Véritable conte initiatique, Je suis le vent raisonne comme un appel à prendre la mer, à chavirer dans les flots, à vivre libre, à vivre grand.
« L’un » et « l’autre », les deux personnages de la pièce, sont préoccupés par la sensation fugace d'exister… Ils choisissent de vivre avec lucidité, en percevant l'insignifiance des choses, en ayant cette constante perception de l’obscurité, de la lumière, du vide en soi et autour. Ils ont depuis longtemps abandonné l’illusion d’une réponse et cherchent vainement l’espoir d’une échappatoire. Ils acceptent le dénuement et l’audace de se dépouiller de l'existence en conscience afin de vivre ce vide comme une délivrance. A l'extrémité ne leur subsistent alors que la fièvre du défi et le choix de se livrer au néant tout entier…
Je suis le vent nous parle de cet appel du néant. Deux individus voyagent sur une barque de fortune entre îles et récifs, de la mer calme à la haute mer. Cheminant, ils s'interrogent sur l'absurdité de l'existence. Existence qui pour eux se réduit à peu de chose : boire, manger, parler avec obsession… « Oui je vis et alors il faut que je dise quelque chose ».
Écrit en 2010 par Jon Fosse, dramaturge norvégien, ce texte ne cesse de charmer par sa simplicité apparente, la beauté de sa langue et l'actualité de son questionnement. Dans cette période où nous fumes pour beaucoup poussés à un isolement forcé, où les questions fondamentales sur l'être et son rapport au monde sont devenues cruciales, dans ce silence enfin et ce vide que nous avons traversé, ce texte esquisse la possibilité d'un cycle, mourir pour pouvoir renaître, s'abandonner pour refleurir.
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris