1969, c’est l’année de naissance de Clara, une jeune « braqueuse » condamnée pour meurtre peut-être, ou pour un simple vol de livres. Derrière le quotidien carcéral - les fouilles, les douches obligatoires, la brutalité -, il y a par petites touches l’évocation du passé, l’appel du dehors - la nature, la forêt -, et surtout, obsessionnel et lancinant, le mal de ventre...
C'est l'histoire véridique et fantasmée de Clara, dite par une actrice à la voix douce qui s'approche de nous et porte un regard ravageur sur le monde et sur elle-même, avec en contrepoint cet aveau : on ne guérit jamais de la beauté.
Elle s’appelle Clara, elle est née à Marseille en 1969, elle est détenue au mitard de Fleury-Mérogis.
Comment habiter cet espace contraint ? L’espace clos de ce périmètre aveugle, mais aussi l’enveloppe étroite de son corps souffrant, l’espace emmuré de son psychisme fragile, tout simplement l’espace de sa vie.
L’évasion mentale est sa réponse : il est question de vols de livres (on pense au Miracle de la rose, au Journal du voleur), d’un flic ange-gardien, d’une forêt désertée, des filles du Daim ses sœurs, tout un imaginaire foisonnant qui s’il ne masquait pas son corps malade lui permettrait sans doute d’habiter le réel et d’y produire son poème.
Clara 69 m’intéresse pour les mêmes raisons qui, dans la production de fictions contemporaines, me portent du côté des photographies de Nan Goldin ou des romans de Joyce Carol Oates : le processus d’empathie. À quelle distance poser le sujet ? À quelle distance du sujet se poser ?
Dans quel degré de complicité ? Pour y répondre, nous avons travaillé à un dispositif scénique qui, loin de toute reconstitution carcérale réaliste, porte en lui « la préoccupation de transformer un temps en volume, en plusieurs volumes », pour reprendre les mots de Jean Genet.
Anne Caillère
Le jeu d'Anna Caillère est remarquable : les tensions, la gestuelle, le corps, la voix, tout est magnifique. Par le simple travail vocal, A.C. réussit à nous faire entendre plusieurs voix, ce travail sur la voix est donc en total accord avec le texte (à lire). La scénographie également est très interressante : espace blanc, clinique, chirurgical, vide où seul un daim est présent : très fort visuellement, le vide est rempli d'imaginaire... Sans oublier les jeux de lumières et la musique qui contribuent à nous transporter dans l'univers mental complexe et angoissé de Clara. Rien à redire
Le jeu d'Anna Caillère est remarquable : les tensions, la gestuelle, le corps, la voix, tout est magnifique. Par le simple travail vocal, A.C. réussit à nous faire entendre plusieurs voix, ce travail sur la voix est donc en total accord avec le texte (à lire). La scénographie également est très interressante : espace blanc, clinique, chirurgical, vide où seul un daim est présent : très fort visuellement, le vide est rempli d'imaginaire... Sans oublier les jeux de lumières et la musique qui contribuent à nous transporter dans l'univers mental complexe et angoissé de Clara. Rien à redire
4, place du Général de Gaulle 59026 Lille