N’ayant peur de rien et ne reconnaissant « ni Dieu ni maître » autre que son propre désir, Dom Juan menace l’ordre du monde, et le monde se charge de le lui rappeler. Il devient dès lors un révélateur de la comédie sociale et de l’ambiguïté de la vertu, car tous les personnages semblent prisonniers d’une morale figée ou d’un intérêt personnel déguisé. Face à eux, Dom Juan manifeste une extraordinaire puissance de vie et fait preuve d’un courage et d’une exigence hors du commun.
Qui l’arrêtera alors ? Dom Juan aimerait trouver sur son chemin une force qui le dépasse et cette quête l’entraîne au-delà de la morale des hommes, vers le Ciel. Mais le silence de Dieu est insupportable. C’est ainsi que, suivant une inspiration dérangeante, Dom Juan cherche à commettre les actions les plus noires pour provoquer la colère céleste. Chaque rencontre devient l’occasion d’un défi, d’un affrontement métaphysique, et Dom Juan se retrouve, contre toute attente, en dialogue permanent avec le Ciel. Jusqu’à l’obsession. Jusqu’à la damnation.
Car dans son élan vers le mal, il prend du plaisir. Jouir de la souffrance des autres est une façon de blesser Dieu. Sa provocation ultime, c’est la négation de l’autre comme Autre.
Condamné à suivre un désir qui ne peut être satisfait, à tromper sa faim par des nourritures sans consistance, il n’est nul besoin d’intervention divine ou de statue parlante pour infliger le châtiment : Dom Juan est déjà en enfer.
J’ai choisi d’inscrire la pièce dans l’époque actuelle et, à ce titre, de reconsidérer chaque personnage et chaque relation. Nous sommes conduits à nous interroger sur le métissage culturel et les rapports de classes, ainsi que sur les relations entre hommes et femmes ; à aborder les questions de la religion et de la foi, tout comme celles de la famille, du mariage et de l’éducation. Trois siècles et demi plus tard, dans un monde où « les libertins » semblent avoir gagné, où le matérialisme semble s’imposer comme modèle, que reste-t-il des fautes de Dom Juan ? Qu’y-a-t-il d’inaltérable – voire d’insupportable – dans sa conduite qui, aujourd’hui encore, nous trouble ?
La figure de Dom Juan traverse l’Histoire, le Temps, et c’est finalement dans l’écrin de notre XXIème siècle si libéral qu’éclate sa quête de vérité : elle fait apparaître, avec les dérèglements qui s’ensuivent, la figure parfaite de l’homme moderne dont la volonté de remplacer la morale par le désir est peut-être la marque d’un besoin absolu de sens et de transcendance. Ce qui ne peut manquer de nous toucher…
Anne Coutureau
« Les acteurs – enfin, issus de la diversité – sont d’une vitalité rare et enjouée, et ces jeunes à la dégaine et au verbe « racaille » ou dits encore de banlieue, remplacent à merveille les paysans d’antan muséaux ou ethno. De beaux mouvements d’ensemble et de vivants duos convaincus sur le vaste plateau pleinement habité. » Hotello, Véronique Hotte
« Ce Dom Juan se profile comme un des spectacles de théâtre classique les plus aboutis de cette saison. On conseillera donc vivement de le découvrir ! » Blog de Phaco, Thierry de Fages
« S'il y a une pièce qu'il ne faut pas manquer ces jours ci c'est bien le Dom Juan mis en scène par Anne Coutureau. » À bride abattue, Marie-Claire Poirier
« Un chef d’œuvre et un défi. S’il y a une définition de la modernité, elle est ici. » L’Express - Christophe Barbier
« Dom Juan a engagé un combat contre Dieu, parce qu’Il est un obstacle à son épanouissement, une limite à son action, une borne à sa volonté de puissance. Si pour lui Dieu n’existait pas, Il lui serait indifférent. Or, le surnaturel le plonge dans l’exaspération, dans la colère, fait de lui « un enragé »... Dom Juan essaie constamment de créer un rapport de forces favorable, misant sur l’impuissance divine : Va, va, le Ciel n’est pas si exact que tu penses (V, 4) ; ou sur sa patience : [Je] m’étonne comme le Ciel [...] n’a pas vingt fois sur ma tête laissé tomber les coups de sa justice redoutable (V, 1). Il tente de gagner du temps, de profiter de la vie, en reculant l’échéance d’une conversion éventuelle : Oui, ma foi ! il faut s’amender, mais cette plaisanterie est significative : Encore vingt ou trente ans de cette vie-ci, et puis nous songerons à nous (IV, 7).
Dom Juan attend en fait une réponse de Dieu, un signe qui prouverait son existence. Lorsque le silence lui répond, ne regrette-t-il pas quelque peu le vide du ciel ? Lorsqu’à l’acte V il demande au Ciel de parler un peu plus clairement, n’est-ce pas la preuve qu’il est avide de certitude et que, s’il rejette l’idée du divin, c’est parce qu’il s’agit d’une notion qui ne repose sur rien de palpable ? Ce qu’il reproche à la religion, c’est qu’elle exige de l’homme une soumission aveugle fondée sur le rejet de la raison. En exploitant la peur et en faisant intervenir l’irrémédiable de la mort, Dieu ne joue pas le jeu : c’est en utilisant des cartes truquées qu’il parvient à triompher...
Dom Juan va plus loin : face au silence, il use de la provocation, essaye de lasser la patience de Dieu, de le pousser à la colère. Ses actes et ses propos blasphémateurs ont un rôle complexe dans le combat qu’il a entrepris contre Lui : Le faire sortir de sa réserve, en détournant ses créatures ; assurer la suprématie de l’homme, en donnant la preuve qu’il peut faire jeu égal avec Lui ; pimenter ses plaisirs du trouble du sacrilège, en l’obligeant presque à y participer. » Robert Horville
« Pour monter le Dom Juan de Molière, il faut d’abord croire profondément, sincèrement, à la pièce et au génie de celui qui l’a écrite. Il faut croire au génie de Molière. Dom Juan n’est pour nous ni une théorie, ni une démonstration, ni l’occasion d’une polémique. Et il ne faut pas aller à Dom Juan comme à un rendez-vous habituel, averti de l’interlocuteur ou du partenaire qu’on va rencontrer ; il faut y aller curieux de la nouveauté d’une approche, avides de neuf. » Louis Jouvet
acteurs et mise en scène excellents !
Une mise en scène inventive et energétique qui nous fait entendre chaque mot d'un texte qui garde totalement sa vérité en 2016
Quel bonheur de redécouvrir ce texte, plein de violence, de vérité et d'humour écrit en 1665... aujourd'hui en 2016. Porté par un troupe et une mise en scène pleine de fougue, de justesse et de profondeur, c'est un délice de théâtre vivant. Courez-y, il vous reste à peine un mois...
Pour 3 Notes
acteurs et mise en scène excellents !
Une mise en scène inventive et energétique qui nous fait entendre chaque mot d'un texte qui garde totalement sa vérité en 2016
Quel bonheur de redécouvrir ce texte, plein de violence, de vérité et d'humour écrit en 1665... aujourd'hui en 2016. Porté par un troupe et une mise en scène pleine de fougue, de justesse et de profondeur, c'est un délice de théâtre vivant. Courez-y, il vous reste à peine un mois...
1-5, place de la Libération 93150 Le Blanc-Mesnil