire et résolument choral.
Avec lyrisme, humour et volupté, Dylan Thomas nous livre des crépitements de vies saisies dans le vif. Il nous offre un monde qui rêve et qui se rêve puis devient chair, s’agite, et se fête. Au bois lacté est une célébration de la vie inavouable qui gronde en nous.A quoi assistons-nous ? Un homme et une femme racontent un monde qu’ils ont connu. Ils nous livrent le souvenir de gens ordinaires et à la fois étranges, qui à leur tour se souviennent.
Passons du temps avec « ces petites gens », ceux qui laissent peu de traces dans l’histoire de notre planète. Comme dans les romans de Beckett et de Joyce, explorons l’immensité du jardin secret de ceux qui « ne comptent pas ». Chez Dylan Thomas ils sont constamment (je pourrais dire éternellement) ballottés entre leurs désirs et la crainte de leur Dieu. Leur étroite société est réglée comme une horloge précieuse dans laquelle fourmillent des passions et des aspirations. Ce sont des petits qui songent perpétuellement à l’infini, pris entre ce qu’ils sont et ce qu’ils voudraient être. Nous vivons vingt-quatre heures avec leurs espérances, leurs obsessions, leurs mesquineries, leurs convoitises et leurs caprices,exprimés dans la beauté rugueuse de leurs paroles, leurs silences et leurs chuchotements.
Stuart Seide
4, place du Général de Gaulle 59026 Lille