"Je ne sais trop ce quest la poésie, mais par contre assez bien ce que cest quune figue." Francis Ponge - Vendredi 29 août 1958
Francis Ponge a écrit trois versions de son poème La Figue (sèche) dont une pour le premier numéro de la revue "Tel Quel" en 1960. Et puis, en 1977, il décide de livrer lintégralité de ses brouillons sous le titre Comment une figue de paroles et pourquoi qui devient un manifeste de lart poétique pour ce "poète matérialiste", comme il se définissait lui-même. La figue absorbe alors dans son petit sac de graines tous les copeaux de la mémoire et du savoir. La figue pour cet homme du Sud est la Méditerranée, lenfance, mais aussi lenfance de lhomme, la figue est un fruit mythique. En approchant au plus près le réel nous avons peut-être accès à nous-mêmes, nous dit Francis Ponge à travers ses multiples tentatives dagencement. Le sculpteur qui modèle la glaise revient sans cesse à son objet mais sarrête, le recouvre dun linge, le laisse reposer avant de le reprendre. Cest ce qua fait Ponge de 1951 à 1958. "Cette petite gourde qui est un grenier à tracasseries pour les dents" nen finissait pas de le narguer.
Pierre Baux, Célie Pauthe et Violaine Schwartz ont découvert cette fabrique décriture et lont transposée sur le plateau du théâtre trouvant dans le travail dartisan du comédien, la répétition des mots et des gestes, un écho à celui du poète. "La poésie est lart de traiter les paroles de façon à permettre à lesprit de mordre dans les choses et de sen nourrir" disait Ponge. Violaine Schwartz, mord dans la figue pour nous en faire goûter la douceur ambiguë.
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