Présentation
Chronologie du projet
Georges
Courteline a été lécrivain de la déraison française
A propos
de Georges Courteline
« Couples » cest une scène de ménage de 1H45, qui se déroule sur fond de petites misères, de petites débrouillardises, dun peu de médiocrité, de pas mal de détresse et de beaucoup de dérision.
Ce spectacle se compose de 17 courtes pièces de Georges Courteline : La cinquantaine, Cochon de Médard, La peur des coups Théodore cherche des allumettes, La paix chez soi, Lîle, Un mois de prison, Le gora, La voiture versée, Hortense couche-toi, Lenvie, Au temple, Le droit aux étrennes, Le coup de fusil, Le madère, Gros chagrin, Les Boulingrin
Ces 17 pièces sont imbriquées les unes dans les autres, se chevauchent et senchaînent de façon à constituer un tout cohérent qui peut se résumer par la phrase générique de « Coupe psychologique et sociologique dun immeuble petits bourgeois du XXème siècle ». Le montage et la répartition des rôles sont faits de telle sorte quil est vraisemblable que ce soit le même personnage à travers les différentes pièces.
1977 : Silvia dîne avec Régis et lui remet, en fin de repas, les uvres de Courteline (éditions du Bélier). Elle lui annonce une saison Courteline en projet à la Gaîté-Lyrique et lui propose de réfléchir à un montage sur le Couple quelle jouerait au côté de Michel Auclair. Lidée de faire vivre un immeuble et ses habitants était née. Silvia doit renoncer à sa saison Courteline quelques semaines plus tard pour des raisons financières.
1984 : Régis présente à Gérard Maro deux projets sur Courteline : le montage sur le Couple et Messieurs les ronds-de-cuir. Gérard Maro choisit le second. Il sera joué près de quatre cents fois.
1989 : Philippe Brigaud et Claude Mathieu demandent à Régis de concevoir un exercice délèves autour dun auteur pour la promotion « Jean-Claude Brialy » du Studio 34. La proposition débouche sur un spectacle de quatre heures avec lintégrale des pièces de Courteline et ladaptation de plusieurs nouvelles autour de lidée du Couple.
1998 : Edy Saïovici commande pour le Théâtre Tristan Bernard un spectacle de Courteline à Régis et Marie-France. Le projet Couples se précise mais le décor occupe trop de volume et le nombre de comédiens, initialement limité à quatre, étant passé à huit le projet devient infaisable dans ce théâtre.
1999 : Finalement le spectacle est programmé au Théâtre Silvia Monfort et co-produit par la Compagnie Santon. Il est mis en scène par Marie-France. Régis est un des comédiens, il joue pour la première fois au Théâtre Silvia Monfort après dix ans de direction.
Faut-il y voir une suite fortuite dévènements, ou chercher une symbolique dans le fait que ce spectacle soit joué au moment du Xème anniversaire de la mort de Silvia (le 31 mars), dans le théâtre qui porte son nom, et quelle fut à lorigine de ce spectacle ?
Personne ne va croire les Santon si ils prétendent que rien ne fut prémédité !
Georges Courteline a été lécrivain de la déraison française
Ses personnages dépeints étaient des provinciaux égarés dans de trop grandes villes, des petits bourgeois, des hommes pour lessentiel, piliers de café, qui buvaient uniquement pour savoir lheure. Ces gens, ce pays nexistent pratiquement plus.
Pourtant la solitude de lHomme combattant aux côtés de la raison, légarement de nos vies quaucune transcendance ne vient justifier, linjustice, la bêtise tenant lieu de méchanceté, sont autant de thèmes intemporels qui furent traités par cet écrivain de qualité, et justifient une relecture de Courteline.
Isy Morgensztern
A propos de Georges Courteline
Il y a un malentendu avec Courteline. Ce malentendu nest pas nouveau mais il est persistant, il est un peu du même ordre que celui qui a existé pour Molière quà une certaine époque on ne considérait que comme un auteur de farces ou de petites comédies pour « grand public ».
De même pour Marivaux, de même pour Labiche, comme si dès que lon se pique
dêtre drôle ou apparemment léger on nest plus un auteur à part entière.
Pourtant, Courteline est aussi un auteur grave. Sa vie et son oeuvre sont traversées de
drames et beaucoup de ses textes sen nourrissent - même au bord du délire, il nous
entraîne dans une angoisse certaine qui nous ferait douter de notre propre existence.
Avec le temps et le fait de classer les auteurs comiques dans le rayon des «
superficiels », on a fait de Courteline autre chose:
On a fait dabord de ce petit peuple - agressif et méchant, vivant de
débrouillardises qui est le sujet de sa peinture - des nantis, faisant passer leur gène
financière pour de lavarice petite bourgeoise. On a aussi voulu le présenter comme
le chantre de la misogynie la plus ringarde, en oubliant quil parle dune
époque où il est affirmé, jusque dans le code civil, que la femme doit tout attendre de
son mari, maître absolu, veule et de mauvaise foi, abusant du pouvoir que lui donne la
loi et lusage.
Quant à nous, nous voulons lire Courteline en essayant dentendre sa voix et lon est partagé entre le sentiment dune énorme détresse, dun écurement pour cette viscérale médiocrité et malgré tout dun amour pour ces êtres qui vivent, aiment, envient lautre, bref qui sont comme nous. Ce nest guère étonnant alors que lon ressente une sorte de fraternité pour ces personnages et leurs combines et que le rire féroce et dévastateur qui doit nous envahir se transforme petit à petit en quelque chose de plus humain, affectueux et de tendre pour ces tristes faces peu reluisantes mais qui sont nos portraits vivants et crachés.
Régis et Marie-France Santon
106, rue Brancion 75015 Paris