Le « fantastique » Frank Hardy, qui guérit par l’imposition de ses mains sillonne les villages reculés d’Écosse et du Pays de Galles. Avec sa compagne Grace et son imprésario Teddy, il assure chaque soir le spectacle de ses dons exceptionnels, recourant au whiskey pour calmer ses angoisses. De retour en Irlande, dans un pub de Ballybeg, la vie de ses trois saltimbanques va soudainement basculer…
Crée en 1986 au Lucernaire par Laurent Terzieff et jamais rejouée depuis, Guérisseur fait de nouveau entendre la voix de Brian Friel, le Tchekov irlandais dans cette pièce mystérieuse et envoûtante. Mise en scène par Benoit Lavigne et portée par une magnifique distribution dont Xavier Gallais, c’est un voyage entre mensonges et vérités, rires et larmes, fictions et réalités. Histoire d’amour et de mort, exploration du pouvoir de l’artiste, récit croisé de trois solitudes, Guérisseur est une œuvre théâtrale poétique et fascinante.
Distribution en alternance. Texte français d'Alain Delahaye.
Guérisseur est l’une des pièces les plus fascinantes de Friel. Pas de réelle intrigue, pas de dialogues, et pourtant le spectateur a l’impression d’un théâtre extraordinairement vivant, d’une richesse humaine inépuisable. Dans une succession de quatre monologues, trois personnages (Frank le guérisseur, Grace sa femme - ou sa maîtresse ? - et Teddy l’imprésario) racontent la même histoire, celle d’un Irlandais doué du pouvoir mystérieux de guérir par l’imposition des mains. Mais dans le détail les récits divergent parfois profondément, et il devient vite impossible de connaître l’exacte vérité.
Réflexion inquiète (mais souvent pleine d’humour) sur le rôle de l’artiste, sur la solitude et sur la douleur de vivre, Guérisseur est une pièce unique en son genre, qui éveillera en chaque spectateur des échos profonds et durables. Brian Friel (1929 - 2015) a été le plus grand dramaturge de son temps. Encore peu connues en France, ses oeuvres sont jouées partout à travers le monde.
Alain Delahaye
J’aime le théâtre de Brian Friel, cet univers terrien, rugueux qui est le sien, empreint de mysticisme et de légende, profondément ancré dans l’histoire et la culture de son pays l’Irlande. J’aime son écriture théâtrale poétique et envoûtante qui nous offre le portrait d’hommes et de femmes souvent en marge de la société, en manque d’amour et désespérés. On pense à Tchekhov, parce que comme lui, Brian Friel met l’humain au coeur de son récit, et nous raconte avec tendresse ces blessés de l’existence, ces médiocres qui pour vivre se réfugient dans le mensonge et l’illusion. Jamais il ne les juge mais toujours il les dépeint avec respect et humanité.
Sous la forme de quatre monologues, s’adressant au public, les protagonistes témoignent et se racontent. Ils sont sous nos yeux à la fois auteurs et acteurs de leur récit. Tous mentent et dans leurs mensonges se trouve la vérité, leurs vérités.
Blessés, rejetés d’une communauté elle-même au bord de l’effondrement, ces personnages se réfugient dans le langage et l’illusion pour continuer à survivre. Ils sont des exilés qui se cherchent ailleurs mais qui sont à tout jamais prisonniers de leur passé, du foyer et du pays qu’ils ont quittés. La métaphore est claire, le guérisseur c’est l’artiste qui doit tous les soirs envoûter son public, capter son imagination, et lui faire croire à l’impossible. C’est aussi l’homme de pouvoir qui apaise les souffrances et illumine les êtres. Il est celui en qui les autres croient mais qui doute de lui-même, qui est en perpétuel questionnement, un être torturé et en souffrance qui ne trouvera le repos et la paix qu’à travers le sacrifice ultime, la mort.
Pièce inépuisable et mystérieuse, elle fait de l’artiste un charlatan ou un faiseur de miracle. Elle met en scène les fictions renouvelées de nos mémoires, elle est une parabole sur l’exil et le retour au pays et mille autres choses encore. Guérisseur est une oeuvre insaisissable, multiple et fascinante. Dans une magnifique traduction d’Alain Delahaye, Guérisseur offre aux acteurs une partition complexe mais extraordinaire. J’ai souhaité confier ces rôles à des acteurs tels que Xavier Gallais, Thomas Durand, Bérangère Gallot et Hervé Jouval ayant partagé avec moi plusieurs spectacles, ayant déjà entre eux une complicité naturelle et une tendre affection. J’ai voulu créer ce spectacle dans l’intimité de la salle Paradis, dans un décor dépouillé, fait de quelques chaises et d’une simple bannière pour que le spectateur puisse mieux entendre cette histoire, en saisir chacune des subtilités et qu’il soit surtout au plus près de ces vies racontées. Espace vide où rien n’est représenté, où tout est évoqué, où l’acteur et le texte sont seuls au centre de la création.
Les musiques et les lumières nous feront voyager dans ces paysages de pluies et de brouillards, au fin fond de ces terres celtiques, dans ces salles de spectacles miteuses. Elles dessineront les tourments, les chagrins, les violences, les passions contradictoires de ces tristes solitudes. Telle sera ma mise en scène, dépouillée de tout artifice, au plus près du texte et des acteurs, cherchant à transmettre la beauté de cette pièce, son mystère et son intensité, mais aussi en laissant au spectateur la liberté d’entreprendre son propre voyage. Enfin, à travers cette production je voulais me souvenir de Laurent Terzieff et Pascale de Boysson qui en 1986 créaient ce texte en France, ici au Lucernaire, sous le titre Témoignages sur Ballybeg et dont l’aventure théâtrale, l’exigence et l’engagement sont pour moi, en toute humilité, le chemin à suivre.
Benoît Lavigne
La mise en scène épurée met en valeur le jeu des acteurs et l' imagination fait le reste , aidé par la brume qui remplit l' espace Jeu des acteurs très en phase avec le tempérament de chaque personnage Cette pièce nous laisse très troublé à la fin et donne envie de relire d' autres textes du théâtre irlandais
L'exercice est périlleux, trois monologues dans un décor épuré... l'objectif est plus qu'atteint, la pièce est d'une intensité folle, les comédiens brillants et le spectateur ressort troublé, complètement imprégné de l'histoire, des personnages et du contexte écossais. Quelle mise en scène!
Mise en scène efficace pour faire découvrir ce texte de FRIEL.. On s'imagine parfaitement enveloppés dans les brumes Ecossaises , en face de l'ile de Lewis ou en Irlande. Très bonnes prestations des comédiens jouant les rôles de Gracie et de Teddy qui ont su redonner rythme et émotion et aussi la dimension dramatique.
Pour 3 Notes
La mise en scène épurée met en valeur le jeu des acteurs et l' imagination fait le reste , aidé par la brume qui remplit l' espace Jeu des acteurs très en phase avec le tempérament de chaque personnage Cette pièce nous laisse très troublé à la fin et donne envie de relire d' autres textes du théâtre irlandais
L'exercice est périlleux, trois monologues dans un décor épuré... l'objectif est plus qu'atteint, la pièce est d'une intensité folle, les comédiens brillants et le spectateur ressort troublé, complètement imprégné de l'histoire, des personnages et du contexte écossais. Quelle mise en scène!
Mise en scène efficace pour faire découvrir ce texte de FRIEL.. On s'imagine parfaitement enveloppés dans les brumes Ecossaises , en face de l'ile de Lewis ou en Irlande. Très bonnes prestations des comédiens jouant les rôles de Gracie et de Teddy qui ont su redonner rythme et émotion et aussi la dimension dramatique.
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