Dix histoires au milieu de nulle part, qui sera créé en 2017, raconte la vie de femmes et d’hommes dans la Russie et la Biélorussie d’aujourd’hui, sous l’ère de Vladimir Poutine et d’Alexandre Loukachenko.
Je travaillerai à partir de plusieurs témoignages :
- sur un amour impossible entre une arménienne et un azerbaïdjanais,
- sur la difficulté de la vie des travailleurs tadjiks à Moscou,
- sur les questionnements des jeunesses russes et biélorusses.
Depuis de nombreuses années, mon travail de metteur en scène s’attache à notre histoire passée et présente, celle d’ici et celle d’ailleurs. Lorsque j’ai découvert les écrits de Svetlana Alexievitch, j’ai été bouleversée. Je l’ai rencontrée. J’ai décidé que j’adapterai et mettrai en scène tous ses romans-documents. J’ai la nécessité de faire entendre ces histoires vécues, ces récits d’humanité, si proches, si éloignés de nous, et qui sont en résonnance avec mon histoire personnelle. Je crée ces spectacles avec de jeunes acteurs issus des écoles supérieures de théâtre françaises.
En 2009, avec les élèves de troisième année du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, directeur Daniel Mesguich, j’ai dirigé des ateliers d’interprétation autour de l’oeuvre de Svetlana Alexievitch et plus particulièrement sur La guerre n’a pas un visage de femme et Les cercueils de zinc.
Présentés au théâtre du C.N.S.A.D, ces ateliers ont connu un vif succès ; ils ont été repris professionnellement en 2010 pour une vingtaine de représentations, au Théâtre des Quartiers d’Ivry/Centre Dramatique National.
En 2011, mon travail sur Svetlana Alexievitch s’est poursuivi avec les élèves de deuxième année de l’École Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique de Lille, dirigée par Stuart Seide, autour de La Supplication, Tchernobyl, Chronique du monde après l’apocalypse. Cet atelier est devenu un spectacle professionnel repris en 2012 pour une quarantaine de représentations au Théâtre du Nord/Centre Dramatique National, à L’Atalante à Paris et à Anis Gras/Le lieu de l’autre, à Arcueil.
En 2015, j’ai adapté et mis en scène, La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement de Svetlana Alexievitch, avec une dizaine de jeunes acteurs issus des écoles supérieures de théâtre : le C.N.S.A.D, l’EPSAD, l’Académie-Ecole Professionnelle Supérieure de Théâtre du Limousin, le CFA d’Asnières, l’ERAC. Ce spectacle a été créé à Anis Gras/Le lieu de l’autre à Arcueil et à L’Atalante à Paris pour une quarantaine de représentations.
En 2017, je vais adapter et mettre en scène Dix histoires au milieu de nulle part de Svetlana Alexievitch, avec six jeunes acteurs issus de l’Académie-Ecole Professionnelle Supérieure de Théâtre du Limousin. Ce spectacle sera présenté à Anis Gras/Le lieu de l’autre à Arcueil, à Tropiques Atrium scène nationale et à L’Atalante à Paris pour une cinquantaine de représentations.
Après un découpage des interviews du roman-document, et avec le souci de rester la plus fidèle possible au montage et à l’écriture de Svetlana Alexievitch, je distribuerai ces paroles aux jeunes acteurs et travaillerai de manière chorale : le groupe porte le texte ; les voix, en un choeur, font résonner ces témoignages.
Les jeunes acteurs qui interprèteront des gens de tous âges et de toutes conditions sociales, devront se mettre au service des textes, les faire entendre et non les interpréter. Ce travail « directif » nécessitera un engagement de leur part. Une envie de défendre ces paroles humaines. Un training intensif, selon la méthode russe, se fera avec les acteurs.
Mes mises en scène sont chorégraphiques. Les corps dans l’espace racontent une histoire, chaque pas est compté. C’est un travail choral ponctué de chants, en russe, dirigés par un chef de choeur. Il y aura des acrobaties, répétées avec des circassiens.
Ma direction d’acteurs consiste également à les aider à trouver des images, des équivalences afin qu’ils puissent s’accaparer et restituer ces situations dont ils sont éloignés. Et, comme Svetlana Alexievitch, ils deviendront acteurs, passeurs d’Histoires.
Le plateau sera nu. Seuls les lumières, les chorégraphies, les acrobaties, la musique, les chants ponctueront ces récits. Afin d’arriver à ce résultat, nous visionnerons dès le début des répétitions des documentaires allant de la révolution de 1917 à 2017, la Russie de Vladimir Poutine, en passant par l’effondrement de l’Union soviétique, la perestroïka, la guerre en Afghanistan, en Tchétchénie, la guerre en Ukraine, l’annexion de la Crimée. Et aujourd’hui, toujours la guerre en Ukraine, les peurs en Lituanie et en Pologne d’une invasion du « Grand frère » russe.
Nous étudierons les documentaires indispensables sur Vladimir Poutine, le FSB, ex-KGB, les mouvements nationalistes, le Marxisme et le Capitalisme…
Nous nous imprégnerons de la filmographie russe, de sa littérature, de l’histoire ancienne et récente de ce grand pays.
Stéphanie Loïk
C'était la deuxième fois que je voyais la pièce. Je l'avais vue l'année précédente de mémoire. Difficile de dire avec des mots l'émotion ressentie devant tous les sentiments qu'elle provoque avec simplicité. Car je trouve qu'elle peut parler à chaque individu. Le jeu des actrices et acteurs est bouleversant ainsi que leurs capacités physiques et artistiques. Pour la mise en scène plus que digne de l'oeuvre originale.
Pour appréhender ce monde en mutation où l'humanité semble condamnée au retour de la barbarie, il faut avoir un minimum de résistance, car le texte et son adaptation sont d'une violence sans limite. La consolation de ne pas sortir indemne de ce spectacle, c'est d'avoir gardé sa conscience et de pouvoir résister encore.
Pour 2 Notes
C'était la deuxième fois que je voyais la pièce. Je l'avais vue l'année précédente de mémoire. Difficile de dire avec des mots l'émotion ressentie devant tous les sentiments qu'elle provoque avec simplicité. Car je trouve qu'elle peut parler à chaque individu. Le jeu des actrices et acteurs est bouleversant ainsi que leurs capacités physiques et artistiques. Pour la mise en scène plus que digne de l'oeuvre originale.
Pour appréhender ce monde en mutation où l'humanité semble condamnée au retour de la barbarie, il faut avoir un minimum de résistance, car le texte et son adaptation sont d'une violence sans limite. La consolation de ne pas sortir indemne de ce spectacle, c'est d'avoir gardé sa conscience et de pouvoir résister encore.
10, place Charles Dullin 75018 Paris