En attendant Jenny Driver

Une surprise parfaite
La genèse
Parler d'amitié

• Une surprise parfaite

Jenny Driver a trente ans. Ils sont tous là pour une surprise parfaite : ses amis, ses amours, ses emmerdes… et Jenny qui n’arrive toujours pas !

Une comédie délurée et émouvante qui parle de l’amitié… la vraie.

• La genèse

A l’aube du premier jour, Dieu inventa Jenny Driver (Dieu c’est moi !) : « Elle serait une jeune femme de trente ans, marseillaise jusqu’au bout de ses ongles trop vernis, vulgaire elle sera, et maquillée comme un happening pictural des années soixante-dix elle sera, mais généreuse et passionnée elle sera ! » Ca fait beaucoup de « sera » quand même. « Dieu a le droit d’utiliser la répétition de certains mots s’il le juge utile, après tout Dieu a inventé l’écriture… » Bref cette Jenny Driver quelle belle humanité ! Ce personnage, merveilleusement et joyeusement et puis subtilement incarné par Véronique Balme ne devait exister que le temps d’un cluedo géant mais je ne voulais pas qu’il disparaisse. On ne voulait pas qu’elle disparaisse. D’abord parce que Véronique était drôle, il fallait exploiter ça jusqu’au bout et surtout lui prouver que ce n’était pas malgré elle…

Véronique Balme : « Oui, mais moi je voudrais dire du Racine, et puis j’suis pas drôle… »
Karine Dubernet : « Mais si… puis merde, Racine il est mort avant l’apparition du soutien gorge… puis avec Andromaque t’es pas prête de faire l’Olympia… »
Véronique Balme : « Mégalo… »
Karine Dubernet : « J’ai entendu… Alors tu diras du Dubernet, j’te dis que t’es drôle… »
Véronique Balme : « Bon d’accord, flûte ! »

Oui Véronique ne dit jamais de grossièretés hormis «flûte». Bref, c’était parti pour lui inventer une vie à cette Jenny Driver, lui trouver des amis, des envies, des emmerdes aussi ça va avec. Jenny Driver méritait de vivre alors En attendant Jenny Driver est né.

Il lui fallait des humains aussi beau qu’elle pour faire partie de sa vie, oui car qui s’assemble se ressemble d’après moi. Et ceux qui diront le contraire ont sans doute peur de se l’avouer ils doivent être entourés de blaireaux certainement. Donc de beaux humains. « Beaux » c’est quoi ? Eh bien, « beaux » pour moi c’est comme une pizza… Pleine de chose dessus : des champignons, des anchois, de la tomate plein de choses qui n’ont rien à voir. Ben oui, les anchois ça pousse pas au même endroit que les tomates et la pâte à pizza c’est fait avec du blé qui pousse dans un champ, alors que le fromage, lui, vient de la vache qui elle broute de l’herbe… Stop.

Bref une pizza. De la diversité, du paradoxe, de l’incompatible. Les personnages seraient comme ça : une godiche qui embaume les morts, un VRP homosexuel, une factrice transsexuelle, un pizzaïolo arménien mais pas trop et Jenny Driver « caissière chez carrouf » mais qui rêve de devenir comédienne. C’est quoi ce tableau ? Et bien sûr, ils se réuniraient par exemple pour l’anniversaire surprise de Jenny. Ils ne se supporteraient pas mais se sentiraient obligés de rester dans la même pièce. Et bien oui ! Ce sont les situations les plus impossibles, les plus alambiquées, les plus improbables qui sont les plus drôles, parce que la vie est comme ça : inattendue, grotesque, souvent surréaliste. Et c’est drôle. Ces personnages qui ont l’air de caricatures, n’en sont pas, où bien nous sommes tous des caricatures peut-être. Tenez pour faire court je me citerai moi-même dans le texte : « On a tous une étiquette collée dans le dos, y’en a juste qui le savent pas. » Ce que c’est vrai ça !

J’en reviens pas comme c’est vrai. Voilà, le thème de cette pièce c’est peut-être ça. Comment vivre avec ses apparences, avec ses espérances, et comment réunir le tout pour mener sa barque le plus loin possible. Oui, tous les cinq sont névrosés, certains ont peut-être même étaient victimes d’une dépression, une vraie avec volonté d’en finir. Et ça intéresse qui ? Eh bien tout le monde, tant qu’on peut rire du désespoir individuel des autres on oublie le sien ou on se rassure, « Ah bon, c’est pas si grave d’être comme ça au fond et puis il y en a d’autres qui sont comme moi… ouf ». Oui, ces cinq paumés pourraient être n’importe qui, ils sont n’importe qui, ils sont humains : ils vont faire ce que l’humanité toute entière ne cessera de faire, c’est à dire se rassurer sur ce qu’ils sont, sur ce qu’on voit d’eux, se rapprocher des autres pour mieux se rassurer eux même, là je plagie ma psy, au prix que ça me coûte !

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• Parler d'amitié

Mettre en scène En attendant Jenny Driver, c’est avant tout parler de l’amitié. A l’heure où la psychanalyse fait rage et devient le pilier de l’équilibre et de la santé mentale, Jenny prouve que parfois les liens solides, les mots et les personnes suffisent à vous tirer vers le haut et vous font devenir quelqu’un.

Il n’y a pas à mettre en scène En attendant Jenny Driver, il y a juste à se souvenir de ces personnes qui en croisant vos vies ont donné un sens et ont fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Nous nous sommes souvenus de ces gens qui ont marqué nos vies. Chacun d’entre nous a les siens et Jenny à elle seule, les personnifie tous. Et de toutes façons avec les comédiens qui nous accompagnent c’est pareil… une histoire d’amitié.

Alors tout est réunie pour que ça aille et nous le jurons… Avec Jenny ça va aller.

Florence Savignat et Guillaume Bouchède

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