La Grande fugue, qui fait partie des derniers quatuors à cordes que Beethoven écrivit peu de temps avant sa mort, est pour Emmanuelle Vo-Dinh d'une modernité et d'une complexité folles.
Il ne s'agira pas de danser sur la musique de La Grande fugue, mais plutôt d'en analyser sa structure et de mettre en commun une polyphonie de visions sur l'oeuvre, celles de Frédéric-Yves Jeannet écrivain, Zeena Parkins compositrice, Laurent Pariente scénographe, Françoise Michel éclairagiste.
Emmanuelle Vo-Dinh retrouve pour CROISéES ses complices de Sagen, pièce donnée au Théâtre de la Cité internationale en 2002. Elle aime comprendre ce qui se passe à l'intérieur des êtres, elle aime lire dans les pannes et les silences pour mieux comprendre le fonctionnement de l'esprit et du corps.
Ici, c'est la structure d'une oeuvre qu'elle va interroger.
La compagnie Sui Generis est en résidence depuis 2001 à La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc.
J'ai choisi pour CROISéES de mener une réflexion à partir et autour de la Grande Fugue de Beethoven. Cette pièce, qui fait partie des derniers quatuors à cordes que Beethoven écrivit peu de temps avant sa mort, relève d'une complexité sans égale, mais aussi d'une modernité incroyable.
Ce n'est pas sans questions que j'ai souhaité travailler à partir de cette oeuvre, en sachant tout particulièrement qu'il était utopique de vouloir l'« égaler » d'un point de vue chorégraphique. Il ne s'agira donc pas pour CROISéES de danser « sur » la Grande Fugue, mais plutôt, dans un premier temps d'analyser sa structure, pour mettre en oeuvre un travail en commun et tenter une polyphonie des genres. C'est en ce sens que j'ai proposé à Frédéric-Yves Jeannet et à Zeena Parkins de travailler sur CROISéES.
Frédéric-Yves Jeannet est un « habitué » des structures musicales, puisque son livre Charité prend lui même appui sur le Messie de Haëndel... C'est donc avec un intérêt certain que ce challenge l'a séduit pour imaginer une création littéraire en adéquation avec l'oeuvre de Beethoven.
Zeena Parkins, a elle même suggéré de respecter la forme de la Grande Fugue, et c'est avec cette «contrainte» qu'elle a décidé de composer sa « partition ».
J'ai demandé à Laurent Pariente de réfléchir à un espace scénographique qui rendrait compte de l'aspect polyphonique de cette approche, à l'image de ce que j'imagine chorégraphiquement.
Enfin, en suivant pas à pas les différentes étapes de construction de la pièce, Françoise Michel a également décidé de s'investir en amont sur la mise en lumière de ces espaces, donnant ainsi à CROISéES une possibilité supplémentaire de développer une véritable « gamme chromatique ».
C'est dans la mixité et la confrontation de nos «disciplines» que nous pourrons je l'espère donner vie à CROISéES, et tenter d'approcher la densité émotionnelle de cette Grande Fugue.
Emmanuelle Vo-Dinh
17, boulevard Jourdan 75014 Paris