Huit jours après avoir assisté au mariage de sa sœur dans le château familial de Wolfsegg, en Autriche, Murau, le narrateur, rentré à Rome, doit repartir. Cette fois, pour participer aux funérailles de ses parents et de son frère, morts dans un accident de voiture. Brebis galeuse d'une famille attachée à ses traditions, héritier d'un domaine dont il n'a que faire, Murau retourne dans ce lieu grandiose, avec ses rites respectés et bafoués à la fois par son père, ancien membre du parti nazi, par sa mère, maîtresse de l'archevêque Spadolini, haut dignitaire du Vatican. Il lui faudra raconter tout cela pour « éteindre » définitivement tout ce qui le rattachait encore à son enfance et à sa jeunesse.
" (…) L’exagération typique de Bernhard, son art consommé du renversement appellent le théâtre, de même que le temps exactement compté d’Extinction - trois jours -, ramené ici à une unité que mesure le simple déclin de la lumière, sa « catastrophe quotidienne » : de la pleine clarté d’un début d’après-midi romain, avec le ressort tout italien et vitaliste de la farce et du comique, jusqu’à la nuit dangereuse et aux ténèbres de l’intime, où s’évanouit la chimère d’un improbable salut dans le monde de la littérature et de l’art, laissant l’être seul et nu devant l’impossibilité d’éteindre le « vieil ordre infamant » (Ingeborg Bachmann) et de ranimer le paradis de l’enfance, irrémédiablement perdu et sali. (…) " Jean Torrent
Cette lecture a été créée par France Culture le 6 avril 2009 au Théâtre de la Colline.
Le roman Extinction, traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs, est publié aux éditions Gallimard.
Thomas Bernhard est représenté en France par L’Arche éditeur – agent théâtral.
Adaptation de Jean Torrent. Réalisation Blandine Masson et Alain Françon avec l’aimable autorisation de Peter Fabjan.
« Ce que fait Merlin, assis derrière une table entre quatre projecteurs, relève d'un genre inclassable et innommable : ni spectacle, ni lecture. C'est « merlinesque ». Comme si les mots de Thomas Bernhard avaient un corps et une âme, comme si la gorge, le visage et les bras de l'acteur faisaient chœur pour dire « Extinction ». (...) Tout se passe comme si Merlin, tel un animal, grattait le texte, couche après couche pour mieux pénétrer le mystère de cette langue atteinte de la rage. » Jean-Pierre Thibaudat, Rue 89, 11 mars 2010
« (…) A la fois concentré et léger, intense et volubile, Serge Merlin anime de son souffle les humeurs charriées au fil de cette longue phrase infiniment emportée et déportée par les rages et les sarcasmes, mais aussi parfois curieusement apaisée. Ebloui et charmé, on ne se lasse jamais de l’écouter. » Hugues Le Tanneur, Les Inrockuptibles, 10 mars 2010
« (...) Nous voici au coeur même du tragique fait homme dans un grand rire noir. L’art, à cette hauteur, provoque une sorte de bénéfique vertige. Les voix confondues de ces deux êtres hanteront à jamais ceux qui tendent l’oreille. » Jean-Pierre Leonardini, L'humanité, 15 mars 2010
« (…) Aujourd’hui, au Théâtre de la Madeleine, le miracle se reproduit d’une interruption de la poésie dramatique, par la seule voix d’un interprète immense (…) Serge Merlin est dans la précision, la retenue, mais ne craint jamais l’irruption de la colère. (…) On est suspendu, fasciné, emporté. Superbe ! » Armelle Heliot, Le quotidien du médecin, 17 mars 2010
« (…) Il faut courir toutes affaires cessantes au Théâtre de la Madeleine, pour voir ce stupéfiant voyage qui vous laisse, au terme d’une heure incandescente, dans l’impression on ne peut plus troublante d’avoir vu, entendu, Thomas Bernhard lui-même. (…) « arracher son masque à l’écrivain », c’est exactement ce qu’accomplit Serge Merlin. (…) Serge Merlin, et celui de Thomas Bernhard, portent l’ « art de l’exagération » de l’écrivain au plus haut. Et tels, sont salués par le public avec la ferveur qu’il ne réserve qu’aux très grands. » Fabienne Darge, Le Monde, 22 mars 2010
« Le « testament » trouve ici un écho profond. Comme dans un dernier souffle, les ténébres s’éclaircissent, le verbalisation du mal et de la honte apaise la haine. On croit entendre voir, Bernhard. C’est comme s’il était là, sur scène, tant il trouvé avec Serge Merlin un porte-voix à sa mesure. » Annie Chenieux, JDD, 21 mars 2010
« Dès son premier souffle, Serge Merlin, nous coupe la respiration. On écoute cette lecture, apeurés à l’idée qu’un fragment de ce précieux instant nous échappe. Serge Merlin, le narrateur et Thomas Bernhard s’unissent en un seul et même être. (...) » Manon Gimel, 20 minutes, 23 mars 2010
« Ce que Serge Merlin offre est tellement saisissant qu’on parlerait de performance unique (…) seul sur scène, la leçon de théâtre est encore plus puissante. Car c’en est une, inoubliable, avec l’air de ne pas y toucher. (…) le comédien fait ici vraiment corps avec l’écrivain et c’est spectaculaire. L’osmose vient de ce qu’il est ravagé par ce qu’il lit, possédé par son univers, hanté par sa guirlande de mots, habité par le mouvement secret de sa fameuse « dynamique du désastre ». (…) » Pierre Assoulie, LeMonde.fr, 24 mars 2010
« On ne connaît pas assez Serge Merlin. Un fauve du théâtre. Un solitaire faussement ombrageux de la race des Alain Cuny ou Roger Blin, au service d’un répertoire difficile qu’il rend limpide comme l’eau de roche, l’eau belle mais féroce des torrents. (…) Voilà une lecture qui vous secoue plus profondément que la plupart des spectacles à l’affiche sur notre territoire ! (…) Il a la puissance de l’invective qui, comme un ciel d’orage, dévoile une gamme d’émotions et de cris frappant le spectateur là où il pensait se mettre à l’abri. (…) » Gilles Costaz, Politis, 25 mars 2010
Quelle sensibilité! Quelle belle incarnation d'un texte très noir sur le nazisme, le poids de la famille, l'enfance….On reste suspendu aux paroles de Serge Merlin. Parfois la voix se brise et il faut tendre l'oreille, parfois elle explose de colère, d'indignation et on recule devant la violence du ton. La tension dramatique est maintenue d'un bout à l'autre par cet acteur seul en scène, assis à sa table. C'est magnifique
on est en plein dans l'idéologie du nihilisme du dernier homme qui prône le ressentiment ce qui conduit au drame plus qu'au tragique,et aux critiques ad hominem en délaissant les analyses permettant de situer l'idéologie contemporaine ,l'acteur est pénétré et habité par cette idéologie d'une manière saisissante,bravo
J’avais déjà vu ce spectacle en 2010 au théâtre de la Madeleine, je m’en souvenais encore. Logique, c’est un spectacle inoubliable. Hallucinant Serge Merlin interprétant cet intellectuel qui réussit le deuil de sa famille, en réglant ses comptes enfouis, jamais oubliés. C’est la revanche de l’enfant, du fils bien sûr et du frère aussi. Ce très grand comédien qu’est Serge Merlin nous livre cette histoire avec une intensité inouïe et une chaleur quasi démoniaque. Une leçon de théâtre.
Extraordinaire texte. Extraordinaire acteur Enthousiaste
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Quelle sensibilité! Quelle belle incarnation d'un texte très noir sur le nazisme, le poids de la famille, l'enfance….On reste suspendu aux paroles de Serge Merlin. Parfois la voix se brise et il faut tendre l'oreille, parfois elle explose de colère, d'indignation et on recule devant la violence du ton. La tension dramatique est maintenue d'un bout à l'autre par cet acteur seul en scène, assis à sa table. C'est magnifique
on est en plein dans l'idéologie du nihilisme du dernier homme qui prône le ressentiment ce qui conduit au drame plus qu'au tragique,et aux critiques ad hominem en délaissant les analyses permettant de situer l'idéologie contemporaine ,l'acteur est pénétré et habité par cette idéologie d'une manière saisissante,bravo
J’avais déjà vu ce spectacle en 2010 au théâtre de la Madeleine, je m’en souvenais encore. Logique, c’est un spectacle inoubliable. Hallucinant Serge Merlin interprétant cet intellectuel qui réussit le deuil de sa famille, en réglant ses comptes enfouis, jamais oubliés. C’est la revanche de l’enfant, du fils bien sûr et du frère aussi. Ce très grand comédien qu’est Serge Merlin nous livre cette histoire avec une intensité inouïe et une chaleur quasi démoniaque. Une leçon de théâtre.
Extraordinaire texte. Extraordinaire acteur Enthousiaste
En étant assis, seul avec un texte. Quelle leçon !
Acteur formidable se donnant tout entier au texte . seul bémol un peu court .
Dans la manière qu'a Serge Merlin d'aborder le texte de Thomas Bernhard, il y a quelque chose de particulier, liée à sa tendance à la vocifération, éloignée de son approche d'un texte comme "Le dépeupleur" de Beckett. Vocifération se présentant moins comme une volonté d'affirmation d'un caractère - imposer une puissance ravageuse qui balaie tout - que débordement incontrôlé lié à la confrontation avec une situation redoutée (le retour à Wolfsegg, le domaine honni). Dans cette extériorisation confinant au cri, il y a quelque chose de foncièrement régressif, un peu à l'image d'un enfant qui, atteint par la peur de franchir certains espaces, se déploierait d'autant plus en gesticulations, secousses et cris. www.attractions-visuelles.over-blog.com
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