Du banc public à l’anonymat d’une chambre d’hôtel, la rencontre improbable d’un homme et d’une femme. Tous deux sont en demande de quelque chose, savent-ils bien de quoi ?
Deux jeunes acteurs formés au Conservatoire de Bordeaux, et qui ont récemment fait le choix d’exercer leur art à Lille, distillent poétiquement les mots simples et répétitifs de Jon Fosse, jeune auteur norvégien qui, en bon disciple d’Ibsen, sait exacerber le mystère de ses personnages au fur et à mesure qu’ils se dévoilent.
Traduction de Terje Sinding.
Dans une ville, l’Homme et la Femme se croisent, se rencontrent, se perdent, se retrouvent sur un banc ou dans un lit. La liaison de l’Homme et de la Femme vacille tout au long d’Hiver, suspendue entre le oui et le non. À chaque instant, la vie de l’un et l’autre menace de basculer à partir de presque rien.
La relation de la Femme et de l’Homme, tout comme la langue, tendue à l’extrême, ne cesse de bégayer. D’un jardin public à une chambre d’hôtel sont répétés à peu près les mêmes paroles, à peu près les mêmes gestes. Et c’est justement par ces nombreuses répétitions qu’apparaissent les infimes variations et avancées de ce qui pourrait sembler à première vue un piétinement. Ce qui est tu entre l’Homme et la Femme, l’écriture parvient à le faire entendre, jouant ainsi de l’ambiguïté du sens.
Les mots, simples, les situations, banales, comme à l’accoutumée dans le théâtre de Jon Fosse, sont transfigurés par l’organisation rythmique de l’écriture, de la parole et des gestes dont l’économie est ici maximale.
Hiver est composé de quatre séquences alternant deux espaces : un jardin public et une chambre d’hôtel. Un cadre réaliste dans lequel la poésie ne cesse de faire irruption et où le réel avoue sa part d’étrangeté et de tragi-comédie.
Romain Jarry
4, place du Général de Gaulle 59026 Lille