Théâtre sans paroles
Intentions
Après une oeuvre survoltée traitant de la fête - On dormira quand on sera mort - Mariapia Bracchi pousuit son exploration d’un théâtre sans paroles avec une nouvelle création plus douce et mélancolique.
Six acteurs et un plasticien travaillent à dire la déflagration provoquée par l’absence et le manque. Leurs corps nous parlent tout autant de perte que de transmission, de ce qui demeure après. A travers des objets mobiles et des matériaux comme la craie, l’eau, le papier, les notions de trace et d’effacement sont explorées pour souligner la beauté de l’éphémère. Un théâtre gestuel et poétique.
Par ce second volet, j’entends avant tout continuer la recherche initiée avec On dormira quand on sera mort : la recherche d’un théâtre sans parole, le corps restituant une vérité souvent occultée par les mots, voire dissoute dans le langage et qui ne retrouve son impact que dans la condensation du corps.
Lorsque je travaille avec des poupées, il est également question de ce qui nous caractérise en tant qu’être humain, au-delà du langage, de la frontière avec l’inanimé… du trouble qui survient quand la poupée prend vie. À quoi ça tient la vie ?
De même, sur le plateau, je m’interroge sur ce qui permet au vivant d’émerger, en recherchant non pas le réalisme mais la vérité des situations. Cette volonté de se taire, de creuser plus profondément dans la chair est au coeur même du sujet.
Faire un théâtre où l’on peut respirer le parfum des acteurs (la sueur ne ment pas). Le théâtre est vivant parce qu’il y a des corps en scène et l’impact que je recherche n’existe que dans ces moments ultimes, au-delà des mots. C’est un ressenti qui ne touche en rien à l’intellect.
Mon travail consiste à révéler les corps au-delà du discours et du formatage. J’aime aborder des contraires, des paradoxes, des non dits, des situations inexprimables. Je tire des fils, parfois infimes. Je cherche à partir des questions que me pose mon quotidien. Des questions liées à l’âge, au statut social, au pouvoir… C’est l’indicible que je traque durant les répétitions, l’histoire écrite en creux dans nos corps qui en dit bien plus que n’importe quel discours. Je raconte les corps. Comment ces corps se côtoient.
Le spectacle prend le pouls du moment, je fais avec ce que je suis, avec ce que nous sommes. Je choisis les acteurs pour leurs qualités mais aussi leurs défauts, leur singularité. Comme point de départ, les règles du jeu élaborées durant le premier volet, à parfaire au fur et à mesure.
Un impératif non négociable cependant : l’abandon du psychologique ; il ne s’agit pas d’interpréter, mais d’être, de refuser la tyrannie du « tout rationaliser ».
Mariapia Bracchi
94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris