Dans un lieu qui pourrait s’appeler Cabaret ou Théâtre, où le sérieux et la légèreté, la gravité et la dérision pour un soir ne s’opposeraient plus, quelques spécimens de l’humanité viennent se raconter ou se chercher une vérité sous la conduite d’un présentateur plutôt déconcertant.
N’ayant d’autre principe que faire spectacle de tout et d’échapper aux limites entre le bon goût et le mauvais goût, le vrai et le faux, ce lieu se voudrait un miroir, ce même miroir des contes dans lequel on vient s’interroger ou se dévoiler.
Par la Compagnie Louis Brouillard. Instrumentiste trompettiste : Brice Pichard.
Pour l’auteur-metteur en scène Joël Pommerat, nulle création ne peut s’envisager sans une patiente et lente maturation de sa conception et de son élaboration, approfondie d’année en année avec le même groupe. A la base de son travail, il y a une recherche rigoureuse sur la théâtralité elle-même, sur la question du théâtre. Actuellement Joël Pommerat cherche un théâtre qu’on pourrait qualifier d’anthropologique et de poétique à la fois.
Sa nouvelle création est un diptyque Je Tremble (1) et (2) qui va se développer sur deux saisons. Il marque une certaine rupture dans le rapport à l’écriture de Joël Pommerat.
Délaissant la fable classique, il va s’intéresser à d’autres formes narratives telles que le fragment. Poussant toujours plus vers le récit, abandonnant le dialogue, cherchant à faire parler les gestes, les corps, ce qu’il appelle un théâtre d’action, sa recherche d’une forme de théâtre intime et spectaculaire à la fois en sera encore renforcée.
Considérant que les questions politiques sont devenues aujourd’hui des questions proprement existentielles, Je tremble (1ère et 2ème partie), va tenter une exploration des différentes questions sociales, contemporaines à l’échelle de problématiques humaines, individuelles et même intimes. Cherchant à se démarquer d’un partage entre matériel et spirituel, imaginaire et réalité, texte et image, ce théâtre est aussi une tentative d’aller vers un art et une philosophie du concret.
« Le théâtre, c’est ma possibilité à moi de capter le réel et de rendre le réel à un haut degré d’intensité, de force… Avec des moyens qui sont des artifices, je cherche le réel. Pas la vérité. Il n’y a que la réalité qui m’intéresse. On dit que mes pièces sont étranges... Oui, l’étrangeté, c’est toutes les contradictions que le réel ne peut pas abriter parce que la vie en société ne le permet pas forcément, ces contradictions qui existent, mais dont on se détourne. Et là on ne se détourne pas… » Joël Pommerat
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