Lieu : à Beaulieu
Dernière tragédie, écrite en 1608 par Shakespeare, Coriolan est considérée par Brecht comme "une des plus grandioses œuvres" du dramaturge élisabéthain. Dans la lignée de Lear, Othello ou Macbeth, Coriolan est d'abord la tragédie d'une grande individualité, "arrachée à toutes ses attaches humaines, la famille, la caste et l'État" (Brecht).
Patricien et homme de guerre, Coriolan est à la fois le sauveur de Rome et "l'ennemi numéro un du peuple". Alors qu'il va obtenir le consulat, confronté aux tribuns de la plèbe de la jeune république romaine, le héros, se voit banni de sa Cité, sans autre ménagement. Dès lors, il rejoint ses ennemis de la veille pour ruiner Rome et assouvir une vengeance implacable.
Cette fable, puissante et captivante, recèle quelque chose d'étonnamment contemporain. Shakespeare tente de penser le peuple comme un acteur de l'Histoire et fait sortir la tragédie des salles de trône et autres palais royaux. Coriolan, sur fonds de révoltes, de famines et de guerres, jouera son destin sur le forum et fera entendre les divisions et les failles qui fragilisent l'unité de la République.
Car, par-delà le destin exceptionnel d'un personnage tragique, dévoré par la Cité qu'il a sauvée, puis menaçant de la dévorer à son tour, Coriolan se veut également la tragédie d'une société où les idéologies, les intérêts privés, les désirs entrent dans un mouvement de perpétuel conflit.
Olivier Chapuis
Adaptation de Laetitia Coussement et Olivier Chapuis.
1, place du Maréchal Leclerc 86000 Poitiers