Les architectes pressentis par la Ville doivent venir au local rencontrer la population. Ce jour-là, le groupe de musique répète, le buffet est prêt, les habitants ont leur cahier de doléances : des portraits vidéo… Alors, on séquestre gentiment deux architectes : séquences, flashes back, pauses musicales avec vino y tapas partagés en public, rejets et excuses de Le Corbusier, défense et accusation des Grands Ensembles… même si la vidéo tombe en panne, que les musiciens s’improvisent acteurs, que le gardien brésilien s’échauffe et que les architectes se justifient… c’est au final une jeune étrangère, architecte en herbe, qui apportera son petit grain de sel comme un piment venu des pays émergents.
« En sautillant de vidéos en sessions de funk rock live, la pièce amène, l’air de rien, des questions assez fondamentales (...) Rien n’est oublié. Le résultat est militant et joyeux à la fois. » Sibylle Vincendon, Libération, 23 janvier 2015
Après plusieurs années de plongée, en apnée, dans une ville de la banlieue est, Fontenay-sous-Bois ; après un voyage initiatique sur les sites construits par l’architecte suisse à travers toute la France, après la vision concrète de l’écart entre la France et le Brésil, lors d’un récent voyage, C’est la faute à Le Corbusier se présentera comme un travail d’écriture en écoute et vision, en ouverture sur le monde et les autres, pour tenter de témoigner d’un état des lieux, certes par définition provisoire, et peut-être au final porteur d’espoir.
Qu’en est-il de nos cités, de nos barres, de nos villes à la campagne, de nos campagnes suspendues dans les tours, de nos jardins de ville partagés, du rêve individualiste de la maison avec « bout de jardin » du logement collectif, de l’extension, de la re-densification ? L’extension sans fin des villes est-elle envisageable ?
L’architecture et l’urbanisme peuvent-ils être les vecteurs d’une transformation sociale profonde ? L’allure, le culot, l’apparence, le clinquant vont-ils prendre le pas sur le travail en profondeur dans et sur l’identité des lieux, disséminant sur la surface de la terre, une architecture-spectacle, sorte de créations ex-nihilo détachées de toutes préoccupations sociales et culturelles ?
Le texte C’est la faute à Le Corbusier, dans une tentative de dialectique joyeuse et légère rendra compte de tous ces questionnements.
Louise Doutreligne
Une mise en scène en « Trouble-lignes » pour un partage de rêves...
Objectif premier : faire entendre le foisonnement des points de vue.
Mettre en place un dispositif utilisant les outils du théâtre (pervertis par ceux du cinéma et de la musique live), pour superposer et déjouer les protocoles, les dialogues, les temps (retours arrière ou avant), le réel et le virtuel, les témoignages «vrais», les fictions et ses frictions... Musique funk, images, art plastique, cuisine, odeurs...
L’espace évoquera le « réalisme » de la situation de départ ( Un local au pied des tours...) mais assumera aussi l’apparition des autres espaces et temps dont il sera question pour chaque personnage notamment le futur chantier extérieur, le chemin de la documentariste, le bureau du Maire, l’appartement de Nathalie...
Perturbation : bouger les lignes, les fausses perspectives... obliger les regards à croiser l’autre, à accepter d’écouter les différentes voix des témoignages des personnes qui vivent là... ou à Marseille... Le séquençage de l’espace et du temps, les flash-back, la simultanéité des propos, la superposition des réactions, construiront une « architecture théâtrale » originale faite des résonnances, des correspondances, des convergences des points de vue des personnages dessinés par Louise Doutreligne.
Comme dans une performance, ou un laboratoire, on tentera de rapprocher joyeusement les spectateurs de ces conduites humaines qui font que des hommes et des femmes vivent leurs vies ensemble dans des pensées, des concepts, des utopies imaginés par d’autres humains...
Jean-Luc Paliès
7, rue des Plâtrières 75020 Paris