1784. Après six ans de prison à Vincennes, le marquis de Sade est transféré à la Bastille. Il se retrouve confronté à un coquin de geôlier, Lossinote, avec qui, et en toute mauvaise foi, il provoque des accrochages à répétition.
La première des libertés étant la liberté de tout dire, de tout imaginer, Sade s'invente une présence féminine, mélange contradictoire de fantasmes, de vertus et de perversions. Moitié Justine, moitié Juliette, cette apparition lui permettra d'alléger ses peines en prison et d'exprimer ses idées.
Car des idées, il en a, et surtout sur le plaisir, la religion, les lois, la souffrance, la famille. Inquiétant, drôle et émouvant, le marquis de Sade étonne par son incroyable modernité.
« Provocation ? Sincérité ? Réelle perversion ou volonté de choquer le bourgeois ? D'où vient cette impression constante que Sade lui-même ne se prend pas tout à fait au sérieux ? Comme si sa folie, son délire érotique, (comme l'antisémitisme de Céline, comme la misanthropie de Léautaud, comme les fureurs d'Antonin Artaud) était un exutoire à son angoisse, à sa solitude, à sa lucidité.
J'entends en permanence, mais peut-être est-ce-parce que je ne suis pas un « sadien » convaincu, un recul, un humour, un distance entre l'homme Sade et ses écrits. Et j'aime cette distance, j'aime ce recul et cet humour. Ce qui reste, ce qui frappe, c'est la solitude de cet homme. Son angoisse et ses peurs. Son désespoir et son incroyable intelligence. C'est tout cela que j'ai retrouvé dans le texte de Pierre-Alain Leleu. Et c'est cela que je voudrais montrer : non pas une glorification du sadisme, mais la solitude d'un être. Son anarchisme déchanté, sa liberté et son intelligence.
Au risque de provoquer un peu, je dirai que c'est le petit garçon Sade, qui passe son temps à casser ses propres jouets, qui m'intéresse. C'est lui qui m'apparaît au travers de ses délires. Le choc d'un homme qui ne comprend pas le monde, avec un monde qui le rejette et le juge. »
Nicolas Briançon
Excellente pièce. La salle donne la proximité nécessaire pour se sentir dans la geôle avec le marquis. Bravo aux acteurs et à l'auteur.
Excellente pièce. La salle donne la proximité nécessaire pour se sentir dans la geôle avec le marquis. Bravo aux acteurs et à l'auteur.
1, avenue Junot 75018 Paris