Seules leurs chansons ont survécu...
Une incroyable leçon de vie
Les auteurs de Cabaret Terezin
Le contexte historique
Pour la première fois en France, les œuvres écrites pour le cabaret par les artistes du camp-ghetto de Theresienstadt… Un message d'espoir universel, un pied de nez à toutes les barbaries avec l'humour, arme ultime contre l'oubli. Une incroyable leçon de vie, un torrent d'énergie où la musique emporte tout.
Ce spectacle réunit quatre artistes exceptionnels : Isabelle Georges (Une étoile et moi, Du Shtetl à New York, Yiddish Rhapsody), David Krüger (Mayflower), Olivier Ruidavet (Grease) et le pianiste et compositeur Sergueï Dreznin, créateur de la pièce, à Vienne et à New York avec Alexander Waechter - et les chansons originelles magnifiquement adaptées par Boris Bergman.
Courez-y, c'est un spectacle unique et essentiel : cinq représentations exceptionnelles !
D’après l'histoire vraie d’Alexander Waechter
Paroles et poèmes :
Les prisonniers de Terezin (1942-1944) :
Ilse Weber, Léo Straus, Frida Rosental,
Karel Svenk, Walter Lindenbaum, Kopper…
Musiques additionnelles :
Sergeï Dreznin
Adaptation des chansons :
Boris Bergman
Dialogues :
Josette Milgram
Parce que Cabaret Terezin est une incroyable leçon de vie. Un torrent d'énergie où la musique emporte tout : un pied de nez à toutes les barbaries avec l'humour comme arme ultime contre l'oubli.
Alexander Waechter, découvre le destin tragique de son grand-oncle, Raimund, mort à Theresienstadt. Il trouve le courage d’ouvrir la valise qui attend depuis tant d’années dans le grenier familial… Ses souvenirs jaillissent alors sous la forme d’un homme, d’une femme et d’un pianiste, qui l’entraînent dans l’époustouflante gaieté d’un cabaret où les peurs, les désirs et les rêves, mais aussi les petites faiblesses humaines, se heurtent à l’oppression sur un fond (toujours) musical…
L’histoire de Theresienstadt a été souvent évoquée au théâtre, mais c’est la première fois en France que sont montées sur scène les œuvres de cabaret écrites et produites par les artistes internés à Terezin, « ghetto des personnalités et des privilégiés ». Une gigantesque imposture. Malgré le manque de nourriture et les conditions sanitaires catastrophiques, malgré le typhus et la dysenterie, malgré la terreur, constamment présente, d’être envoyé vers les camps de la mort, une vie culturelle d’une incroyable richesse s’est organisée à Terezin. Écrivains, professeurs, acteurs, musiciens donnèrent des conférences, des concerts et des pièces de théâtre. Une activité artistique intense, seule forme de résistance possible, seul rempart contre l’innommable.
On connaît la part prise par la musique classique, les quartets et les opéras d’Hans Krasa, Viktor Ulmann, Gideon Klein, Pavel Haas… Rafael Schaechter, qui travailla sans relâche à ses représentations de la Flûte enchantée ou de la Fiancée vendue, la plus tragiquement célèbre restant son Requiem de Verdi donné devant Adolf Eichmann. Ceux qui restent largement ignorés, ce sont ces grands artistes de cabaret, juifs originaires principalement de Tchécoslovaquie, d’Autriche et d’Allemagne, qui écrivirent et jouèrent des pièces satiriques au nez et à la barbe des Nazis. Qui, à l’instar des Ghetto Swingers, utilisèrent les armes ultimes, la musique et l’humour, pour créer et interpréter leur Cabaret Terezin. C’est à ces artistes que ce spectacle a décidé de rendre leurs voix.
Pour que, longtemps, longtemps après, ses poètes n’aient pas disparu… Parce qu’il faut nommer l’indicible, donner à voir l’in-montrable, mais autrement. Pour endiguer l’horreur. Redonner leur chair aux danseurs, rendre leur voix aux chanteurs, Ce spectacle est dédié aux 150 000 acteurs, metteurs en scène, scénaristes, auteurs, chanteurs, poètes, compositeurs, musiciens, chefs d’orchestre, chorégraphes, maîtres de ballets, maquilleurs, critiques, costumiers, marionnettistes et… spectateurs de Terezin.
« Veiller à ce que la mémoire ne cède pas à l’usure du temps, réunir les preuves du crime et du martyre, les conserver pieusement, veiller scrupuleusement à ce que le négationnisme soit toujours dénoncé comme une entreprise abjecte de falsification de l’histoire (…) et transmettre aux générations nouvelles la signification universelle que revêt la Shoah. C’est l’ultime fidélité que nous devons à ceux qui ont disparu. » Robert Badinter, Unesco, 26 janvier 2009
Ilse Weber
Elle commence à écrire des poèmes, des contes de fées et des pièces dès son plus jeune âge et elle écrira trois livres pour enfants dédiés à ses fils. Elle est déportée à Terezin en février 1942 avec son mari et son fils Thomas. Elle y travaille comme infirmière et écrit ses impressions sur la vie du camp dans de nombreux poèmes qui deviennent très populaires parmi les détenus. Le 6 octobre 1944, Ilse décide qu’elle fera partie du convoi qui doit déporter son mari à Auschwitz. Ilse et Thomas y seront gazés… mais son mari survivra. C’est lui qui, après la guerre, fera publier ses poèmes encore inédits en France.
Léo Straus
Il est le fils du roi de l’opérette, Oscar Straus, qui devint un compositeur célèbre à Hollywood. À Vienne, avant la guerre, il est auteur et chef d’orchestre du théâtre Kammerspiele. En octobre 1942, sa femme Mira et lui sont envoyés à Theresienstadt, où son cabaret littéraire Straus-Brettl est extrêmement populaire. Ils sont déportés à Auschwitz le 12 octobre 1944 et gazés. Sa dernière carte postale a été expédiée un jour après son départ du camp.
Kurt Gerron
Il connaît la gloire en jouant face à Marlène Dietrich dans L’ange Bleu et grâce à son jeu original dans la première mondiale de l’Opéra de quatre sous. En février 44, il est capturé et envoyé à Theresienstadt. Il y fonde le cabaret Carrousel (Karussell), qui jouit rapidement d’une excellente réputation. Quand les nazis décident de réaliser leur monstrueux film de propagande à Terezin, ils donnent l’ordre à Gerron de le diriger. Deux semaines après le tournage, les participants sont déportés à Auschwitz. Gerron y est gazé dès son arrivée en octobre.
Karel Svenk, le Chaplin de Terezin…
Ce pionnier du théâtre d’avant-garde est envoyé à Terezin avec le premier groupe de prisonniers en novembre 41. Improvisateur à l’humour dévastateur, il joue divinement du piano et ses spectacles sont joués des dizaines de fois : sa Marche de Terezin devient l’hymne du camp. Il fonde le Cabaret Svenk avec Raphael Schaechter. Déporté à Auschwitz puis à Meusewitz le 28 septembre 1944 il meurt d’épuisement en avril 1945.
Walter Lindenbaum
Il écrit des spectacles de cabaret célèbres, quelques-uns avec Jura Soyer et il est membre du club des écrivains socialistes. Il est envoyé à Terezin en avril 1943 avec sa femme et sa fille. Il meurt le 20 février 1945 à Buchenwald.
Martin Roman
Ce pianiste de jazz quitte l’Allemagne pour la Hollande en 1933 après l’arrivé d’Hitler au pouvoir. Il est emprisonné dès l’occupation puis envoyé à Terezin en février 44 par le même convoi que Kurt Gerron. Ensemble, ils travaillent au cabaret Carrousel et Roman dirige le groupe de jazz les Ghettos swingers que l’on voit dans le film de Gerron. Il survit à l’holocauste et émigre aux Etats-Unis après la guerre. Il créé les arrangements musicaux de la version allemande d’Un violon sur les toits. Il est décédé en 1992.
Rafael Schaechter
L’un des premiers prisonniers à travailler sans relâche à des représentations telles que la Flûte enchantée de Mozart. Seule fausse note : la déportation des membres de sa chorale ou de son orchestre, par vagues successives, oblige Schaechter à former inlassablement des remplaçants. En octobre 1944, il est envoyé à Auschwitz dans l’un des derniers convois de Terezin.
Theresienstadt est tout d’abord une forteresse construite par l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse pour consolider l’emprise des Habsbourg sur la Bohème. Elle se révèle un vrai rempart de défense contre Napoléon. Dés le début du XIXème siècle, elle sert de prison non seulement pour les prisonniers de guerre, mais aussi pour les détenus politiques ou les opposants au régime des Habsbourg.
En juin 1940, la Gestapo prend le contrôle de Terezin et installe une prison dans la Kleine Festung (petite forteresse). En novembre 1941, le site est transformé en ghetto muré, servant de façade à l'opération d'extermination des juifs sous l'impulsion du chef des SS Reinhard Heidrich.
Pour le monde extérieur, Terezin est présenté par les nazis comme une colonie juive modèle. Mais c’est un camp-ghetto qui sert aussi de camp de transit pour les juifs acheminés vers Auschwitz et les autres camps d’extermination.
Environ 144 000 juifs sont déportés à Theresienstadt. Un quart d'entre eux, 33 000, meurent sur place, principalement à cause des conditions de vie épouvantables (famine, stress, maladies, épidémies de typhus à la fin de la guerre) et 88 000 à Auschwitz et dans les autres camps d'extermination. Le dernier transport pour Auschwitz Birkenau est acheminé le 28 octobre 1944 ; cinq mois après le débarquement, 18 000 prisonniers sont déportés vers l’Est et seulement 1574 survivent aux chambres à gaz.
Le 4 mai 1945, la Croix-Rouge internationale s’empare de Terezin et trois jours plus tard, l’Armée rouge, libère les 25 301 survivants.
Oublier l’horreur
Dans cette ville prison, la seule liberté est de créer. Les artistes continuent à exercer leur art, et tout particulièrement la musique, seule forme de résistance possible avec l’arme ultime - le rire. Une centaine d’œuvres musicales sont écrites et composées, des milliers de dessins et de peintures, des milliers de pages de journaux intimes, de poèmes sont écrites, plus de deux mille conférences sont données sur les sujets les plus variés - et on publie même des critiques de spectacles ! En 1943, une billetterie est créée afin de répondre au succès des spectacles. Pour les plus populaires, le prix des places peut aller jusqu’à 5 couronnes de Ghetto (contre 8 pour une cigarette). Un seul genre est banni – la tragédie. Le talent disponible donne un niveau de sophistication remarquable aux concerts, pièces de théâtre et opéras ou aux lectures et programmes pour enfants qu’organisent les prisonniers pour éviter de penser à leur sort tragique. Malgré la pression nazie, l’expression artistique à l’intérieur du camp est bien supérieure à ce qui se passe dans le monde dit « libre ».
Les Nazis utilisent cet extraordinaire effort artistique pour alimenter leur machine de propagande. Ils redistribuent les instruments de musique confisqués peu de temps avant. Un orchestre et un groupe de jazz, les Ghetto Swingers, sont formés. Les livres spoliés sont rassemblés dans une bibliothèque de prêt riche de 60 000 volumes.
Parmi leurs actes les plus cyniques, en juin 1944, les nazis donnent à Terezin, en quelques coups de pinceau, l’apparence d’une pimpante station balnéaire à la manière de Marienbad. Ils promènent une délégation de la Croix Rouge à l’intérieur des prétendues installations, d’où la musique fuse à chaque coin de rue, pour entretenir l’illusion de juifs insouciants vivant dans un prétendu centre de villégiature. Ils prolongent cette gigantesque imposture en tournant un film destiné à tromper le monde entier : Le Führer donne un village aux juifs ou, en VO, Theresienstadt, Ein Dokumentarfilm aus dem jüdischen Siedlungsgebiet. Sous ce titre, le casting le plus cruel de toute l’histoire du cinéma.
En tête, engagé de force dans le rôle du metteur en scène, Kurt Gerron, qui sera expédié à Auschwitz, aussitôt le tournage terminé, avec sa femme et la quasi totalité de la distribution. Des fragments de ces images survivent, témoins du génie et de la résistance de ses compagnons détenus, où la souffrance se lit sur les visages derrière les sourires de commande…
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