Huit rois (nos présidents) est une série théâtrale de six spectacles co-écrite par Léo Cohen-Paperman et Julien Campani dont l’objectif est de faire le portrait de chacun des huit Présidents de la Ve République, de C. de Gaulle à E. Macron. Ce spectacle est consacré à Valéry Giscard d'Estaing.
Vous pouvez aussi voir les autres spectacles de la série présentés au Théâtre 13 indépendamment et en altenance : J. Chirac / F. Mitterrand ou l'Intégrale des 3 premiers épisodes de cette série.
Huit rois (nos présidents) est une série théâtrale de six spectacles co-écrite par L. Cohen-Paperman et J. Campani dont l’objectif est de faire le portrait de chacun des huit Présidents de la Ve République, de C. de Gaulle à E. Macron. Au Théâtre 13, seront présentés en alternance les trois premiers épisodes sur J. Chirac, F. Mitterrand et V. Giscard d’Estaing.
Chaque « roi » sera porté à la scène avec le style singulier qu’il incarne : comédie onirique pour J. Chirac, portrait d’une génération pour F. Mitterrand, farce culinaire et chevaleresque pour V. Giscard d’Estaing … À chaque président son esthétique ! La série raconte aussi, le destin d’une famille française sur quatre générations — d'agriculteur·rice·s et d'ouvrier·ère·s, de journalistes et de chômeur·euse·s, d’enfants et d’artistes. À travers les mots et les corps de ces gens « ordinaires » se dessinera le portrait joyeux, populaire et contradictoire de la société toute entière !
Le Dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing est le troisième épisode de la série théâtrale Huit rois (nos présidents).
Le public assistera au dîner de Valéry Giscard d’Estaing et de son épouse Anne-Aymone chez la famille Deschamps-Corrini, dans une petite maison normande. Le repas durera le temps du mandat : 7 ans. Entre la soupe de cresson et la teurgoule de Janville, les invités parleront de Minitel, d’avortement et d’un nouveau fléau, le chômage. Ils tenteront de rester calmes. On assistera également à la métamorphose temporaire des personnages du spectacle en chanteurs de variété et de music-hall, de Diane Tell à Gérard Lenorman en passant par Claude François et Sheila.
Nous rêvons d’une comédie politique, à la recherche d’un théâtre du plaisir et des idées — en somme, d’un théâtre populaire.
Le dîner sera la métaphore des liens contradictoires qui ont uni le troisième Président de la Cinquième République et « son » peuple. Le Dîner chez les Français de V.Giscard d’Estaing ressemblera donc en tous points au mandat de celui qui se rêvait comme un Kennedy hexagonal : imaginez une soirée qui s’annonce radieuse, pleine d’enthousiasme et de confiance dans l’avenir, dans l’attente d’un invité admiré ou du moins, estimé de chacun… Avant de basculer dans la colère, le ressentiment et la rancoeur — du peuple contre son Président et du Président contre son peuple.
Au-delà de Valéry Giscard d’Estaing, le spectacle auscultera la singularité des liens entre la figure du « Roi » démocratique inventé par le Ve République et le peuple français : un lien qui oscille sans cesse entre une confiance aveugle, lyrique, amoureuse… et une haine irrémédiable, implacable et parfois réciproque.
La venue du Président dans une famille « ordinaire » constitue donc, c’est notre intuition, la meilleure façon de raconter les sept années du mandat unique de Valery Giscard d’Estaing — mais plus encore, de raconter une époque, une société au sein de laquelle s’opèrent des mutations vertigineuses. Nous avons le désir de nous emparer théâtralement de ce temps où la France est passée d’une société structurée par l’Eglise et le Parti communiste, qui promettaient à chacun des horizons lointains, qu’ils soient révolutionnaires ou divins, à une société de la jouissance ici et maintenant, où la notion de plaisir s’inscrit au coeur des existences, où le destin collectif cède le pas devant le désir individuel.
Au milieu de trois générations de personnages, le Président et son épouse symbolisent ce tiraillement si français entre tradition et modernité : Anne-Aymone Giscard d’Estaing se débat entre ses fonctions d’épouse et de première dame, entre son corps d’aristocrate et l’environnement populaire du dîner ; admirateur de Kennedy, fasciné par le Progrès et farouche défenseur d’une modernisation de la fonction présidentielle, Valéry Giscard d’Estaing finira son septennat caricaturé en Louis XVI et raillé pour son « Au revoir » solennel et grotesque.
Pour apprécier le spectacle, nul besoin de connaissances historiques ; il s’agit d’une invitation à rire des rapports de pouvoir qui régissent une communauté humaine. Car c’est une vérité que nous scrutons avec gourmandise dans chaque épisode de la série : une personnalité politique réelle, sitôt qu’elle est mise sur le plateau, déborde d’elle-même pour rejoindre une fiction — une fable. Giscard n’est plus seulement Giscard. C'est un personnage de théâtre.
Julien Campani et Léo Cohen-Paperman
Mon premier défi, dans Le Dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing sera de suivre le mouvement de cette soirée qui commence très bien, qui se finit très mal et qui dure… sept ans, le temps du mandat du Président.
Je veux, pour cela, répondre à la première contrainte donnée par l’écriture : l’action a lieu dans un espace unique. Cet espace représente la salle à manger de la ferme familiale qui accueillera le couple présidentiel. Je rêve d’un spectacle qui commence dans un réalisme déjà-vu, un rêve de théâtre bourgeois. Tout, dans ce début de spectacle, doit annoncer un « vieux » théâtre, quelque chose de très figuratif, de très littéral — un réalisme assumé. On fait des allers-retours à la cuisine, on ressort parce qu’on a oublié quelque chose dans la voiture, on se sert un petit coup à boire… Cette frivolité vintage devra se retrouver dans les costumes : c’est le Réveillon, on reçoit le Président et son épouse : chacun s’est mis sur son 31.
Ce caractère un peu « convenu » de la première partie sera contrebalancé par le rythme et l’engagement physique que je demanderai aux acteurs et aux actrices : je veux quelque chose d’enlevé, de vif dans les échanges, de très dessiné dans les corps, sans pour autant se transformer en spectacle formaliste. Les personnages sont âgés de 1 à 82 ans et seront interprétés par des actrices et des acteurs âgés de trente à quarante ans. Je rêve d’une composition « vraie », qui engage les interprètes dans ce qu’ils ont de plus profond — parce que je suis convaincu que c’est par la métamorphose et le masque, qu’on parvient à la vérité.
Les deux premiers actes de la pièce se déroulent dans une esthétique légère et gracieuse, évoquant le charme désuet de la classe moyenne française des années 70, à l'image du début du mandat de Valéry Giscard d'Estaing. L’objectif sera ensuite de faire « péter un câble » au spectacle. Au fur et à mesure que l’état de grâce présidentiel se défait, que la confiance entre le peuple et son « roi » se délite et surtout que l’alcool monte au cerveaux des invités comme des hôtes, je voudrais oublier le réalisme initial pour inventer des images plus étranges, parfois angoissantes, oniriques…
La pièce raconte une soirée extraordinairement joyeuse qui se transforme en rituel d’expiation collective, avec, pour victime, un Président changé en roi de carnaval. La mise en scène suivra ce mouvement.
Léo Cohen-Paperman
3, rue Sadi-Carnot 92320 Châtillon
Voiture : De la Porte de Châtillon : direction Versailles. Dans Châtillon : direction Centre Ville puis Mairie.