Dans les ruines d’Athènes prend pour point de départ les premières conséquences de la crise des subprimes en Grèce à l’automne 2009 et s’achève en 2017, de sorte que se rencontrent, in fine, le temps du récit et le temps de la représentation.
Athènes : les candidats d’un tout dernier reality show entrent sur un plateau télé en traînant derrière eux leur valise. Ils partent s’enfermer, pour une durée indéterminée, dans une réplique miniature d’un temple grec antique : « Bienvenue sur le plateau de Parthenon Story ! »
Le quotidien des candidats du reality show est retransmis en direct sur grand écran, tandis que sur le plateau, les membres de l’Eurogroupe, du FMI et de l’UE se réunissent pour décider du sort du pays. Un premier plan d’aide est proposé à la Grèce : 110 milliards d’euros prêtés sur trois ans, en échange de quoi il lui suffit d’appliquer un certain nombre de mesures d’ajustement économique nécessaires au bon redressement de l’économie du pays.
Nous cherchons à traiter des scènes politiques avec l’œil de la satire. Pour ce faire, notre écriture propose une série de décalages et de transpositions. Nous écrivons et composons des morceaux originaux où musique et propos politique seront enchevêtrés. Nous pourrons, par exemple, entendre Angela Merkel chanter son désespoir et sa solitude face au chaos économique européen, ou bien Alexis Tsipras haranguer le peuple grec venu l’écouter « slamer » son discours d’investiture.
Enfin, la figure mythologique d’Europe est celle qui tisse le lien entre ces deux volets. Elle raconte les tourments de son âme au cours d’une longue mélopée fragmentée qui traverse les deux spectacles. Cette figure mystique, à la croisée de l’Orient et de l’Occident, chante plus qu’elle ne parle.
« Passionnant, complexe, actuel. Nos deux metteurs en scène n’ont pas froid aux yeux. Elles se sont plongées dans les archives avec ferveur. Travail titanesque... Elles ont décidé de traiter le sujet par la satire, la fable grinçante, celle qui oscille entre ironie mordante et rire jaune. Memories of Sarajevo et Dans les Ruines d’Athènes se jouent vite, portées par une bande d’acteurs qui ne chôment pas, toujours sur le qui-vive, en alerte maximale. Il faut saluer l’audace, la joyeuse énergie qui se dégage du plateau. Cette tentative de raconter l’Europe, ses failles, sa décrépitude, par une génération qui se sent bien plus européenne que ses aînés et rêve d’une autre Europe. » Marie-José Sirach, L’Humanité
Avec ce dernier opus, nous voulons construire une dramaturgie qui télescope deux échelles de réalité a priori incompatibles : la réalité politique, économique et financière d’un côté, la réalité du jeu télévisé de l’autre.
Comment ce lieu que l’Europe a désigné comme l’origine de ses fondations démocratiques peut être l’objet de tant d’humiliations ? Quelles nouvelles Iphigénie, quelles Antigone, quelles voix s’élèvent contre les implacables feuilles de route des institutions de l’U.E. ?
Tout cela ressemble finalement à une grande mise en scène dont les artifices sont peu à peu dévoilés. Apparaissent progressivement les stratégies idéologiques mises en œuvre pour scénariser la vie des candidats de Parthenon Story ou pour décider de l’avenir d’un pays et de ses habitants. Mais l’horloge tourne… le temps du spectacle rejoint celui du présent des spectateurs : nous sommes en 2017 et il faut voter. Pour qui ?
Julie Bertin - Jade Herbulot
Magnifique spectacle
Pour 1 Notes
Magnifique spectacle
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