Et la démocratie, bordel !

Ivry sur Seine (94)
du 6 au 27 avril 2006

Et la démocratie, bordel !

C’est l’histoire de trois vagabonds qui vivent dans une décharge publique, sous un pont, où passe un fleuve. Fatigués de cette situation, ils décident d’inventer un jeu. Pendant une semaine l’un d’eux sera roi, et gouvernera avec tous les pouvoirs absolus. Puis une fois la semaine passée, il rendra son mandat et ils changeront les rôles… Cette pièce écrite en 1973 à Santiago du Chili est à la fois une fable, un miroir des luttes de pouvoir au Chili, une nouvelle épique et une œuvre intime.
  • Le jeu du pouvoir

C’est l’histoire de trois vagabonds qui vivent dans une décharge publique, sous un pont, où passe un fleuve comme la Seine. Fatigués de cette situation, ils décident un jour d’inventer un jeu.

Afin de goûter aux délices du pouvoir, et comme ils n’ont pas d’argent pour se payer un domestique, ils se mettent d’accord et décident que pendant une semaine l’un d’eux est roi, et gouverne avec tous les pouvoirs absolus, et l’autre est son vassal, son domestique… Puis une fois la semaine passée, il rend son mandat et ils changent les rôles… C’est au tour de l’autre de devenir roi…

  • Note d’intention

C’est assurément une œuvre multi-facettes et à lecture multiple. Elle est aussi simple et drôle qu’une fable ou un conte pour enfants, aussi dense qu’une chronique historique, aussi complexe qu’une nouvelle épique et aussi intime qu’une œuvre de Tenessee Williams.

Comme fable, elle met en scène Watussi et Ñafle, deux clochards qui jouent à être roi, à tour de rôle. Mais Watussi, celui qui devient roi le premier, s’enthousiasme et refuse d’abandonner sa charge. Et quand ils intègrent un troisième larron dans le jeu, Soñajeras, celui-ci aussi finit par en tirer parti. Moralité : Ne vous y prenez pas !

Comme chronique historique, c’est un miroir des luttes de pouvoir au Chili, et partout ailleurs dans le monde. Quand Watussi décide de rester sur le trône par la force, ce pourrait être Batista, Franco ou Pol-pot. La prémonition du coup d’état de Pinochet, implicite dans cette œuvre, a toujours surpris les Aléphiens, et démontre que des artistes fantaisistes peuvent être plus visionnaires que les sociologues les plus notables.

Comme nouvelle épique, les personnages représentent les grands courants sociaux contemporains. La droite, le centre et la gauche. Une droite qui s’intronise au pouvoir et qui, dès lors, ne cesse de décliner dans l’ambition, l’abus et la répression. Une gauche qui naît soumise, puis comprend l’injustice du modèle et, comme le disait l’oncle Vladimir, « va, s’identifiant à son ennemi, son avant-garde et à ses méthodes de lutte. » Une gauche qui connaîtra la rébellion et les déroutes sanglantes. Un processus dramatique empli de sang, de sueur et de larmes, qui est loin d’être résolu. La réalité n’a jamais octroyé un final convaincant pour un tel drame.

Comme œuvre intime, elle nous offre trois êtres complètement déshérités, ignorants, marginaux, survivants. Psychologiquement, ce sont quasiment des enfants. Ce sont trois solitaires qui s’aiment, mais qui vont tout bouleverser avec le conflit qu’ils ont provoqué sans le prévoir, aboutissant à une relation malsaine due au sinistre jeu. L’œuvre laisse entrevoir la fragilité des relations humaines : combien ça coûte de respecter et construire une loyauté, une amitié, un couple, une tribu, et avec quelle facilité tout peut être réduit en miettes. Finalement, Watusi, Ñafle et Soñajeras cherchent à reconstruire leur relation, mais un passif subsiste.

Mon ami Cifuentes, acteur et cofondateur de l’Aleph au Chili, reconnaît qu’après avoir joué le rôle de Watusi tant de fois : « Le personnage m’enchante. Nous avons tous, comme dit Oscar, un gros bourgeois dans un coin du cœur, assis sur une bergère avec un Chivas on the rocks à sa droite, une gitane allumée à sa gauche et écoutant de la musique nord-américaine en stéréo). La question qui se pose ici c’est, quel prix quelqu’un, comme Ñafle, devra payer pour ce privilège. »

Cette pièce de théâtre, fidèle au style musical de l’Aleph, porte les chorégraphies de Sylvie Miqueu.

Oscar Castro

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Spectacle terminé depuis le jeudi 27 avril 2006

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