En russe, surtitré en français.
Eugène Onéguine est un jeune dandy de Saint-Pétersbourg, oisif mais éprouvant un profond spleen. Suite à un héritage, il se retire à la campagne. Pour tromper l’ennui ressenti dès son arrivée, il se lie d’amitié avec un jeune poète, Vladimir Lenski. Il présente Onéguine à la famille Larine, de nobles campagnards. Lenski compte épouser la fille cadette, Olga.
Tatiana, la soeur aînée d’Olga, tombe amoureuse d’Onéguine et lui écrit une lettre. Celui-ci la repousse, s’estimant incapable de la rendre heureuse. Vladimir invite ensuite Onéguine au bal donné à l’occasion de l’anniversaire de Tatiana. Eugène joue les séducteurs auprès d’Olga. Vladimir, se sentant trahi, demande reparation : un duel au pistolet a lieu le lendemain aux aurores entre Onéguine et Lenski, touché d’une balle mortelle. Regrettant cette mort absurde, Onéguine quitte la campage. Dans le même temps, Tatiana s’installe à Moscou avec sa mère et où elle épouse par intérêt un vieux général. Quelques années plus tard, Eugène rencontre lors d’une réception Tatiana et regrette instantanément d’avoir refusé son amour. Déterminé, il rend visite à Tatiana et la surprend, pleurant à la lecture de la lettre qu’il lui a envoyée. Elle lui avoue l’aimer encore mais elle restera fidèle à son époux.
Eugène Onéguine de Pouchkine est le premier roman en vers de l’histoire. Le lecteur est aujourd’hui encore excité à l’idée de saisir les nuances et subtilités de ce genre littéraire inhabituel. Le roman a une origine épique, et transcrit une certaine vision du monde, une réflexion philosophie autour du cours de l’histoire. La structure en vers présuppose quant à elle une inspiration lyrique, qui engage un tête à tête intense entre le lecteur et les thèmes abordés dans le roman - l’amour, l’amitié, l’égoïsme, la tricherie, la sagesse et la réconciliation avec la vie. Le roman révèle aussi la personnalité brillante de Pouchkine.
Dans Eugène Onéguine, Pouchkine tisse admirablement ces deux aspects du roman. Son oeuvre est devenue une représentation à ce jour inégalée de la poésie russe, exaltant lecteurs exigeants et novices. Eugène Onéguine a été traduit dans plusieurs langues. À chaque fois, les traducteurs ressentent ce même désarroi à l’idée de ne pas retranscrire la simplicité, la force et la poésie des mots de Pouchkine.
La poésie de Pouchkine évoque des sentiments auprès de chaque lecteur, qu’importe sa culture et son milieu social. L’auteur renouvelle librement les thèmes et images du romantisme européen ; son héros vit – de même que d’autres personnages fictifs du temps de l’Empire russe – au carrefour des traditions culturelles, sans perdre pour autant de vue son identité nationale. Si la jeune Tatiana est élevée par une gourvernante française, utilise en famille la langue française et lit de nombreux romans anglais, elle reste au plus profond d’elle-même une provinciale russe.
Eugène Onéguine jouit aujourd’hui d’une renommée mondiale, grâce notamment à l’opéra de Tchaïkovsky. La renommée de cet opéra est telle qu’il éclipse parfois le roman de Pouchkine. Adapter au théâtre Eugène Onéguine pose un vrai défi au metteur en scène, tenté de se référer à l’oeuvre de Tchaïkovski. De plus, la poésie étant aujourd’hui de moins en mois populaire, comment mettre en scène cette histoire en vers d’amour et de trahison ? Face à ces défis, oser adapter Pouchkine s’avère être une aventure plus fascinante que jamais.
« Rimas Tuminas a fait d’Eugène Onéguine au Vakhtangov, une oeuvre embaumée de neige et de tristesse, de mort et de miracle, de déception et d’espoir... » Alena Karas, Ross iskaya gazeta
« Avec Eugène Onéguine, Rimas Tuminas joue une brillante partie d’échecs avec Pouchkine, aux rebondissements et déplacements innatendus. La pièce évoque les hommes, leurs passions, leurs valeurs, qui ont à peine changé depuis l’époque de Pouchkine. Ce jeu d’échecs est guidé par un artiste à l’imagination incroyable. » Marina Raikina, Moskovskij lomsomolets
« Quelques mots suffisent à décrire Eugène Onéguine de Rimas Tuminas : c’est un travail exceptionnel. Tuminas n’a rien perdu de la valeur encyclopédique du roman et de tous les champs du possible qu’il ouvre. C’est un théâtre en vers qui sonne clair, très libre et aérien, comme il se doit avec Pouchkine. Tuminas ne néglige ni l’espièglerie de Pouchkine, ni la tristesse, ni la mélancolie. » Grigori Zaslavski, Nezavismiaya gazeta
« Avoir de belles idées pour mettre en scène Pouchkine est un pari risqué. Mais le théâtre Vakhtangov l’a fait. Maintenant, ils sabrent le champagne. Eugène Onéguine est un événement. » Anna Balueva, Komsomolskaya pravda
« C’est curieux cette façon drôle et sentimentale, avec ses paroles et ses non-dits, ses objets et ses procédés modernes, avec laquelle Tuminas crée cette « encyclopédie de la vie russe» sur scène, avec ses incertitudes, son malheur d’avoir trop d’esprit, ses idiots et ses routes, ses femmes passionnées et ses hommes fatigués, plongés dans leurs pensées avec leurs rêves magiques et les verdicts bien réels du destin. » Irina Alpatova, Novie Izvestia
« On dirait un rêve dans lequel les personnages se désagrègent et se reconstruisent, où le cauchemar côtoie de douces rêveries érotiques. On a envie de rester dans ce spectacle comparable à un rêve merveilleux : ce monde imaginé par les auteurs, fragile et discret, nous serre le coeur et nous enchante comme les figurines d’une boîte à musique. » Kseniya Larina, Novoe vremia
« Cette mise en scène est un de ces rares phénomènes aujourd’hui visibles dans la création théâtrale russe. Et qu’il est important de décrire en détails, pour tous les spectateurs qui n’auront pas la chance de le voir. Seul un génie a le droit d’adapter Pouchkine, dont la poésie est une expérience à vivre intensément. » Vera Maximova, Beauty planet
« Ces merveilleux acteurs russes qui, de génération en génération, renouvellent une école de jeu qui n'a pas peur de l'émotion. » Fabienne Darge, Le Monde, le 29 janvier 2014
À la fin de l’année 1913, un groupe d’étudiants moscovites se rassemble et crée une troupe d’avant-garde. Eugène Vakhtangov, un comédien de 31 ans et metteur en scène au Théâtre d’art, réputé meilleur professeur de l’école Stanislavski, fut le premier à épauler l’aventure de ces artistes. En 1914, ils mirent en scène la pièce de Zaïtsev La Demeure des Lanine mais les autorités du théâtre d’art interdirent à Vakhtangov de poursuivre ses activités avec des étudiants non-professionnels. Vakhtangov avait ce rêve de diriger son propre théâtre, qu’il imaginait comme suit : « Jolis visages. Yeux gentils. Expressions timides. Tendrement et avec attention, nous allons dans une seule direction. Honnêteté et amour. Sentiment de sainteté. Rien de grossier, rien de violent. »
Le 13 septembre 1920, le Théâtre d’art accepte que Vakhtangov mène à bout son projet. Il crée le troisième studio du Théâtre d’art. Le Miracle de Saint Antoine, pièce de Maurice Maeterlinck mise en scène par Vakhtangov, est joué à l’ouverture du théâtre.
En 1922, la troupe joue La Princesse Turandot de Carlo Gozzi, une pièce phénomène à cette époque. Dans sa mise en scène gaie et réjouissante, Vakhtangov érige la vie et l’amour, à peine quelques temps avant sa mort foudroyante. Vakhtangov n’a jamais souhaité créer une méthode comme a pu le faire Constantin Stanislavsky. Le théâtre est rebaptisé Vakhtangov en 1926.
Dans le même temps, le début de l’époque stalinienne obligent le Théâtre Vakhtangov à faire l’éloge du léninisme dans ses spectacles. Lors de la Seconde guerre mondiale, une bombe endommage fortement le théâtre. La troupe est évacuée à Omsk le temps des travaux.
Avec le durcissement idéologique d’après-guerre, les spectacles légers, trop intellectuels ou psychologiques furent proscrits. Mais le Théâtre Vakhtangov ne ferma jamais ses portes, contrairement au théâtre Kammerny. En 1963 à l’occasion du centenaire de la naissance de Stanislavski et des quatre-vingts ans de Vakhtangov, Rouben Simonov, directeur du théâtre, reprit La Princesse Turandot. Son fils Eugueny lui succédera à la direction, avant d’être remplacé de 1987 à 2007 par l’un des principaux acteurs de la troupe, Mikhaïl Oulianov.
Le directeur artistique actuel est Rimas Tuminas. Le Théâtre Vakhtangov est aujourd’hui réputé pour sa recherche permanente d’esthétiques et de mise en scène innovantes. Il est aussi le théâtre le plus fréquenté de Moscou.
En 2012, Rimas Tuminas a ouvert le premier studio du théâtre Vakhtangov, réservé aux étudiants de différentes écoles théâtrales. Les spectacles sont joués dans l’ancien foyer du théâtre, où une scène a été mise en place pour un nombre réduit de spectateurs. Le studio est devenu un maillon entre l’École, la petite et grande salle du théâtre.
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)