Les sensitives sont des plantes sensibles au toucher, leur particularité résidant dans le fait qu'elles attrapent leur nourriture avec leurs feuilles. Il s'agit de l'un des mouvements les plus spectaculaires du règne végétal. Originaire de la Réunion et des Antilles françaises, elles sont surnommées Mimosa Pudica, Marie-Honte, Honteuse femelle ou encore Trompe la mort.
Sensitives aborde le thème féminin et la question du corps. Des femmes se dévoilent et nous racontent leurs histoires. L'effeuillage devient le prétexte d'une mise à nue plus profonde, celle du coeur.
Chaque personnage incarne un imaginaire érotique spécifique et entretient un rapport particulier avec son corps. Une amplitude qui part de la solitude d'une femme face à elle-même à une utilisation du corps comme vitrine.
Sensitives nous donne à voir les femmes en sublimant leur quotidien. Se dévoiler sans jamais s’imposer…
A la question « Faites-vous du strip-tease ? », je réponds non. Nous nous servons de l'effeuillage comme d’un prétexte. Bien que chaque personnage représente un imaginaire érotique spécifique, c’est avant tout le portrait d'une femme confrontée à son corps et c'est ce point qui m'intéresse. La mise en scène reprend l'imagerie et les codes du strip-tease mais comme un moyen et non une fin. L'influence par exemple, du strip-tease burlesque est présente à travers plusieurs personnages.
Cependant, plus on avance dans le spectacle, plus les femmes sont simples et abordent leur corps sans artifice et de façon apaisée. Le personnage de la femme secrète est celui qui synthétise tout : la beauté cachée, imparfaite et involontaire est celle que le spectateur va apprendre à regarder et à laquelle il va s'attacher tout au long du spectacle.
Etre belle en mangeant un kebab, être en lumière et se sentir seule, être ronde et ne pas le traiter en burlesque. Vivre tout simplement sa différence en se donnant le droit d'être plurielle.
Loin de la mode du Girlpower, Sensitives n'est pas un spectacle féministe ou les femmes veulent affirmer une puissance. Au contraire, la pièce aborde le lien, la communication, l'égalité. Démystifier le rapport à l'autre. Etre naturel, trouver du beau dans le honteux, de la laideur dans les apparats, s'offrir. Donner à voir une vision presque naturaliste de la beauté humaine.
Le travail de préparation physique est important. La mise en scène sous formes de tableaux enchevêtrés oblige les comédiens à être toujours en action ou transformation. Les émotions racontées sont denses et l'investissement total du corps amène le rythme du spectacle.
Afin de créer une relation étroite de partage avec le public, les comédiens seront à la fois dans l'incarnation, la technique du spectacle et au sein même du public, installés parmi les spectateurs.
1 rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen