Bourreau d’enfants, Ça eut payé, Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade, sont autant de lieux communs, que nos éclats de rire ont extirpé des sketches de Fernand Raynaud pour en faire les choux gras du langage populaire. Nous les employons, oublieux de leur origine. Jean Rochefort, pour qui Fernand Raynaud pourrait bien être le père de l’humour moderne, a décidé de nous rafraîchir “ heureusement ” la mémoire. Et c’est réjouissant.
Amuseur sans rival des années soixante, Fernand Raynaud n’a cessé de puiser son ironie sur l’humus du terroir et de croquer les mille et une facettes d’un monsieur et d’une madame Tout-le- monde qu’il ne cessait d’épier. Ses sketches sont peuplés de nigauds maladroits ou bernés, de paumés dépassés, d’handicapés de la société, de femmes seules ou trahies, toute une foule bigarrée que Jean Rochefort fait revivre en scène. C’est dire qu’il ne s’agit pas de copier Fernand Raynaud, mais de jouer les situations, de se glisser dans la peau de personnages empêtrés pour la plupart dans d’irrésistibles imbroglios.
Comédien aussi caméléon que majuscule qui se plaît à multiplier les masques sans changer ses célèbres moustaches promenées dans une bonne centaine de films, Jean Rochefort est également passionné de musique “ qui lui est aussi indispensable que de manger et boire ” et, qu’avec l’âge, il décide de cultiver aussi en scène car “ le mélange texte et musique réchauffe les articulations ”. Aussi, histoire de conjuguer réchauffement des artères et art populaire du divertissement, Jean Rochefort a-t-il imaginé avec la complicité du pianiste Bruno Fontaine, de marier, sans les emmêler, ces deux marginaux sublimes que sont Fernand Raynaud et Érik Satie.
De toute évidence les magnifiques giclées de désespoir qui fusent parfois des galipettes sonores du compositeur répondent à l’ironie nimbée d’angoisse de l’amuseur. Une union magistrale de l’art et du rire.
"À la fois ironique et bouleversante, la musique d’Érik Satie s’insinue entre les textes. Au-delà du rire, Rochefort rend lumineuse la sensibilité un rien désespérée des personnages." Télérama
"Jean Rochefort possède le don de la facétie et de l’innocence. Il nous l’offre avec ce spectacle drôle, d’une tendresse et d’une finesse exquises. D’un comique, il fait un véritable auteur." Le Figaroscope
"Rochefort ne lit pas mais joue, incarne l'humanité selon Fernand Raynaud. Il est le compagnon de souffrance de ce long cortège d'obsédés, d'incultes, de laissé-pour-compte, de revanchards et de doux dingues croqués par le comique." France Inter
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