La pièce
Thèmes et Synopsis
Notes
Un mot de l'auteur
Deux femmes seules ? la même ?
L’une en noir dans le noir,
L’autre en blanc dans le blanc,
Qui attendent quelque chose, quelqu’un ou un quelconque dieu.
L’une voit et entend tout.
L’autre refuse de voir et d’entendre.
L’une serait La Mort ou Le Mal incarné ?
L’autre : Le Bien, La Pureté, La Vertu difficilement faits chair ?
L’une figurerait une morte qui rêve qu’elle vit encore ?
L’autre une vivante pas encore tout à fait morte ?
En fait ce ne doit pas être aussi simple,
Rien n’est aussi simple,
En fait ces personnages sont comme nous :
Ils errent dans les limbes de La Vérité,
Aux portes de L’Enfer ou du Paradis….
Enigme
Toutes les deux posent des énigmes,
Ce qui est le but essentiel du théâtre :
Non pas raconter des histoires
Mais s’enfoncer dans le mystère.
Le théâtre est une cérémonie secrète
Réservée à une élite de fidèles.
C’est la religion qui a copié sur le théâtre
Et non le contraire.
Le théâtre est à l’origine de tous les rituels :
Religieux,
Politique,
Télévisuel,
C’est à dire de toute une vie en communauté.
Qu’est-ce qu’un monologue ?
Qu’est-ce qu’une écriture qui cherche ?
Comment faire parvenir cette écriture au public ?
Qu’est-ce qu’une écriture théâtrale ?
Comment transformer cette écriture en un acte théâtral ?
Qu’est-ce qu’un acte théâtral ?
Qu’est-ce que c’est que cet acte de venir offrir la parole d’un autre par sa bouche, son corps, à d’autres bouches, corps, ouïes ?
Comment atteindre L’Alchimie ?
Alchimie ?
Transformer le monde en rêves ou cauchemars qui ne parlent que du réel et de ces excès ?
S’agit-il de partager un instant de grâce à la rencontre d’un œil, d’une oreille, et même d’un cœur prédestinés, prédisposés ?
Ou de les emmener dans un univers, dans un monde nouveau et inconnu et donc probablement aspirant ?
Comment dire aujourd’hui que le théâtre est nécessaire aux affres de l’âme humaine ?
Comment retrouver cet état mystique et religieux du théâtre qui lui rendrait sa nécessité ?
Comment retourner à la source du théâtre ?
Le jeu ?
Faut-il répondre ou toujours poser les questions ?
Tragédie
Tragédie =sacrifice du bouc
Une pièce jouée est triple sacrifice :
Celui de l’auteur ingéré par les acteurs,
Celui de l’acteur dévoré par son personnage,
Celui du personnage offert en pâture, en victime expiatoire et propitiatoire au public, vrai bouc émissaire puisqu’il prend sur lui tous les crimes et tous les cauchemars des
spectacteurs
Des personnages qui luttent contre la mort (de l’âme ? du théâtre ?) en existant.
Des acteurs qui font l’amour en attendant la mort (du corps, de l’esprit, et du cœur ?).
Un texte qui descend dans les limbes pour s’y accomplir et s’y reproduire.
Jeu
L’acteur, quand il entre en scène
Doit être prêt à chaque fois à mourir…
Et à ressusciter….
L’acteur n’est pas là pour « amuser », « Donner du bon temps »,
Il est là pour bouleverser, remuer, fouiller, fouailler les intérieurs,
Les siens et ceux des spectateurs,
Que ceux-ci sachent qu’une représentation n’est jamais gratuite !
Tout le contraire du monde extérieur,
Définitivement sans valeur/s réelle/s,
Hormis celle du fric bien sûr.
Il s’agit au sens propre de la Communion des Fidèles :
« Car ceci est mon sang… »
Je cite :
Que le jeu théâtral soit un délire et qu’il soit communicatif doit bouleverser les sens des spectateurs : le théâtre est fait pour vider collectivement les abcès et les acteurs en sont les instruments chirurgicaux servant à opérer et ouvrir ces abcès.
Les acteurs représentent des milliers d’humanités mais il ne peuvent le faire qu’en étant au plus près d’eux mêmes
Il faut faire du théâtre une réalité à laquelle on puisse croire et qui contienne en elle cette morsure concrète que comporte toute sensation vraie.
Théâtre
Le théâtre n’est en rien une abstraction, une épure,
C’est de la chair en actes,
Y coulent larmes, sperme, sang.
C’est une bombe humaine,
Du concentré de Passion,
L’Energie à l’état pur.
Le théâtre est un lieu hors-temps et hors-espace
Puisque c’est le lieu de l’âme,
La crypte où nous retrouvons nos ancêtres,
Nos origines,
Nos chers défunts,
Nos monstres et nos saints,
Le labyrinthe où errent Thésée, Ariane et Minautore…
A la rencontre des uns et des autres…
Je cite :
De même que nos rêves agissent sur nous
La réalité agit sur nos rêves
On peut identifier les images de la poésie à un rêve qui sera efficace dans la mesure où il sera jeté avec la violence qu’il faut
Et le public croira aux rêves du théâtre
A condition qu’il les prenne vraiment pour des rêves
A condition qu’ils lui permettent de libérer en lui cette liberté magique qu’empreinte de songe et de cruauté.
Le choix
Monter cette pièce :
Parce que l’écriture est nouvelle,
Jamais lue, jamais entendue,
Parce que riche et intemporelle,
Surannée et visionnaire à la fois,
Déroutante et dérangeante aussi parfois,
Parce que inclassée, inclassable,
Parce que remuant :
Corps, bouche, langue, tête, ventre, tripes,
Parce que projetante, murmurante,
Incroyablement vivante,
Magma de lave et de sang,
Braises et incandescence,
Parce que c’est le tout et le vide,
Alors le vertige,
Parce qu’il ne faut plus tricher,
Faire semblant,
Parce que c’est la démesure,
Et que si elle va trop loin,
Ce sera tant mieux.
Le trois
Parce que L’Alchimie a commencé par là.
Les voies
Travailler sur ce que c’est que de chercher ensemble,
Prendre position,
Sur ce que c’est que de faire du théâtre à 25 ans en 2001,
Sur ce que c’est pour un acteur d’exister en faisant vivre un texte sur la scène,
Montrer que les acteurs ne composent pas,
Qu’il sont eux-mêmes,
Et qu’il laissent voir autre chose qu’eux mêmes à travers eux mêmes,
Partir de l’acteur et du texte,
Explorer et ouvrir le texte,
Pas le fermer,
Le manipuler comme un objet solide qui ébranle les choses,
Retrouver la joie,
Jouer, Jouir, Mourir,
Et Recommencer….
Acte de foi - Acte de Feu - Autodafé
« Loin de l’intellectualisme kitsch et des phénomènes de modes, "Le Théâtre Authentique" doit être le lieu de la parole vivante, celle qui, résistant aux langues de bois et aux stéréotypes desséchés des médias, s’adresse directement au corps, au cœur, à l’imaginaire. Il faut créer un nouveau public plus sensible, plus passionné, prêt à s’investir totalement, qui saura que le théâtre n’est pas un jeu, qu’on ne vient pas au théâtre pour jouer avec les acteurs mais pour souffrir et jouir avec eux. Il faut lui proposer la mise en scène et en abîme de ses angoisses éternelles, de ses questionnements sans réponses (rien à foutre des problèmes de notre temps ! Laissons les aux animateurs et aux politicards !) dans un langage qui allie la dérision, dans une dramaturgie qui mêle la farce et le tragique…
Le Théâtre, c’est la vraie vie car le théâtre, ce sont nos rêves… (nos fantasmes, nos désirs les plus inavouables enfin avoués, authentique confession… ce n’est pas la vie qui est un songe _ évidemment, éminemment prémonitoire _ mais le théâtre…)
Vive le Théâtre ! et…
Que meure tout le reste… tous les restes… de ceux qui sont déjà des morts… »
73, rue Rébéval 75019 Paris