Spectacle en français et en arabe.
Un mot pour un autre, un pronom qui change dans une phrase, et le point de vue peut être différent, très différent. Le langage a des subtilités dont nous usons et abusons pour prendre place, ou non, dans un débat, tour à tour impliqué ou distant, concerné ou indifférent.
Henri Jules Julien propose de prendre un texte qui commence (par exemple !) par : Nous les habitants des villes européennes, n’avons-nous pas une part de responsabilité dans les désastres qui se produisent loin de chez nous, par le simple fait que nous sommes riches ?
De changer un peu : Eux, les habitants des villes européennes n’ont-ils pas...
Et, enfin, d’entendre ce même texte en arabe. Et soudain, nos certitudes vacillent. Un petit écart et la compréhension est autre. Les mots n’auraient-ils pas le même sens, ici et là ? Un mot... deux mesures ?
Face aux spectateurs, pour mieux leur faire (pardon, pour mieux « nous » faire) partager le doute et la question, la comédienne syrienne, Nanda Mohammad, avec un humour habile et une perspicacité maligne, prend à témoin, sème le trouble, déconcerte, offre une expérience.
Avec elle, sur scène, la contrebasse de David Chiesa se mêle au débat, s’insinue, tantôt distante et lointaine, tantôt proche et intime, avant d’être rejointe par la voix de la comédienne pour une mélopée sans parole...
Il s’agit non pas de dialoguer avec vous mais vous de dialoguer avec une idée.
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