" Va aussi au théâtre pour te souvenir que tu as mangé de l’homme et traversé la mer Rouge " Valère Novarina
Racine écrivait ses pièces en les énonçant à voix haute et en notant une ponctuation faite pour la scène et les acteurs, mais à la fin de sa vie, il a lui même réécrit son œuvre, la normalisant, la coulant dans le moule de la littérature classique et policée. La réédition de ses pièces par La Pléiade, dirigée par Georges Forestier, fait ressurgir le rythme, les interrogations, la violence initiale de ses tragédies. C’est par cette version que Daniel Jeanneteau, qu’on connaît comme scénographe, a découvert Racine et plus particulièrement Iphigénie, cette pièce étrange où le héros central se fond dans le désordre d’une agitation qui entraîne chacun des personnages vers le chaos. Iphigénie que Racine sauve in-extremis de la mort en lui substituant Eriphile, la victime sacrifiable, celle qui n’entraînera pas de vengeance. Iphigénie à la cruauté innocente, au milieu d’un groupe d’humains qui ne savent que se blesser, qui fuient les espoirs de paix et se précipitent vers la guerre. Il a trouvé dans la pièce une sauvagerie qui parle d’aujourd’hui, de ce vertige qui pousse les hommes vers la catastrophe, de ce goût de mort qui parfois s’empare d’eux.
Il aborde Iphigénie avec toute l’audace et l’inconscience de ceux qui découvrent.
Version 1999 de la Pléiade établie par Georges Forestier d’après la première édition de 1675, restaurant la ponctuation d’origine.
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