Créature céleste, ange à bottes de cuir, Yves-Noël Genod transforme la scène en boîte intime. Le théâtre devient une cage d’exhibitions, un espace à délires et dérives. Il brise les codes, brûle les règles du jeu. Tout explose : les protocoles théâtraux, les coutumes dramatiques, le quatrième mur et tout le bazar. Lui qui a fréquenté l’école de Vitez à Chaillot, les maîtres Claude Régy ou François Tanguy, s’est défait des influences trop lourdes pour casser la baraque de l’establishment culturel.
Les titres de ses projets, plus de trente spectacles en moins de dix ans, en solo ou en bande, en disent long sur son sens des conventions : En attendant Genod ; Pour en finir avec Claude Régy ; Jésus revient en Bretagne ; C’est pas pour les cochons ! ou encore Rien n’est beau. Rien n’est gai. Rien n’est propre. Rien n’est riche. Rien n’est clair. Rien n’est agréable. Rien ne sent bon. Rien n’est joli. Sur la scène, laboratoire d’expériences loufdingues, il déraille, se perd ou feint de s’égarer. La parole est libre, lâchée. Tout fait semblant d’être improvisé. Jean et tee-shirt, il commente, digresse, il peut évoquer Sarraute, Duras, ou ses soirées en boîte de nuit.
C’est un lutin de deux mètres, impudent et libre, qui tisse un lien étroit avec son public, curieux ou aficionados. Il peut chanter, danser, jouer, provoquer. Il peut démonter les cinq heures de Hamlet pour en concentrer les émotions intactes. Avec la grâce d’une gaucherie cultivée, l’exégète intervient parfois dans l’étude d’oeuvres essentielles. L’été dernier, à Avignon et à guichets fermés, il s’attelait aux commentaires du poème de Shakespeare : Vénus et Adonis. Performeur élégant, démiurge raffiné, Genod crée un rapport nouveau avec qui prend le risque d’une expérience inédite. En quête d’une amitié possible et réelle avec ceux qui viennent le voir, il propose d’inventer toujours une autre manière d’être en scène comme au monde.
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