III - Troisième

du 13 avril au 1 mai 2005

III - Troisième

III, tertium, the third, troisième… comme troisième millénaire, comme troisième Reich, comme troisième stade pour certaines maladies, troisième comme Richard du même nom… L’histoire d’une chute annoncée, celle de Richard dans sa quête d’humanité. Un conte moderne dans une atmosphère de concert rock. Un mélange de rigueur, de déchaînement et de comique décalé.

Un conte moderne
Extrait

Notes sur le texte
Petit historique du projet
La compagnie Octogone

"III", tertium, the third, troisième… comme troisième millénaire, comme troisième Reich, comme troisième stade pour certaines maladies virales, troisième comme Richard du même nom…

III est par antonomase triangulaire : Richard est la pointe du triangle ; les deux autres personnages masculins côté cour, les deux personnages féminins côté jardin ; devant : le fantôme du père, la foule fantasmée et un micro pour communiquer avec cette absence, des apartés publics donc, mais déchirés d'intimité.

La langue de Philippe Malone porte en elle les germes d'un travail sur le rythme, sur le saccadé ; elle possède une musicalité du phrasé entre blankeverse de Müller et slam.

L'atmosphère du spectacle - visuelle, sonore, rythmique - est celle d'un concert rock (plus punk-électronique que acoustique), mélange de rigueur, déchaînement et comique décalé…

De là s'écoule le désir d'explorer une bande-son faite de bruitages hyper-réalistes produits en direct par le compositeur-interprète à partir d’objets du quotidien amplifiés (une friteuse produit le bruit des applaudissements des actionnaires ; des pièces d’un centime sur une plaque métallique produisent les pas de la foule en marche…) et d'aborder des scènes sur le mode du théâtre musical avec des références fortes à la musique populaire (électronique, rap, variétés). Le thème musical de la pièce sera composé de cinq textures, chacune correspondant à l’un des personnages.

Le son est un personnage à part entière, la table de mixage est sur scène, sa manipulation est à vue : il y aura plusieurs morceaux musicaux préenregistrés sur lesquels les comédiens chanteront, le bruitage en direct.

L'univers visuel est en noir et blanc, taché de couleurs primaires, ponctué de signes graphiques plus proches de la culture urbaine que du design d'architecture, un clin d'œil à Basquiat.

Maria Cristina Mastrangeli

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Richard - Maman
Mère - Oui mon fils
Richard - Je les ai insultés
Maman ?
Mère - Je suis là mon fils
Richard - Je les ai humiliés
Maman ?
Mère - Oui Richard
Richard - J’ai insulté leurs filles
J’ai humilié leurs femmes leurs mères leurs fils leurs mignons
J’ai craché sur chaque étincelle
Dans la grand-salle éteinte
J’ai craché dans l’éclat pourrissant de leurs yeux
J’ai craché sur l’espoir qu’il reflétait parfois
J’ai craché pour ternir
J’ai craché pour punir pour violer et j’ai craché pour rire
J’ai craché sur leur tombe alors qu’ils sont vivants
J’ai profané leur tombe alors qu’ils sont dedans
J’ai parlé à des morts qui ne le savaient pas 
Mère
Ils m’ont applaudi
Mère - La peur coule dans leurs veines
Richard - Jamais encore je n’avais cru penser
Que ma haine pût s’adresser
A d’autres
Jamais encore je n’avais cru mon corps pouvoir
Démériter
Vous ne m'aviez pas dit, mère que la haine convolait
Pourquoi n’ont t-ils rien dit
Mère - La peur je t’ai dit
Richard - C’est avec leur salive
Que je crachais
Rien ne m'appartient
Pas même ce corps
Arraché à ta nuit
La vie m’encombre, mère
Mère - Tu es encore jeune
Richard - Je suis déjà laid
Mère - La jeunesse, voilà ta beauté
Richard - Toi au moins, tu es vieille
Mère - La jeunesse, voilà ta force
Richard - Tu es grise
Ton corps ne se dérobe pas
Mère - Les fils ne grandissent pas
Toujours ce duvet chaud
Sur leurs joues satinées
Qui chavire les mères
Malgré l’âge qui râpe
Richard - Chaque hiver sur ma peau
En rajoute cinq sur la tienne
Mère - Je laverai tes joues
Adoucies par les ans
Richard - La cécité, voilà le fléau
Je parle et mon dégoût
Grandit au contact des autres
Je parle et je partage ma haine (Mère, tu m'écoutes)
Par faiblesse
Je me blesserai mère
Jusqu’à ce qu’ils en crèvent
Mère - Son père tout craché
Maintenant va te coucher
Richard - Demain, mère
Je licencierai
Mère - C’est bien, Richard

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« Le mot clef est sans doute l’humanisation. Car ce que recherche Richard n’est rien d’autre que la quête d’humanité. Avec toutefois ce particularisme qu’est la lucidité du personnage par rapport à tout ce qu’il entreprend. Lucidité tragique partagée par presque tous les personnages.

Un des enjeux principaux de la pièce est cette lucidité, sorte de désespoir cynique et comique qui anime les personnages. Personne n’est dupe (hormis Norfolk, mais l’est-il vraiment ou bien entretient-il volontairement sa propre cécité ?).

La réalité se construit à partir des discours élaborés pour l’interpréter. Mais qui tient les rênes du discours ? Qui fabrique le miroir et quelle est la véritable nature de notre image lorsque nous la regardons ?

Les personnages jouent avec ces discours, sorte de constructions qui ne leur appartiennent pas. Tous, à un moment ou à un autre (et par le fait de situations plus ou moins violentes) prennent conscience du caractère étranger (étrange) de ces discours. Ils en jouent de façon plus ou moins tragique. Ce qui m’intéresse, c’est leur rapport à ce discours. » …

« J’imaginais lors de l’écriture des personnages souriants (sauf Norfolk). Ils souriaient parce qu’ils n’étaient pas dupes. Le postulat est que tout le monde sait ce qu’il fait. Le combat de Richard devient celui de la vérité contre l’hypocrisie, et l’accès, derrière les masques, au désir. Ce qui explique sa violence. Richard, au fond, est las de ces discours, et tente d’en élaborer un qui lui soit propre, hors l’idéologie libérale (même s’il l’utilise par cynisme), hors la prison de son origine. Richard tente d’échapper au déterminisme de la reproduction sociale. Richard est fatigué. » …

« La psychologisation des personnages ne se trouve donc pas dans ce qu’ils énoncent, mais uniquement dans le rapport avec ce qu’ils énoncent (puisque pour la plupart ils savent /nous savons que ce sont des discours). Rapport mis en lumière par des situations qui sont autant de variations et mises en cause potentielles des discours. Cela est très important car si la pièce a une puissance, si elle doit en avoir une aujourd’hui, c’est par la radicalité du postulat : tout est discours, tout est croyance, idéologie. Si on applique une distance entre les personnages et ce qu’ils énoncent (distanciation), alors la mécanique de la croyance n’en sera que plus flagrante, et on pourra se concentrer sur le véritable enjeu qui est le rapport à cette croyance, et ce qui motive les personnages à y adhérer ou non. Les personnages savent qu’ils jouent. »

« Il est évident qu’à de nombreux moments de la pièce la sincérité l’emporte sur le jeu avec les codes du discours, mais les personnages se rabattent toujours derrière ce dernier comme pour se protéger (sauf Richard qui essaie de se blesser avec). Mieux, les personnages l’assènent pour que ce soit bien clair.

Enfin, les personnages, (autre distance avec le jeu du discours, ou des croyances), annoncent souvent à l’avance qu’ils vont jouer.
Mécanique tragique par excellence
L’évocation du destin comme pour mieux l’affronter
L’annonce de la fin pour débuter le jeu
L’annonce du jeu pour en dégager les règles
La première étant la lucidité, et donc la distance. Les moments où cette distance est absente sont ceux où Richard monologue. La douleur prend le pas sur le cynisme. »

Philippe Malone

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Au mois de juin 2000 j’ai fait partie du comité Autriche pour préparer la Nuit Autrichienne qui, dans le cadre de l’édition 2000 des Rencontres à la Cartoucherie, exprimait la volonté des gens de théâtre de manifester contre la coalition brun/bleu au sein du gouvernement autrichien.

C’est dans cette action militante que j’ai rencontré l’écriture de Philippe Malone. J’ai eu ainsi le privilège de mettre en scène son monologue inédit : Morituri, parole de ce “nouvel homme fort” qui s’empare du pouvoir. J’ai été immédiatement séduite par la pertinence de son écriture et l'évidence d’un langage hautement théâtral, sans concession, difficile, mais jamais redondant, avec une structure “élisabéthaine”, faussement classique où les ruptures sont portées par la violence crue des mots et les histoires qu’ils charrient.

C’est une rencontre rarissime avec un matériel textuel qui est très adapté à mes désirs de mise en scène. J’ai besoin en effet d’un support où la caractérisation des personnages laisse entrevoir une trame psychologisante tout en la dépassant complètement par la recherche linguistique et les nécessités qu’elle impose à la direction d’acteurs.

Par ailleurs, à la même période, j'étais à la recherche d'un texte théâtral, ayant jusqu'ici travaillé essentiellement sur des dramaturgies à partir de matériaux non théâtraux.

La possibilité d'avoir un texte pensé pour les comédiens qui gravitent autour d'Octogone, en fonction des désirs et convictions communes sur le théâtre d'aujourd'hui, s’est composée devant mes yeux avec une sorte d'évidence solaire.

Ces circonstances sont trop idéales pour que nous ne cherchions pas à les saisir et à nous jeter corps et âme sur ce nouveau projet... Depuis Philippe Malone et moi-même nous sommes retrouvés à plusieurs reprises, la thématique du pouvoir (que l’on possède, que l’on désire, auquel on se soumet...) et de ses mécanismes est l’une des nos obsessions communes. A chaque nouvelle rencontre Philippe apportait des nouvelles bribes de texte à lire, commenter, questionner… La fin de "l'histoire" le tracassait particulièrement…

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Octogone, créée en octobre 1998 à Montreuil sous Bois (93), est une compagnie théâtrale vouée à la mise en scène de textes contemporains, qu’ils soient le fruit d’un auteur où d’un travail dramaturgique sur des matériaux divers.

La démarche d'Octogone revendique et renoue avec un théâtre qui ait un impact politique et social, tout en essayant de le redéfinir dans sa pratique et dans sa forme, afin de ne jamais perdre de vue l'axe principal : texte - comédien - public.

L’action culturelle émane de la réflexion artistique et la nourrit en même temps. Le projet culturel, qu'il soit mené en milieu scolaire ou à travers des ateliers de pratique théâtrale, nécessite une autonomie vis-à-vis de la création. Cela pour deux raisons principales : pour que le spectacle ne devienne pas didactique, et pour que l’élargissement des publics soit réel et tangible.

Sa directrice artistique, Maria Cristina Mastrangeli, en est le metteur en scène principal. La structure est également au service d'autres initiateurs de projet, notamment grâce au réseau instauré avec la compagnie italienne La Fanfare Minable, basée à Milan, et avec la compagnie bruxelloise Fraction.

En 2003 Octogone ouvre un espace dans ses nouveaux locaux du haut Montreuil (93).

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Sélection d’avis du public

III - Troisième Le 28 avril 2005 à 15h09

Tel un cheval gigantesque, l'intérieur de cette piece nous dévoile les méandre de l'ame humaine. Ce cheval de troie m'a ouvert une conception moins animal de la race humaine, l'homme n'est plus un loup pour l'homme, il est un loup pour lui même. L'actrice Anna Romano délivre sur scene une énergie que je croyait seul la folie capable d'exulter chez quelqu'un. Le décor est peut etre épuré mais la profondeur des émotions font passer cette scene de peu d'espace en un palais doré, doré mais pas lourd. Ce kilo de plume vaut ce kilo de plomb. A cette piece, je dis merci, a ses acteurs, je dis chapeau bas, au créateur, je dis a quand le IIII.

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III - Troisième Le 28 avril 2005 à 15h09

Tel un cheval gigantesque, l'intérieur de cette piece nous dévoile les méandre de l'ame humaine. Ce cheval de troie m'a ouvert une conception moins animal de la race humaine, l'homme n'est plus un loup pour l'homme, il est un loup pour lui même. L'actrice Anna Romano délivre sur scene une énergie que je croyait seul la folie capable d'exulter chez quelqu'un. Le décor est peut etre épuré mais la profondeur des émotions font passer cette scene de peu d'espace en un palais doré, doré mais pas lourd. Ce kilo de plume vaut ce kilo de plomb. A cette piece, je dis merci, a ses acteurs, je dis chapeau bas, au créateur, je dis a quand le IIII.

Informations pratiques

Théâtre de l'Opprimé

78, rue du Charolais 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Gare de Lyon Salle climatisée
  • Métro : Reuilly - Diderot à 510 m, Dugommier à 683 m, Gare de Lyon à 728 m
  • RER : Gare de Lyon à 470 m
  • Bus : Charles Bossut à 73 m, Rambouillet à 177 m, Gare de Bercy à 350 m, Hôpital Saint-Antoine à 393 m, Paris Gare de Lyon à 395 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre de l'Opprimé
78, rue du Charolais 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 1er mai 2005

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