Délirant et troublant « No Man’s land » entre enfance et monde adulte
Note d'intention
Sur scène
« Des personnes qui s'isolent complètement du reste du monde et se mettent à observer les choses de loin. » Enda Walsh
Disco Pigs raconte le quotidien insouciant de deux adolescents qui fêtent leur 17 ans dans une ville de province irlandaise. Inséparables depuis leur naissance, ils évoluent dans un monde de fiction qu’ils se sont inventés, excluant toute réalité extérieure. Choisissant les pseudonymes d’Avorton et Porc, ils s’autoproclament roi et reine de Porc-City et créent leur propre langage, leurs propres jeux, leurs propres codes. Avorton et Porc sont des discos pigs.
Ce délirant et troublant « No Man’s land » entre l’enfance et le monde adulte s’accompagne également de l’arrogance de l’adolescence et de sa brutalité. Et la réalité les rattrape lorsque Avorton prend conscience de l’aspect réducteur et oppressant de ce monde imaginaire et de cette relation exclusive, lorsqu’elle aspire à autre chose qu’une existence peuplée de beuveries, de railleries et de violences. Un voyage court, incisif et dense.
« On construit un monde où personne ne peut vivre sauf nous deux.» Avorton
Par la compagnie A Zelig.
Nous voulons traiter dans cette pièce du malaise profond lié
au passage chaotique de l’adolescence au monde adulte.
« Et nous, on veut devenir quoi ? »
Des forces, des pulsions d’une violence rare nous traversent.
Une volonté de donner du sens, quelqu’il soit, nous habite. Un
besoin vital de reconnaissance nous hante.
Notre enfance, ce paradis de l’insouciance, nous manque et le
monde qui nous entoure nous déçoit.
« Tout l'horizon et nous debout juste là »
Et pourtant il y a une nécessité à franchir cet âge qui est également celui de tous les possibles. Mais comment vivre
cette “crise” sans avoir le vertige et comment la traverser pour
se construire ? Les deux protagonistes de Disco Pigs, comme des Antigones
du monde moderne, veulent “tout, tout de suite et que ce soit
entier” (Anouilh).
« On bondit dans un monde gris de bonheur »
Mais le matérialisme et le béton de leur existence ne leur
offrent que peu de poésie et d’idéal. La seule issue de secours
face à cette société urbaine qui écrase les rêves, c’est
l’imaginaire.
« Il était une fois moi et elle…»
Ils se protègent de ce monde formaté, ils se mettent à l’écart,
ils se marginalisent, ils refusent cette société à laquelle ils ne
veulent surtout pas s’adapter. Ils se construisent leur propre
monde. Un monde où ils sont seuls, où il s’aiment et où rien
ne vient les contredire.
« Tu est la seule douce chose. Tu es ma vie. »
Mais de quoi ce monde est-il fait, en réalité ? De series télé, de
bagarres, de bière, de musique bruyantes, de fast food ?
Et combien de temps cela peut-il durer ? Que se passe-t-il au
contact de la réalité ?
« Et soudain un jour il y a une monstre différence. »
Cette imagination excessive et cet amour fusionnel les excluent du monde réel, les empêchent de s’épanouir en tant qu’individu propre et de trouver leur vraie place. Et ce qu’ils fuient de toutes leurs forces d’adolescents les rattrape. Ils vont prendre de plein fouet la réalité de leur vie. Et il va falloir faire un choix, décisif.
Amandine du Rivau
Une direction d’acteur qui met en relief les émotions brutes, propres à l’adolescence. Exigence de vérité, de simplicité, d’énergie délirante et animale.
Des projections vidéos (dessins, peinture, animations, qui se mélangent à des images réelles) pour amplifier la vision singulière du monde des adolescents et permettre au-delà des mots de plonger dans un imaginaire visuel et être en symbiose avec leur univers chimérique. La vidéo devient le troisième protagoniste de la pièce. Au sol, un immense plastique noir tendu, pour exprimer toute la pesanteur et la froideur du milieu urbain, qui pèse immanquablement sur ces deux héros ordinaires.
Des marques sur ce sol, qui suggèrent la ville. En cercle car Avorton et Porc sont pris dans une spirale infernale. Et eux, au centre du plateau, au centre du monde.
Des cubes, comme un jeu de construction, qu’ils assemblent eux-mêmes, pour créer leur propre univers. Pour que la frontière entre la réalité et la fiction reste fragile.
Des costumes qui se détachent de cet univers gris de la ville. A la frontière entre leur enfance encore toute proche et leur volonté, sans doute illusoire, de se montrer différents.
Une création lumière qui alterne entre la réalité froide et les coups de projecteurs d’un show télévisé.
Un univers sonore très présent qui ne leur laisse aucun répit, aucun silence, ou presque.
2, passage du Bureau 75011 Paris