La pièce
La presse
Intuition de l'absurde
Pessimisne gai
Bonheur à 2 voix
Approcher l'indicible
Extraits
Échappées truffées d'humour et de tendresse s'affranchissant du poids des conventions, de la logique et du temps dans le plus pur esprit durassien.
Une promenade, un rendez-vous, pour deux « impudiques », deux tonalités qui, rapidement, n'en font qu'une. Une affinité immédiate. Qui est-il ? Qui est-elle ?
Ici c'est le jeu désinvolte des mots qui fait l'intrigue, qui guide les échanges, les digressions, sur un mode léger et amusé. Aucun préjugé, tout se dire joyeusement, de concert, sans entrave, sans souci du sens et des relations entre les choses, dans une insouciance heureuse, pour la seule réalité enjouée d'instants de liberté.
« Un moment de grâce à la Duras comme une gorgée d'eau sur la nuque, un ange qui passe, qui chatouille. » Le Monde, 14 septembre 2013
« Dans cette pièce,les contraintes du temps n'ont plus de sens, et la convention n'a plus à être respectée. Les deux artistes se sont concentrés sur l'essence de la plume de Duras, faisant ressortir les plus profondes et intimes convictions de l'auteur de L'Amant. » Sortir à Paris, 16 août 2013
« Un tel spectacle ne peut être porté que par deux comédiens exceptionnels et Claire Deluca et Jean-Marie Lehec sont parfaitement à l'unisson, prenant manifestement du plaisir à nous entraîner avec finesse dans cet univers de fantaisie et de tendresse, dans un élan d'évidence surréaliste. » Reg'Arts
« Nous ne la connaissions pas si coquine, si fruitée la langue de Marguerite Duras. Claire Deluca, que Duras avait choisie pour mettre en scène plusieurs de ses pièces est lumineuse. Jean-Marie Lehec emboite le pas avec finesse. Un moment de grâce comme une gorgée d'eau sur la nuque, un ange qui passe. » Le Monde
« Nous avons voulu, avec Jean-Marie Lehec, faire découvrir des aspects les plus inattendus et méconnus de l’écriture durassienne. L’accueil du public, lors des représentations du Shaga au Théâtre de l’Athénée en novembre 2011, nous encouragea à envisager un projet plus complexe composé d’autres textes en résonance avec ce que Marguerite Duras désignait « comme une intuition de l’absurdité ». Notre adaptation est un rapprochement de textes choisis dans Les Eaux et forêts, Le Shaga, La Vie Matérielle, Outside, Le Monde extérieur, Écrire, Les Yeux verts... On y trouve les mêmes thèmes (la solitude, l’amour, le crime, la folie dans son innocence...) traités avec humour, tendresse et drôlerie... même s’il y a derrière cela une fêlure à peine exprimée. On peut croire qu’il n’y a que deux personnages, un homme et une femme. En réalité, ils sont multiples, l’écriture passant d’un personnage à l’autre sans altérer la clarté du propos. La femme a-t-elle vraiment eu un lion vivant et normal ?... un jeune livreur qu’elle voyait le dimanche, en cachette ?... En a-t-elle vraiment eu « marre-marre » de son mari pour le « foutre » dans le canal de la Marne au Rhin un autre dimanche vers quatre heures et demie de l’après-midi ?... Et lui, l’homme, est-ce qu’il vissait vraiment des boulons toute la journée dans tout ce qu’il trouvait ? Était-il en panne d’essence à deux mètres de là depuis deux ans ?... Est-ce que la maison s’enfonçait peu à peu véritablement ?... Est-ce que la tête de la femme du capitaine, coincée dans la cheminée, s’était cassée comme du verre un jour de grand vent ? Ce qui est certainement vrai, c’est que « ces choses que l’on croit avoir dites ou avoir vécues et qui ne l’ont pas été... vous n’imaginez pas à quel point on peut en être troublé quand on l’apprend... ». (Marguerite Duras.) »
Claire Deluca, adaptatrice, metteur en scène et comédienne
« Ils viennent là, s’y retrouvent. Semblent ne pas se connaître, mais pourtant semblent de grande connivence sur tous ces petits riens du quotidien qu’ils abordent allègrement... la circulation automobile, les voisins, la morosité de la vie conjugale... aux tournants, toujours une douce folie dicte la dérive, parce qu’on ne sait pas quand les choses sont là dans la vie, ça échappe. Les questions de l’un appellent les questions de l’autre, créent le trouble. Où va tout cela ? Ça rime à quoi ? Où va la vie ?
Ici c’est le jeu désinvolte des mots qui fait l’intrigue, qui guide les échanges, les digressions, sur un mode léger et amusé. La vie qui va, c’est avant tout la juxtaposition, les volte-face à la tonalité si drôle souvent, mais pas seulement et pas toujours, dans l’ordre et le désordre, placées par-ci, déplacées par-là, comme Duras pouvait le faire elle-même lorsqu’elle écrivait : « Ce sont des gens qui parlent et que la parole entraîne. Qu’est-ce qu’ils ont en commun ? Une certaine folie. Leur mystère, c’est cette faculté fantastique de fabulation. Il y a là-dedans une gaîté essentielle, un pessimisme très joyeux. Un pessimisme qui a le fou rire, si vous voulez. Au fond de tout cela, bien sûr, il y a une intuition de l’absurdité... » (Marguerite Duras, extrait d’une séance de travail avec Marguerite Duras, enregistré par Claire Deluca, à Neauphle-le-Château en 1967.) »
Jean-Marie Lehec, adaptateur, metteur en scène et comédien
« Une promenade, un rendez-vous, pour deux « impudiques », deux tonalités qui, rapidement, n’en font qu’une. Pas de « personnages », certes, mais une affinité immédiate. Qui est-il ? Qui est-elle ? Aucun préjugé, une infinie délicatesse et bienveillance envers cet « hôte » fraternel. Une succession de petits riens sans conséquence, parsemés de « moderato cantabile » hors texte, qui révèlent en gestes échappés les fluctuations intérieures de nos protagonistes... des brins d’humeur, risqués sur des climats sonores aux registres étranges et dans une lumière insolite. Une folie ordinaire, sans tapage, communicative... un vertige des mots, de grands remue-ménages, peut-être. Tout se dire joyeusement, de concert, sans entrave, sans souci du sens et des relations entre les choses, dans une insouciance heureuse, pour la seule réalité enjouée d’instants de liberté. La vie tranquille, « La vie matérielle », possibles comme va la vie qui va, aux spasmes inavoués, fugaces, trop souvent et trop honteusement retenus. »
Jean-Marie Lehec
« Marguerite Duras m’a transmis l’essentiel de ce que je devais savoir pour être en « intimité » avec ses personnages, mais pas tout. Elle disait : « Leur mystère, c’est cette faculté fantastique de fabulation, d’où ça vient ça, hein ? Si vous savez d’où ça vient, vous ne pouvez plus le faire. » Approcher l’indicible en étant au plus juste, dans la simplicité des mots, pour que le comédien puisse rester au plus secret de lui-même, dans une disponibilité d’écoute et de partage. C’est ce vers quoi nous allons depuis plusieurs années avec Jean-Marie Lehec. L’empathie et l’amitié facilitent notre travail vers cette « extrême simplicité » que voulait Duras. Je retrouve avec Jean-Marie le même plaisir de travailler dans les rires et le bonheur que j’avais connus avec Marguerite Duras dans les années où elle était avec nous en toute liberté, attentive et amicale. Elle était heureuse de faire rire pour la première fois, de venir chaque soir au théâtre pour partager ce rire avec le public ; elle disait « C’est merveilleux ! ». »
Claire Deluca
L’HOMME : Moi, j’ai sept enfants en bas âge. Je suis bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine. J’ai une situation en vue, une femme superbe, une Mercedes-Benz, du temps à ne savoir qu’en faire, et puis aussi des trucs, des trucs, des tas... oui, des trucs, des trucs, des tas... du mobilier, de l’immobilier... de l’immobilier de première classe avec tout l’confort moderne, salles de bains, bibliothèques au kilomètre ! Une femme, légale et sexy, des enfants, des enfants, des filles, des garçons, des garçons, des filles, des...
LA FEMME : C’est rare, ça.
L’HOMME : Très. Et puis du temps. Oui, pour penser, du temps, du temps... des tonnes... et UN parc. Un parc avec... un cèdre du Liban, un pommier de... un poirier, un rosier, de l’herbe, de l’herbe... tout, j’ai tout, tout. Et non seulement j’ai, mais je fais, je fais, j’agis, je m’actionne. Je fais. Je pense. Je varie. Quelquefois je pense je pense je pense. Quelquefois je fais je fais je fais. Quelquefois je pense à ce que je fais, quelquefois non, je fais ce que je pense, je pense, je fais, je pense, je pense, je fais, quelquefois j’en ai marre, j’en ai
marre... marre.
LA FEMME : Quelquefois vous disiez ?
L’HOMME : Quelquefois je confonds. Je veux penser, j’me trompe, j’confonds, j’m’embrouille, j’suis désespéré, au lieu de penser, là, bien tranquille sur mon beau rocking-chair, j’prends des boulons et j’te les visse dans tout ce que j’trouve, je les visse, je les visse, je les visse complètement, jusqu’au bout, jusqu’à devenir fou... Le soir je tiens plus debout, j’en peux plus, j’en ai marre, marre, je m’dis pourquoi ? J’me d’mande pourquoi j’ai vissé des boulons comme ça toute la journée ; pourquoi ? Pourquoi ?
LA FEMME : La vie, ça.
L’HOMME : Je me demande pourquoi j’m’fais une vie de chien à visser mes boulons comme ça au lieu de penser sur mon rocking-chair...
LA FEMME : Mais puisque ça vous arrive sur votre rocking-chair, faut pas vous frapper...
Ce spectacle est un joli moment poétique et un peu hors du temps. Claire Deluca est touchante.
merci aux acteurs drôles!
Pour 1 Notes
Ce spectacle est un joli moment poétique et un peu hors du temps. Claire Deluca est touchante.
merci aux acteurs drôles!
75, boulevard du Montparnasse 75006 Paris