New York 53. Jakob Bronsky, fraîchement débarqué d'Europe après avoir survécu aux déportations, est un exilé en quête de résilience. Mais l'Amérique fantasmée n'est pas à sa portée, il n'adhère pas au rêve américain. Alors c'est par l'écriture de son roman sur la Shoah qu'il tente de guérir. Il décrit avec humour et légèreté sa condition de migrant, errant entre les jobs minables, les putes, les plans pour tromper la faim et écrire son futur best-seller : Le Branleur.
Par le théâtre du Rictus.
« Nul doute que l'écrivain juif allemand (...) ne se soit inspiré de son propre parcours (...) dans ce texte où il ne rechigne ni à l'humour ni au grotesque. » Télérama sortir
« L’adaptation est construite sur la structure du double. L’homme qui parle se présente comme un certain Bronsky mais il n’est peut-être pas Bronsky. On ne sait jamais si c’est un autre ou bien lui-même, sans savoir non plus qui a raté sa vie et qui l’a réussie. Laurent Maindon a su développer son spectacle sur cette ambiguïté et donner une fascinante continuité variée à la succession des scènes. (...) Les ambiances sont toutes cuisinées avec soin. Les mots ont de la couleur, de l’impudeur et de la pudeur. C’est remarquable. » La Dispute d’Arnaud Laporte, France culture
« Hilsenrath appuie là où ça fait mal, et ici la provocation le dispute au rire noir, comme dans son réjouissant «Le Nazi et le Barbier ». Adapté et mis en scène par Laurent Maindon (plateau nu, usage de la vidéo bien dosé, cinq comédiens multitâches), le texte interroge, avec un humour cruel qui ressemble à la politesse du désespoir, la migration et l’exil, il résonne bien étrangement aujourd’hui. » ELLE
« Laurent Maindon porte à la scène le sulfureux roman d’Edgar Hilsenrath. Intelligente adaptation, belle inventivité scénique, comédiens inspirés et protéiformes : un excellent spectacle ! » Catherine Robert, La Terrasse
J’ai découvert l’oeuvre d’Edgar Hilsenrath en lisant le Nazi et le Barbier, roman picaresque et d’une liberté infinie qui ose parler de l’holocauste avec une absence de complexe à couper le souffle. L’important, pour l’auteur, n’est pas de sanctifier les juifs mais de parler de la condition humaine, de ses travers, de ses perversités mais aussi de ses rêves, de ses angoisses et des conditions de sa survie. J’ai alors poursuivi ma lecture de ses autres romans (Nuit, Le conte de la dernière pensée, Le Retour au pays de Jossel Wassermann…) Puis je suis tombé sous le charme de Fuck America alors même que je cherchais à travailler à l’adaptation d’un roman.
L’univers du New York des années 50, l’exil de cet écrivain en devenir, l’humour et la profondeur de ce personnage, Jakob Bronsky, la liberté de ton d’Hilsenrath ont résonné avec mes interrogations actuelles de metteur en scène. Comment prendre une distance poétique pour parler de l’exil et de la migration sans systématiquement coller à la réalité médiatico-journalistique ?
Aujourd’hui il nous importe de nous interroger sur ces mouvements de population, tragiques, mus par la barbarie qu’elle soit d’origine religieuse, politique ou économique. Comment les franchissements de frontière deviennent des actes héroïques de survie, animés bien souvent par la peur ? Pourquoi ces migrations créent elles invariablement chez les populations d’accueil des angoisses maladives de perdre sa propre identité culturelle, d’être dépossédé de sa propriété privée (je ne parle pas uniquement des biens) ? Que se joue-t-il de part et d’autre dans ces franchissements de frontière ? Quelles secousses sur soi ces déracinements provoquent-ils ?
Notre projet tient en quelques mots : adapter un roman dont la structure narrative est essentiellement composée de monologues intérieurs et de dialogues, restituer la spontanéité des événements en créant un dispositif vidéo sobre et maniable pour passer d’une situation à l’autre dans l’instant et permettre des dialogues entre l’écran et les personnages sur scène, conserver un rythme soutenu dans l’enchainement des scènes afin de conserver la pression qui environne cet exilé, tout cela avec une équipe réduite à 5 comédiens sur scène, voilà le prochain projet du Théâtre du Rictus qui entame avec Fuck America un projet plus vaste autour de l’exil et la migration.
Laurent Maindon
J'ai découvert un grand auteur que je ne connaissais pas du tout. Les comédiens sont très bons, mise en scène très sobre. A recommander pour la prochaine fois.
Pour 1 Notes
J'ai découvert un grand auteur que je ne connaissais pas du tout. Les comédiens sont très bons, mise en scène très sobre. A recommander pour la prochaine fois.
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