Voici une nouvelle édition des Inaccoutumés, la 16ème, qui se veut une photographie en mouvement de quelques représentants de la création chorégraphique européenne. En mouvement, comme si la photographie était aussi importante que la main qui la saisissait.
Un ensemble de propositions pour connaître en profondeur des voies chorégraphiques peu connues qui constituent, pour cette raison-là, la dynamique actuelle de la danse contemporaine.
Une édition où le langage audiovisuel semble bien être l’axe central. Un axe autour duquel tournent des projets aussi divers que celui du « collectif » improvisé par Fanny De Chaillé, Nicolas Floc’h, Sophie Laly, Julie Nioche, Rachid Ouramdane, Emanuele Quinz, avec une création en résidence à la Ménagerie de Verre, ou ceux de Cuqui Jeréz, Daniel Aschwanden ou Claudia Triozzi, tous usant de l’image, de ses projections et de ses multiples références. En périphérie, des couples se trouvent, Rachid Ouramdane & Christian Rizzo, Ami Garmon & Marco Berrettini, s’offrant l’un à l’autre, croisée des regards et des univers. Et pour finir un groupe s’investit dans le projet à la distribution aléatoire menée par Laurent Pichaud, pour une réflexion feinte ( ?) sur l’emprise même de la danse.
Marie-Thérèse Allier
Du Mardi 25 au samedi 29 novembre à 20h30
1ère partie : Skull*Cult / Christian Rizzo & Rachid Ouramdane
2nde partie : A l’œil nu (Création) / Fanny de Chaillé, Nicolas Floc’h, Sophie Laly,
Julie Nioche, Rachid Ouramdane, Emanuele Quinz
Mardi 2 et mercredi 3 décembre à 20h30
A space odyssey (2002) / Cuqui Jerez
Jeudi 4, vendredi 5 et samedi 6 décembre à 20h30
Bloody drops of happiness / A Bad Copy Film (Création) / Daniel Aschwanden
Mardi 9 et mercredi 10 décembre à 20h30
Prudence / Marco Berrettini & Ami Garmon
Jeudi 11, vendredi 12 et samedi 13 décembre à 20h30
Feignant / Laurent Pichaud
Du mardi 25 novembre au samedi 13 décembre
Extraits visuels de la création Dolled up /
Installation vidéo de Claudia Triozzi
Du Mardi 25 au samedi 29 novembre à 20h30
Une invitation de Rachid Ouramdane à Christian Rizzo
Une proposition de Christian Rizzo pour Rachid Ouramdane
Musiques Schneider TM, The Mama’s and The Papa’s
Interprétation Rachid Ouramdane
Héros solitaire, un homme, cagoulé et casqué, fonde une métaphore articulée autour d’une posture singulière. Le corps gainé de cuir, il développe un travail d'articulations et de suspensions intégralement réalisé de dos qui donne matière à intriguer. Comme abandonné, il rompt avec l’autorité de la communication et affirme une relation au monde dont l’éventail interprétatif s’avère complètement ouvert.
« Je définirais le solo comme substrat d’une expérience collective, une attitude par rapport au groupe, une sorte de focalisation chorégraphique. À chaque fois que j’agis, même de façon solitaire sur un plateau, c’est pour partager une expérience, d’où une fascination pour convoquer des formes d’absences, nommer ce qui est extérieur à soi. Demander à Christian de me rejoindre, alors qu’il est repéré comme interprète dans beaucoup de projets que j’initie, c’était montrer comment cette personne me fait interprète parce que j’apprends énormément de lui lorsque j‘ai une posture de chorégraphe ».
Rachid Ouramdane
« C’était l’occasion de remettre en jeu notre histoire mais aussi la forme du solo. Qu’est-ce que cette personne seule appelle dans l’imaginaire des gens qui viennent pour la voir ? À partir du travail d’improvisation de Rachid, j’ai du exercer mon regard pour ensuite lui transmettre ma confiance en retour. Ce travail de proposition nous a permis de mettre en place un échange qui a pris la forme d’une expérimentation perceptive ».
Christian Rizzo
Du mardi 25 au samedi 29 novembre à 21h30
Une extension cinématographique de la Ménagerie de Verre
Projet in situ de l'association Fin Novembre
De et avec Fanny De Chaillé, Nicolas Floc’h, Sophie Laly, Julie Nioche, Rachid Ouramdane, Emanuele Quinz.
La performance A l’œil nu se propose d'utiliser certaines scènes de films plus ou moins emblématiques pour transformer le lieu de représentation et travailler la présence à travers un traitement vidéographique. Il s'agit d'entretenir un doute entre le direct et le film, de jouer des apparences pour créer des présences intermédiaires. Les éléments qui font signes sont utilisés pour faire le lien entre l'univers que nous construisons et des extraits de films choisis pour leur ressemblance avec le lieu. À l’œil nu travaille à faire se rejoindre deux réalités: le film et l'espace spectaculaire. Ce projet est une tentative de dérive spatio-temporelle de la forme spectaculaire avec les outils de construction de films. Le spectateur se retrouve à regarder des corps présents comme dans un film.
L'association Fin Novembre
Créée en 1996 l'association Fin Novembre est un lieu de recherche et de production pour des projets artistiques qui placent le corps au centre de leurs enjeux respectifs. L’association fonctionne comme une confrontation de modes de pensée différents qui interagissent de façon exponentielle.
Le solo 3 avenue de l'espérance est issu de la première collaboration entre Julie Nioche, Rachid Ouramdane, Yves Godin et Christian Rizzo. Commence alors des rassemblements de personnes autour d’une interrogation commune le temps d’un projet. Chacun d’entre eux développe des environnements vidéographiques qui questionnent respectivement : la mémoire du corps avec
Des gens de passage, la fragmentation de l’espace scénique avec
Les absents ont toujours tort et le morcellement de la présence de l’interprète avec
Au Bord des métaphores.
En 2000, l’association Fin Novembre s’associe au Manège de Reims / Scène nationale qui l’accompagne depuis dans la réalisation de tous ses projets.
Mardi 2 et mercredi 3 décembre à 20h30
Chorégraphie et interprétation Cuqui Jerez
Conseiller artistique Juan Domínguez
A space odyssey (2002) résulte d'un intérêt pour les références et les modèles visuels stockés dans notre mémoire pour l'identification de nouvelles images. J’explore le moment particulier de ce processus d’identification et de compréhension, quand nous percevons une image sans liens temporels, spatiaux ou référentiels.
Je crée un « non-vrai » espace (le film) construit dans un « vrai » espace (le théâtre). Dans ces deux espaces, il y a toujours quelque chose qui manque. Les lois et les cadres de référence sont en quelque sorte inversés, manipulés, dérangés ou détournés par la propre caractéristique de l'espace. La déformation de la réalité par la réalité elle-même.
Je recherche un état de perturbation par la perception. L’identification par la mémoire. Un moment de trouble, de confusion, de lenteur et de vitesse, de difficulté et de plaisir, de perte et de recherche, un état très actif pour l'esprit dans lequel nous essayons juste de trouver où, quoi, qui, comment, quand ; le moment juste avant l’identification, quand la réalité n'est pas encore à “sa place”.
Cuqui Jerez
Jeudi 4, vendredi 5 et samedi 6 décembre à 20h30
Concept Daniel Aschwanden / Yosi Wanunu
Interprétation Daniel Aschwanden
Mise en scène et musique Yosi Wanunu
Scénographie Otmar Wagner
Textes Gritt Uldall-Jessen
Vidéo Michael Strohmann
Le réalisateur et performeur de l’underground new-yorkais, Jack Smith a été le point de départ de Bloody Drops of Happiness. Nous avons exploré sa personnalité, sa façon de travailler, son attitude face à la création artistique tout comme le contexte politique et social de son travail, ce qui a donné lieu à une première étape intitulée Penguins, Lobsters & The Lack of Romance. Dans la seconde phase de travail, nous nous sommes détachés des éléments personnels et historiques et après plusieurs étapes nous avons développé la performance Bloody Drops of Happiness. En ce qui concerne Smith, la pièce est une approche non historique, mais nous y avons intégré deux de ses principales obsessions artistiques. Première parmi ces dernières, l’assimilation et l’incorporation du baroque et des arabesques, avec lesquels les films hollywoodiens des années 30 et 40 ont fondé une femme et une sexualité féminine idéalisées. Smith brise un tabou en injectant du Kitch dans l’expérience, rendant ces éléments latents visibles.
Bloody Drops of Happiness / A Bad Copy Film, est pour moi, performeur, un défi, l’occasion de vivre mon propre « film rêvé » ou « rêve de film ». Une installation complexe d’un paysage numérique imaginaire, où je peux théoriquement citer et utiliser tous les codes de la création contemporaine du cinéma, du théâtre, de la performance et de la danse, du plus trash au plus virtuose en passant par des actions plus informelles. Le public est invité à se construire un récit personnel qui s’appuie sur les multiples formes d’actions et de jeux qui jaillissent aux différentes interfaces de la construction d’une illusion.
Daniel Aschwanden
Mardi 9 et mercredi 10 décembre à 20h30
Idée et chorégraphie Marco Berrettini
Concept et interprétation Ami Garmon
Textes et régie son Marco Berrettini
Prudence est un solo avec accompagnement. C’est l'histoire d’une femme folle qui s’appelle Prudence. Elle entend une voix que personne d'autre ne peut entendre. C'est la voix d’un célèbre artiste qui n’est plus parmi nous. Il explique à Prudence comment devenir une grande danseuse.
Peu à peu, on a l’impression que Prudence est sur le bon chemin, mais soudainement la voix disparaît, pour réapparaître... dans la salle. Seul le public peut entendre la voix et il devient difficile de savoir si nous avons encore besoin de Prudence sur scène. Folle Prudence nous a tous rendu fous.
Jeudi 11, vendredi 12, samedi 13 décembre à 20h30
Chorégraphie Laurent Pichaud
Interprétation Albane Aubry, Anne Lopez, Christine Jouve, David Subal, Laurent Pichaud, Rémy Héritier, Saskia Hölbling
La danse s’origine face à l’altérité - en regard du lieu, du spectateur(s), du partenaire(s).
Elle se concentre au plus près du geste naissant, désapprend son vocabulaire. Délestée, elle semble feindre mais s’effectue assurément.
L’attention se situe dans les interstices des regards, elle y puise l’étendue et le tracé de son mouvement.
Précise, la chorégraphie capte des mouvements justes, réduits à l’intention, soli et danses de groupe agissent par fugacités diffuses et lignes de fuites.
Affirmations et effacements du geste parviennent à une intimité très singulière, ils quittent par la danse, l’emprise de la danse.
Du mardi 25 novembre au samedi 13 décembre
Claudia Triozzi mène, depuis 1991, son propre travail et met en scène dans ses premiers travaux, à la manière de performances humoristiques proposées dans des galeries, le personnage féminin d’Adina. Au travers de sa création Dolled up, Claudia Triozzi répond à la question « Qu’aurais-je fait de ma vie sans avoir suivi de hautes études ». Elle interroge son propre statut, la place qu’elle occupe désormais dans la danse contemporaine, et au-delà, dans la société.
12, rue Léchevin 75011 Paris