C’est la guerre de trente ans (1618-1648) décrite par l’un de ses témoins directs et l’un de ses acteurs principaux :
le cardinal de Richelieu.
Chantre de la raison d’État autant que de la prééminence culturelle française, le ministre nous rejoue en alexandrins, d’une manière amusante et naïve, le « concert – discordant – des nations » européennes, en les personnifiant sous les noms évocateurs de Francion, Ibère, Italie, Albion, Germanique, Lorraine et Europe.
Tout ce petit monde – qui est déjà l’ancien par rapport au nouveau monde, de l’autre côté de l’Atlantique – s’aime, se déchire, fait des alliances, les renie, au gré des événements sanglants qui plongent le continent dans les malheurs d’une nouvelle guerre de religions. Ibère, le méchant espagnol, quoique puissance catholique comme la France face aux états protestants du Nord,
veut dominer et posséder Europe, mais cette dernière a pour chevalier servant le valeureux Francion qui va la libérer du tyran.
Pièce de propagande, l’Europe de Richelieu justifie les conquêtes de Louis XIII et glorifie le roi sous les traits du valeureux Francion, nouvel Hercule gaulois, qui
« fait la guerre pour avoir la paix ». Car c’est bien la paix qui sort victorieuse du combat des armes et des cœurs, une paix que proposent Francion et Germanique, préfigurant ainsi il y a trois siècles la réconciliation franco-allemande scellée entre le général de Gaulle et le chancelier Adenauer, le 8 juillet 1962, lors de la grande messe en la cathédrale martyre de Reims…
Christiane Marchewska
60, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris