À partir de 13 ans.
Ceux qui ne connaissent pas encore la poésie de Fernando Pessoa ne mesurent pas leur chance, car c’est ici un monde qui s’ouvre à eux. Ceux que son œuvre touche déjà en redécouvriront les multiples facettes, dans ce seule-en-scène bouleversant de délicatesse et de drôlerie.
L’œuvre poétique de Fernando Pessoa est comme une « amie de poche » réconfortante, qui rend grâce à toutes les obsessions secrètes de l’espèce humaine. Celui qui écrivait des poèmes avec la sensation de ne pas en être l’auteur – comme habité par toute une galerie de poètes imaginaires guidant sa plume – apparaît ici sous les traits… d’une femme, ceux de la comédienne Aurélia Arto, toute en subtilité.
Dans l’intimité d’une chambre ouverte sur de grands paysages visuels et sonores, elle se démultiplie sous nos yeux, faisant ressortir de chaque « double » ce mélange d’humour et d’étonnement qui n’appartenait qu’à Pessoa lui-même.
« Un prodige se produisit sur scène grâce à la comédienne Aurélia Arto, époustouflante de justesse, de précision, de fougue, de délicatesse, offrant un cri d’amour et d’admiration pour le poète portugais, et pour l’art. » Emmanuelle Saulnier-Cassia, Un fauteuil pour l’orchestre
Je ne peux parler de Fernando Pessoa, ovni poétique par excellence, et de mon envie de le faire entendre sur scène, sans vous faire part d’un petit fragment de mon roman personnel. Il y a déjà plus d'une vingtaine d’années, je versais quotidiennement dans la lecture d’ouvrages philosophiques. Étudiant à la Sorbonne, je parcourais alors tous ces systèmes de pensée nous permettant de comprendre un peu mieux notre monde. Au beau milieu de ces ouvrages théoriques, surgit un jour, presque par hasard, sur ma table de chevet Le livre de l’intranquillité du poète portugais. Je n’arrivais plus à me décoller de cette lecture étrange qui remettait en cause toutes mes certitudes d’apprenti intellectuel. Comment se faisait-il que ma connaissance de Kant ou de Platon ne pût me protéger du trouble dans lequel me mettait cette poésie ? Certaines phrases de Pessoa étaient si paradoxales que les énoncés de la philosophie en comparaison me semblaient ternes : Je me suis rendu compte, en un éclair, que je ne suis personne, absolument personne. Il n'est personne, me semble-t-il, qui admette véritablement l'existence réelle de quelqu'un d'autre.
Imprégné de cette poésie déconcertante, je devenais à mon tour un « intranquille ». Pessoa avait désormais, dans ma vie intime, le statut singulier de grand maître en scepticisme. Sans m’en être rendu compte à l’époque, le trouble qu’avait déclenché en moi ce poète, préfigurait mon projet à venir de basculer du monde philosophique au monde théâtral. Ce goût pour l’incertitude et le doute, tels que les pratique Pessoa, me fit en grande partie choisir l’aventure de la création et quitter le chemin plus paisible, à mes yeux, de la philosophie.
L’idée de mettre en scène Pessoa ne me serait pas venue aussi concrètement si une comédienne, Aurélia Arto, avec qui j’ai travaillée déjà sur plusieurs spectacles, ne m’avait un jour révélé l’attachement très fort qu’elle avait également pour les textes de ce poète. Cette lecture fut pour elle, comme pour moi, un choc. Une telle expérience poétique commune ne pouvait que nous inciter assez naturellement à poursuivre notre collaboration.
Voici ce qu'écrit Aurélia sur son rapport personnel à la poésie de Pessoa :
« L'écriture de Pessoa m'a d'abord fait vivre une expérience intime presque secrète. Consolatrice. Il semble s'adresser à des manies dont nous avons tendance à être honteux. Rêve, attente, latence, mécréance, procrastination. Il sublime ces manies, leur donne sens et vie. Ouvre la porte d'un monde enfoui chez nous, lui tend la main, le reconnaît. Cette écriture ne m'est donc pas apparue d'emblée comme une écriture de plateau, mais plutôt comme une amie de poche. Ensuite, l'humour de ses textes, sa densité, et son aspect protéiforme, m'ont donné envie d'éprouver cette écriture au plateau. Envie décuplée par la possibilité de dire la révolution que propose Pessoa. Nous évoluons dans un cadre qui nous pousse tant à la production, que tenter de faire entendre la beauté, l'utilité salutaire de la gratuité ou du rien me paraît révolutionnaire à moi. Une révolution de tranchées. Sourde et Lente. Je trouve salutaire de donner à entendre cet auteur qui nous propose un ailleurs. Ailleurs que l'efficacité. Ailleurs que la reconnaissance. Chez soi. »
Guillaume Clayssen
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
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Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
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