Je rêve (ma forse no) : Dans son salon, une jeune femme est endormie. Rêve t-elle ? Elle reçoit la visite de son amant … Une réflexion sur le couple. Un jeu pervers et poétique entre un homme et une femme.
La fleur à la bouche : Un homme vient de louper le dernier train du soir, il échoue dans un café. Un autre homme le rejoint. Ils ne se connaissent pas. Tant mieux. Ils vont pouvoir parler… Une réflexion sur le temps qui passe. Un jeu pervers et poétique entre 2 inconnus.
Je rêve (mais peut-être que non) / La fleur à la bouche, l’infidélité / la mort sont les deux thèmes principaux qui ont l’avantage d’être universels et intemporels. Deux pièces à la fois différentes (sur le fond) et similaires (sur la forme, non pas dans la construction de la pièce mais dans la façon d’appréhender le dénouement : on ne comprend qu’à la toute fin de quoi on parlait réellement). Dans Je rêve (mais peut-être que non) le spectateur est plongé, d’une façon impudique, au cœur de l’intimité d’un couple où l’on se perd un peu volontairement à cause du duel « rêve/réalité » ou plus exactement de « la réalité du rêve » ; alors que La fleur à la bouche nous propose deux personnages « sans visage », deux inconnus en attente dans une rue anonyme, dans un café sordide…, d’un lointain faubourg, la nuit.
Objectif : soumettre des êtres humains particulièrement sensibles à un rude traitement fait de mots, de gestes, de sentiments, et cela devant leurs semblables, les spectateurs, pour s’interroger tous ensemble sur la maladie et ses remèdes possibles. La maladie c’est la vie. Et Pirandello nous dit sans ménagement que nous sommes tous malades. C’est une maladie contradictoire qui comme certaines expériences chimiques doit faire réagir des éléments contraires pour se réaliser. D’un côté « l’angoisse » de vivre face à une existence dont le sens nous échappe. De l’autre « le goût » de vivre, pour tout ce que cette même existence peut nous offrir de tendre, de beau, d’exaltant, de bon, de consolateur.
Où nous mène cette recherche ? Permet-elle des réponses ? Oui, parfois : insignifiantes et provisoires, comme la vie. Pessimisme ? Non. Ironie et ironies de la vie. C’est ce que nous dit l’homme de la Fleur à la bouche et c’est ce que nous disent les personnages de Je rêve (mais peut-être que non…). Et il ne faut pas s’y méprendre, même s’ils viennent du Sud, s’ils fleurent bon la mer et le soleil, ce n’est pas de la Sicile que Pirandello nous parle à travers eux ni même de l’Italie. Mais des êtres humains. Tous ceux qui ont contracté la maladie de vivre. Tous.
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