Bonanza [ne crois rien de ce que tu vois et la moitié de ce que tu entends]
Spectacle avec sous-titres en français.
Bonanza… hameau de cinqmaisons lové aux creux des montagnes du Colorado. Un microcosme idyllique, résumé sur une maquette de sept mètres sur trois et cinq écrans. Tranquille, en apparence. Lentement fissuré au fil tranchant des conversations des sept habitants, miné par les ragots, les rancoeurs, les alliances et les haines irréductibles. Un monde miniature donc... C’est en glissant par les anfractuosités des villes que le jeune collectif anversois Berlin trame une histoire de notre époque.
Bart Baele, Nico Leunen : photographie
Koen De Ceuleneer : maquette
Holocène est le nom de l’ère géologique dans laquelle nous vivons. C’est aussi le nom d’un vaste projet mené depuis 2003 par le groupe flamand Berlin sur les villes où nous essayons d’habiter. Après Jérusalem, et Iqaluit (capitale Inuit au nord du Canada), et avant Moscou, Bonanza fut la troisième étape du projet. Holocène 3, donc.
Il y a longtemps, du temps de la folie minière, Bonanza, Colorado, Etats-Unis, fut une ville champignon de 6 000 habitants, avec 36 saloons, 7 dancings et des prostituées à n’en plus finir pour peupler les jours et les nuits des mineurs solitaires. Aujourd’hui, la ville n’a plus que 7 habitants. À l’opposé de Jérusalem, ville-palimpseste, Bonanza est donc le prototype western de la ville fantôme. C’est aussi une ville où, par la force désertifiée des choses, on n’échappe pas au regard de ses voisins, et où arrive ce qui arrive toujours dans les villages exsangues et perdus : ragots,méchancetés, coups bas et pourquoi pas meurtres.
Fidèles à leurs méthodes interdisciplinaires, les membres du groupe Berlin (Yves Degryse et Caroline Rochlitz, tous deux passés par une école de théâtre, et Bart Baele, vidéaste) travaillent sur des scènes sans acteurs, parce que le principe documentaire qui est au coeur du projetHolocène, est d’aller voir sur place et d’en rapporter images et sons. Pour Bonanza, le dispositif scénique est simple : cinq écrans alignés qui s’allument sous une maquette reconstituant la ville fantôme.
Sur chaque écran, un ou plusieurs habitants se racontent. Est-ce encore du théâtre ? Il faut croire que oui, selon le jury qui sélectionna Bonanza comme l’une desmeilleures performances du théâtre néerlandophone de 2007 : « Bonanza est une pièce sans acteurs,mais c’est absolument du théâtre.Beaucoup de compagnies théâtrales tirent aujourd’hui leur inspiration des films, Berlin pousse cette inspiration à l’extrême. Le résultat est impressionnant. »
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