Opéra en allemand, surtitré en français.
Comme les plus belles fleurs peuvent surgir de la boue, c’est dans le camp de concentration de Terezin qu’a vu le jour en 1943 ce sidérant Kaiser von Atlantis. Sidérante, cette oeuvre l’est à plus d’un titre : par les circonstances de son écriture tout d’abord (dans un camp dont les nazis, cynisme suprême, entendaient faire une « vitrine des arts »), par sa modernité, par son orchestration excentrique, née du hasard des instruments disponibles dans le camp, mais aussi par le mélange d’une attaque sardonique – et à peine voilée – du totalitarisme et d’une poésie indomptée et urgente, qui vaudra à cet opéra de chambre d’être interdit avant même sa création.
À cela s’ajoute le destin tragique de ses auteurs, le poète et dramaturge Peter Kien et le compositeur Viktor Ullmann, qui furent tous les deux envoyés à la chambre à gaz en octobre 1944. L’action se déroule dans un ailleurs indéterminé, « un monde qui a oublié comment se réjouir de la vie », où un empereur nommé Overall (comme d’autres Über Alles) décrète une guerre totale de tous contre tous. Piquée au vif, la Mort refuse d’accomplir sa besogne. Que se passe-t-il quand même la Mort abdique et qu’elle décide de devenir « la plus grande fête de la liberté » ? Complice de longue date de Benjamin Lazar, Louise Moaty a tenu à mettre en scène cet opéra qui « brandit la poésie comme une arme de résistance et de survie ». Singulier et universel, ce Kaiser n’a en effet rien perdu de son incandescence.
Au-delà de sa simple beauté, l’oeuvre continue d’appeler de toutes ses forces, tantôt avec humour, tantôt avec lyrisme, à vivre chaque jour, chaque nuit, chaque instant.
Opéra en un acte, écrit et répété en 1943 au camp de Terezin, puis censuré, création en 1975 à Amsterdam.
L'empereur d'atlantis ou la mort abdique, opéra de Viktor Ullmann
Livret Peter Kien
Avec l'Ensemble Ars Nova, direction musicale Philippe Nahon
« Qui, mieux que Louise Moaty, pouvait réenchanter, avec l'économie de moyens qu'est celle de la compagnie nationale de l'Arcal, L'Empereur d'Atlantis, ce bijou de fulgurance poétique ? Cette réflexion métaphysique sur la mort et cette «indifférence dernière » décrite par Robert Antelme ? (...) elle a imaginé, avec sa scénographe Adeline Caron, un monde improbable mais hautement poétique, magnifié par une chorégraphie de toiles de parachutes aussi légères qu'un songe, dessinant au fil de cette heure de musique paysages lunaires et ciels lumineux. » Thierry Hillériteau, Le Figaro,
23 janvier 2014
« Un saisissant opéra » Philippe Venturini, Le Echos, le 27 janvier 2014
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris