« Convoquons des oiseaux et peu importe si leur tapage infléchit la musique. Disposons deux volières au-dessus de nos têtes, au-dessus de la musique même et écoutons ce qui advient. La rencontre se fera inévitablement en fin de concert lorsque l’ensemble Cairn jouera Puccini alla caccia, musique de Francesco Filidei pour 10 instrumentistes jouant des appeaux. » Ce fut l'idée première. Je me dis finalement : « concevons un concert qui rallierait les musiques nombreuses qui ont cru entendre dans les chants d’oiseaux des musiques tournoyantes et inversement. ».
Oiseaux tristes de Maurice Ravel, pour piano seul
Rêve de vol de Jean-Luc Hervé, pour clarinette et alto
La poule de Jean-Philippe Rameau, pour piano seul
AAA de Philippe Leroux, pour flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle, piano et percussions
Gagliarda de Francesco Filidei, pour violoncelle
Concertino per il flauto ed il violino, en trois mouvements, pour 6 musiciens
Intermezzi de Misato Mochizuki, pour flûte et piano
Puccini alla caccia de Francesco Filidei, pour 9 instrumentistes jouant des appeaux
Pour ce concert, nous imaginons accueillir le public avec l’étude électroacoustique Tobi Ishi (le mur aux oiseaux) écrite par Jean-Luc Hervé pour le projet d’aménagement du jardin de la Cité Internationale des Arts. Le noir se fera alors et ces champs d’oiseaux deviendront musique puisque la bande se définit ainsi par la lente transformation de chants d’oiseaux en sons électroniques. Une seconde pièce de ce compositeur, grand amateur d’ornithologie, Rêve de vol pour clarinette et alto, viendra faire écho à ce mur d’oiseaux qui se définit par la multiplication de grappes de sons brefs et aigus.
Nous n’imaginons pas tel concert sans la musique de Francesco Filidei, compositeur italien qui glisse dans nombre de ses partitions quantité d’appeaux aux noms improbables pour qui n’en a pas la science : Appeau à eau soufflé Rossignol / Appeau manuel Poule d’eau... Puccini alla caccia écrite pour l’ensemble Cairn et encore jamais jouée en concert se veut une instrumentation de la Valse de La Bohème de Puccini, mais n’est plus en fait qu’une pièce pour 10 appeaux… En regard de La poule de Jean-Philippe Rameau, nous avons souhaité programmer AAA de Philippe Leroux dont le début se veut l’écho direct de la pièce hommage au gallinacé. Oiseaux tristes de Maurice Ravel, dira l’attachement de la musique française (Messiaen donc, mais aussi Michaël Lévinas) à la figure de l’oiseau. Oiseaux tristes disait Ravel, « oiseaux perdus dans la torpeur d'une forêt très sombre aux heures les plus chaudes de l'été ».
L’ensemble Cairn existe depuis 1997. Jérôme Combier en est le directeur artistique, Guillaume Bourgogne le directeur musical. Il se donne pour aspiration et objectif la conception de concerts mettant en valeur la musique de son temps, mais ne souhaite jamais se dépendre d’une certaine mise en page du concert. Celui-ci est alors conçu -à l’image d’une composition- comme un lieu de questionnement dont l’enjeu sera de trouver une unité de programme, un ordre des oeuvres jouées, de penser aux enchaînements, aux déplacements des musiciens, de réfléchir sur les possibilités qu’offre la salle de concert. Par ailleurs, pour certains concerts imaginés, Cairn souhaite mettre la création musicale en regard d’un répertoire plus large, mais aussi, lorsque le projet est fondé, de la confronter à d’autres formes d’arts (arts plastiques, photographie, vidéo), voire à d’autres types de musiques.
210, rue de Belleville 75020 Paris