Il y a longtemps que je t'aime

• Résumé

Pendant la guerre 14-18, la correspondance entre un officier au champ de bataille (compositeur dans le civil) et sa femme. Sur un plateau «coupé» en deux, les personnages s’écrivent et se parlent.

Ils se rejoignent sans se voir ni s’entendre. La musique et les mots se mêlent. C’est le seul lien qui les rattache. Lui, pendant ses moments de répit et pour échapper à l’horreur tente encore de composer au piano. Elle, chante les comptines de leur enfance, celles qui parlent de départ, d’absence, de mort…

"Didier Moine a dirigé ses acteurs avec sobriété et intelligence. Les grandes douleurs ne sont pas muettes, celle-ci est pudique et poignante." Danièle Dumas

Par la Compagnie Les Mistons.

• Notes d'intention de l'auteur

Depuis la nuit des temps, les femmes bercent l’âme des enfants de chansons douces. Depuis la nuit des temps, sous toutes les latitudes, dans toutes les langues, elles chantent des histoires naïves et pourtant cruelles…

Elles disent : « mon ami me délaisse, je ne sais pas pourquoi, il va-t-en voir une autre, bien plus belle que moi… », « Je veux mon ami Pierre, celui qui est en prison. Tu n'auras pas ton Pierre nous le pendouillerons. Et l'on pendouilla Pierre et sa Jeannette avec. »

Elles racontent l'histoire de Malbrough parti pour la guerre, et qui n'en reviendra pas ; d'un autre Pierre « qui ne veut plus m'aimer pour un bouquet de roses que je lui refusai… » La mort, la guerre, l'amour déçu.

Les mélodies simples et naïves auraient dû apaiser la noirceur des propos. Il n'en est rien. De génération en génération les mots se sont transmis. Pourquoi nous a-t-on raconté toutes ces histoires, à l'âge où l'on rêve de tendresse, de douceur et d'amour ? Peut-être parce que nos mères sont des femmes et qu'elles ont voulu nous prévenir… Toutes ces chansons, tant les mots que les musiques, appartiennent au patrimoine de chacun d'entre nous. Aucune n'est signée.

J'aime l'idée que ce sont peut-être des femmes, il y a très longtemps, qui ont inventé et composé ces comptines tristes et douloureuses. J'ai voulu donner à ces mots une musique impressionniste en redessinant musicalement chaque mélodie. Suivre au plus près le sens des mots avec des harmonies moins "gentilles", quelques fois plus agressives ou dissonantes. Rendre "mineures" certaines comptines qui ne l'étaient pas. Coloriser enfin chaque chanson comme si elle accompagnait une image cinématographique.

En lisant les Lettres de poilus, j'ai repensé aux mots (maux) de ces femmes. Je me suis souvenu que la guerre est aussi vieille que ce monde décrit dans les chansons.

Alors j'ai imaginé Lucie, et son mari parti à la guerre. Et les lettres qu'ils auraient échangées. J'ai eu envie de raconter ce que l'absence pouvait avoir de cruel. Les maris qui partent. Les femmes qui attendent. J'ai entrelacé les lettres et les chansons en pensant aux enfants qu'on berce en chantant : "reviendra-t-il ?"

Patrick Dray

Avant chaque représentation, un court spectacle-surprise sera offert.