Brouillages

du 28 novembre au 4 décembre 2008
1h45

Brouillages

Brouillages aborde la suppression progressive des frontières idéologiques dans les années 1938-39, par le biais de l’histoire d’une famille qui vit les menaces fascistes et la guerre civile espagnole. En nous présentant le personnage d’un nouveau réactionnaire, cette fiction nous plonge dans une intemporalité inquiétante où les repères idéologiques sont déplacés progressivement.

Un nouveau réactionnaire
Rencontres
Contexte
Le texte
La démarche artistique
Extraits de la pièce

  • Un nouveau réactionnaire

Brouillages aborde la suppression progressive des frontières idéologiques dans les années 1938-39, par le biais de l’histoire d’une famille qui vit les menaces fascistes et la guerre civile espagnole. En nous présentant le personnage d’un nouveau réactionnaire, cette fiction nous plonge dans une intemporalité inquiétante où les repères idéologiques sont déplacés progressivement.

1938, les menaces fascistes se font de plus en plus présentes en Europe et en France. Adrien vient de perdre son fils Raphaël sur le front de la guerre civile espagnole. Anéanti, il a quitté Lise, sa femme et comédienne célèbre. En 1977, trente neuf ans plus tard, Lou, une jeune étudiante de vingt ans retrouve Lise pour tenter de comprendre la folle histoire des siens.

Troisième et dernier volet du triptyque Espoir et décadence. Par la Compagnie Théâtre A. Distribution en alternance.

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  • Rencontres

A l’issue du spectacle des rencontres sont organisées :
- Le jeudi 11 septembre 2008 avec Daniel Lindenberg
Essayiste, historien des idées, journaliste et professeur à l'Université de Paris VIII

- Le jeudi 18 septembre 2008 avec Chantal Meyer–Plantureux
Professeur en Études Théâtrales, elle dirige la collection "le Théâtre en question" aux éditions Complexe qui se propose d’inscrire le théâtre dans l’histoire politique de la France

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  • Contexte

Adrien, la peinture d’un nouveau réactionnaire
En 1938, la progression laisse place à la réaction. Si l’histoire se répète et ne se ressemble pas, et si ce sont d’abord les différences radicales entre cette période et la nôtre qui frappent bien avant les similitudes, j’ai, par le détour d’une pièce, imaginé un spectacle capable de revenir sur les plaies de cette époque. De sombre mémoire, la « tentation fasciste » d’un grand nombre d’intellectuels des années trente ne fut pas sans conséquence, posant les bases de la collaboration à venir. Ceci n’est pas pour taire les illusions pacifistes d’une certaine gauche, ni ses reniements.

C’est ce que Lise, restée fidèle à l’idéal marxiste de sa jeunesse, essayera de faire entendre à Lou, la jeune étudiante en Histoire venue la retrouver trente-sept ans plus tard pour tenter de démêler avec elle l’histoire des siens ; et plus particulièrement, celle de son grand-père Adrien – le personnage central de la pièce -, libre penseur et comédien qui finira par se laisser séduire par les sirènes du régime de Vichy. Plus encore, autour du fils d’Adrien et de Lise, Raphaël, plane un secret de famille qui ronge la jeune Lou. Entre 1938 et 1939, son père, Raphaël, a-t-il réellement rejoint les Phalanges espagnoles ?

Ces fascismes, ces totalitarismes qui pèsent alors aux frontières de la France et de la République, comment n’auraientils pas modifiés la vie intérieure du pays, pénétrés les esprits, fussent à leur insu ? Lorsque la France prétend posséder une invincible armée, lorsqu’elle se croit être encore une démocratie, l’armée est déjà malade d’elle-même, la République déjà gangrenée et sur le point de s’effondrer. Entre les mots des personnages, la question se pose : qui défend quoi ? Qui croit à quoi ? Mais que sont-ils devenus  

S’il est commun, à posteriori, de simplifier l’histoire, il n’est pas aisé de la décrypter lorsqu’on l’éprouve, de savoir clairement où l’on se situe, de prévoir en 1938 ce qui se déroulera en 1942. Avec le recul de près de quarante ans, pressée par l’angoisse de Lou, Lise revient sur le passé qui la hante : celui de son pays, de sa famille, de la troupe à laquelle elle appartenait avec son mari, Adrien, Fernando, le régisseur qui, comme elle, est resté fidèle à l’engagement de leur jeunesse. Les deux temps se croisent, s’enchevêtrent entre l’action d’hier et celle de deux femmes séparées par trois générations. « J’ai tant de questions encore » conclue Lou hébétée par la folie d’une époque qui dévoile sous ses yeux une dangereuse vérité.

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  • Le texte

Les femmes et les hommes sont plus vastes que l’ordre des idées dans lesquelles ils évoluent… Si le contexte politique est indissociable du texte, je ne crois pas pour autant avoir écrit une pièce historique, encore moins sociologique.

Au-delà du naufrage d’Adrien, ce sont bien les femmes qui m’ont porté. Aux forces de destructions qui taraudent Adrien, elles opposent un secret de vie que même le chagrin et la douleur ne semblent complètement altérer. Loin des idéologies, au-dessus des clameurs, elles élèvent une mélodie charnelle et amoureuse dont l’écoute force le coeur des hommes à retrouver leur humanité perdue. Ce sont elles, en définitive, les personnages principaux. Julia et Lise, la fleur des faubourgs et la grande actrice : une seule femme se recompose dans deux figures inversées…

C’est bien le symbole de notre République menacée que Julia incarne tout particulièrement dans sa générosité prodigue et sa fécondité. Allégorie ? Oui, mais encore lui faudra-t-elle fuir son pays. Pour sauver l’enfant, elle devra s’exiler avec le fils bafoué, sacrifié, Raphaël. Entre le rire et l’amour de la jeune femme qui a grandi dans le quartier de Belleville, et les larmes de la grande actrice de théâtre et de cinéma, un contrepoint à deux voix s’écrit en sourdine. Si le naufrage d’Adrien est au centre de la dramaturgie, son coeur réside dans la peinture de ces femmes qui, derrière leurs différences, se reconnaissent et se comprennent sans qu’elles n’aient jamais eu besoin de s’en expliquer.

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  • La démarche artistique

Une écriture dans le mouvement du plateau. Un spectacle porté par une troupe de huit comédiens. Après la création d’une pièce inachevée « Une scène jouée dans la mémoire » de Charlotte Delbo qui a généré une heure de théâtre, sans mot, « écrite » dans un aller et retour permanent entre les improvisations des comédiens et la mise en scène, le désir de confronter la page blanche du plateau avec mon travail d’écriture. La nécessité de prolonger ce théâtre en liberté, de réunir la calligraphie des corps et des mots.

Nous allons d’abord travailler loin du texte pour seulement nous interroger sur cette époque (1938-1939), le thème de la pièce. Enfin les personnages, leurs récits cachés naîtront au fil des improvisations. La scénographie ne signifiera pas les deux espaces-temps -1977- La loge, 1938-Paris. Le texte indique juste « Un théâtre » car c’est bien lui qui apparaîtra sous nos yeux à travers ces deux lieux qui au fur et à mesure de l’action n’en formeront plus qu’un.

La dramaturgie ne glissera pas seulement d’une époque à l’autre, mais permettra aux personnages de se croiser, d’échanger au-delà des limites du temps. Comme dans un rêve, toute l’action se déroulera au travers du regard de la jeune étudiante et de la vielle actrice, ouvrant l’espace du théâtre à l’onirisme. Entre incarnation des personnages et désincarnation du rêve, entre la parole du corps et le corps de la parole, nous prolongerons le travail des deux dernières créations avec l’objectif d’aller au bout de cette recherche d’unité entre l’écriture dramatique et l’écriture scénique.

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  • Extraits de la pièce

“ ...J’ai toujours eu peur la nuit. Enfant, je faisais toujours le même rêve. Des hommes venaient m’enlever dans mon lit. Ils m’emmenaient dans un grand hangar désaffecté à la périphérie de la ville. Là, ils me déshabillaient entièrement, puis, ils m’attachaient sur une table métallique à l’aide de fines cordelettes. Je sentais le froid de l’acier sur ma peau nue. Je tremblais de tous mes membres. Le chef de la bande exhibait une grande hache, la brandissait tout au-dessus de moi. Les hommes me souriaient cruellement. La lame fend mon petit corps en deux... Je me réveille en nage, hurlant... »

« ...Je parlerai ma douleur, notre rencontre, notre amour, la mort de notre fils, enfin, ton départ, ta trahison... Le goût de la mort tapis au fond de la gorge... Tu ne peux pas m’arracher à ma liberté... »

« ...C’est toi qui as cessé de me protéger, de nous protéger Lise... (Un temps) Un jour, je suis resté à tes côtés comme un enfant oublié dans un jardin public... »

« ...Je n’ai pas vraiment eu le temps de souffrir. Ce n’était jamais qu’une déception de plus. (Une pause) J’étais chez les femmes. À Argeles-sur-mer. On les avait entassées dans des baraques de fortune. Avec les pluies de l’hiver, le camps est devenu un immense bourbier. L’eau s’infiltrait jusque dans les paillasses, les couvertures, les vêtements. La nourriture, les médicaments manquaient. Une odeur écoeurante flottait partout dans l’air, se collait à la peau. Il n’y avait qu’une seule latrine pour des dizaines de détenues. À côté, un robinet, tu sais, comme pour les bêtes. Un matin, une femme s’est évanouie dans mes bras. Je ne sais pas. Sans doute de dysenterie, de mal nutrition. (Un temps) Elle avait dix-neuf ans. La veille elle me souriait. Mon « petit soleil », mon « petit soleil » réveille-toi, je t’en prie.... »

« -…Papa dit qu’Adrien vomissait la république. C’est vrai ?
- Rares étaient ceux qui ne la haissaient pas. « La gueuse », « la putain » il n’y avait pas de qualificatifs assez durs pour la nommer. Après l’annexion de l’Autriche, l’Anschluss, Fernando affirme qu’Adrien ne dissimulait plus sa fascination pour le Nazisme. C’est vrai. Comme beaucoup, ton grand-père voulait en finir avec le régime parlementaire. Moi, c’était pour d’autres raisons. J’étais…
- Communiste ?
- Fernando aussi était au parti. Évidemment, c’était différent. Ma fortune nourrissait les sarcasmes. Aux yeux d’Adrien, surtout, c’était une imposture. Pourtant, j’étais une fervente militante. Je croyais qu’on allait changer le monde… »

« …- Ma tête tourne. J’ai l’impression que tout vacille en moi.
- C’est peut-être cela la conscience : douter ?... »

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Spectacle terminé depuis le jeudi 4 décembre 2008

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