Cadavres exquis

Résumé
Atroce volupté
Une forte charge d’émotions

• Résumé

« Qu’est-ce que le Grand-Guignol ? C’est le théâtre d’épouvante et de rire qui s’est élaboré et développé au fond de l’impasse Chaptal, dans le IXe arrondissement de Paris, de 1897 à 1962. La loi du genre est la pièce en un acte qui prend la forme particulière du comprimé de terreur » Agnès Pierron

Avec sa galerie de méchants : chirurgiens véreux, amants jaloux vitrioleurs, bouchers assassins, savants paranoïaques, vierges en furie, femmes sulfureuses, égorgeuses en état de démence, le Grand-Guignol est un théâtre de la sueur froide et du poil hérissé, qui parle aux entrailles et aux nerfs, où l’on s’aime et se hait avec passion et démesure…

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• Atroce volupté

« Le Grand-Guignol ne se propose-t-il pas d'empoigner le spectateur ? Et pour cela il tient autant “du corps” que du mot, autant du corps à corps que des dialogues, davantage de la mécanique (yeux révulsés, contorsions, lenteur dans la démarche, fulgurance du geste) que de la littérature ».

Le retour au Grand-Guignol, à l'heure où le cinéma ne cesse de nous stupéfier à coups d’effets spéciaux, est pour le théâtre un pari d’envergure qui ne semble pas une chimère pour peu que l'on utilise ses vrais outils : sortilèges du jeu et artisanat scénique de l’illusion…

Pour empoigner le spectateur, il faut sans doute majorer les intentions - pulsions et sensations - mais sans parodie ni dérision ; être vrai dans l'excès même ; rendre sensible la densité d’un silence ; donner aux images leur pouvoir évocatoire et émotif…

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• Une forte charge d’émotions

« Ce qu’exalte le Grand-Guignol ce sont les frontières, les seuils ; les états de conscience modifiés, l'évanouissement, la perte de maîtrise, le dérèglement de la machine consciente, l'état de panique, la petite mort, la mort, l'après mort… Pour que le sentiment de la peur soit violent, il faut des pièces courtes, ramassées, où le malaise de la peur s'empare du spectateur dès le lever du rideau pour aller toujours en croissant ».

Ici, nulle mièvrerie… mais une forte charge d’émotions et de sensualité : le Grand-Guignol n'est certes pas le théâtre des bons sentiments ; il impose une recherche de signes susceptibles de provoquer la stupeur tout en rendant compte - par la suggestion - des sensations et émois, souvent contradictoires, des personnages. Pensons chorégraphie.

Mais peinture et photographie sont aussi une référence : il y a dans les « portraits à charge » de Daumier, dans les figures de Soutine, Goya, Bosch, une vérité saisissante, crue, féroce et jubilatoire… Cette étrange séduction oriente notre démarche.

Au programme, donc, des histoires qui glacent le sang et comme pour conjurer l’épouvante, des intermèdes de Music-Hall, des numéros étranges et de la musique ; de l’horreur, oui, et bien sûr de l’humour…

Philippe Adrien et Geneviève de Kermabon
Citations extraites de Le Grand-Guignol,
Agnès Pierron, éd. Robert Laffont, 1995

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