L’action se déroule dans une maison de repos qui se targue de n’accueillir que des personnes célèbres. Mioussov, figure de l’homme de pouvoir, s’y repose comme chaque dimanche.
Seulement, Zaitsev préposé aux travaux de réfection d’une crèche de Moscou, doit absolument rencontrer le camarade Mioussov pour qu’il lui signe un bon d’achat de peinture. Pour le voir ce dimanche, il doit être admis dans cette maison de repos, il est donc obligé de se faire passer pour le mari de Klava Ignatiouk, qui vient d’être élue Miss Nucléaire et dont le nom figure dans tous les journaux.
Dans le même temps, Mioussov est assailli par la femme délaissée d’un professeur célèbre qui lui dit qu’elle l’a fait passer pour son amant afin de rendre son mari jaloux.
Mioussov est donc condamné à passer sa journée à se cacher tandis que Zaitsev le cherche dans toute la maison. Les choses se compliquent encore pour ce dernier quand la véritable Klava Ignatiouk débarque à son tour dans l’établissement…
Quand j’ai lu cette pièce j’ai été frappée par les résonnances avec l’absurdité de notre système actuel : la difficulté pour l’homme du peuple d’atteindre l’homme de pouvoir, les rapports ambigus entre pouvoir et célébrité, les circonvolutions absurdes de l’administration, et cette course perpétuelle, ce rythme effréné dans lequel nous sommes tous à fuir la réalité pour courir derrière des chimères de perfection.
La pièce entière dure plus de deux heures, j’en ai fait une adaptation d’une heure et demie avec des références à l’actualité. Nous ne sommes plus dans une maison de repos qui teste les électrochocs mais dans une clinique du bien-être qui surfe sur les nouvelles méthodes de relaxation, détente, méditation.
Klava Ignatiouk ne vient pas d’obtenir la médaille du mérite agricole mais vient d’être élue miss nucléaire. J’ai voulu éviter de situer la pièce dans une époque précise afin de faire résonner au maximum l’intemporalité du propos. La scénographie s’attache à traduire la mécanique d’un système où chaque chose est à sa place et ne doit pas sortir du cadre.
Le jeu des acteurs, sobre doit servir le texte car à travers une mécanique d’une précision diabolique, cette pièce est un chef d’oeuvre de réparties savoureuses, de mots qui font mouche bref une satire truculente qui tout en nous faisant rire, nous met en face de l’aberration de notre fonctionnement.
« Pour redorer le blason du nucléaire, les Russes ont trouvé l'astuce. La société RosEnergo-Atom, chargée de l'exploitation des centrales nucléaires, lance le concours Miss Atome 2007. Les candidates, originaires de Russie ou de pays de l'ex-URSS, doivent avoir entre 18 et 35 ans, travailler dans des sociétés ou faire leurs études dans des universités liées au secteur. "Il y a beaucoup de belles femmes dans le secteur nucléaire russe. Nous organisons de tels concours depuis 2004 et cela contribue à améliorer l’image du nucléaire à travers le monde" indique un des organisateurs, Ilia Platonov, directeur du site www.nuclear.ru. Les " bombes nucléaires " doivent envoyer jusqu'au 20 février leurs photos et leurs dossiers de candidature sur le site www.nuclear.ru consacré aux activités du secteur. Les internautes devront ensuite voter pour désigner la gagnante. »
Le Nouvel Observateur, février 2007
4, rue de l'Armée-d'Orient 75018 Paris