J’ai vu un reportage à la télévision sur un groupe de gens à Vérone, dont le travail consiste à répondre aux milliers de lettres qui arrivent du monde entier, adressées à
“ Roméo et Juliette, Vérone, Italie ”. Des cris du cœur qui ne pouvaient pas rester abandonnés à la poste, sans réponse.
J’ai été frappée par l’idée que partout dans le monde, il y avait des jeunes (et moins jeunes) amoureux qui ressentaient la nécessité profonde de confier leurs pensées et leurs souffrances, les plus intimes avec deux personnages de fiction, du 16ème siècle.
Un peu comme le besoin des enfants de croire au Père Noël… C’est ça le miracle de Shakespeare, l’auteur le plus éternel et le plus contemporain de tous les temps.
Je ne sais pas encore ce que nous allons faire avec cette pièce extraordinaire. Mais avec un groupe de jeunes acteurs d’origines diverses, des musiques et des chansons composées pour nous par des musiciens à Londres, de la danse, quelques raps, une traduction nouvelle, moderne et vigoureuse, et l’ombre de West Side Story qui plane au-dessus de tout ça, nous espérons au moins faire un voyage passionnant et plein de surprises. Et voilà, nous embarquons…
Irina Brook – mars 2001
Si c’est universel, c’est forcément moderne ? Non ? La bouteille contient l’eau du verre !
Quant Irina Brook m’a proposé de traduire Roméo et Juliette pour Juliette et
Roméo, c’est la modernité de la pièce qui nous a sauté aux yeux. Et la diversité des langues.
Shakespeare parle la langue de son temps, celle des grands et des petites gens, celles des adultes et celles des adolescents, et c’est cela qu’il a fallu retrouver. Il parle aussi la langue du théâtre qui est celles des personnages, de leurs émotions, de leurs passions et c’est cela qu’il a fallu retrouver. Il parle la langue des poètes qui est celle du rythme et de la musique et c’est cela qu’il a fallu retrouver.
Bref, c’est à cette langue aux formes multiples qu’il a fallu se colleter. Traduire revient alors à essayer de répondre à toutes les langues du théâtre à la fois et parfois c’est tout simplement impossible, il faut choisir. S’éloigner du sens littéral pour être vraiment fidèle. Oser les jeux de mots. Comprendre quand la langue est triviale – et elle l’est souvent dans la bouche des jeunes gens – traquer les doubles, les triples sens, les sous-entendus… Trouver la musicalité. Mettre tout cela en bouche.
Car le texte traduit doit être dit. Il doit être aussi fidèle que possible et un acteur doit pouvoir le jouer. Le texte doit être dit et on doit y croire : le comédien doit pouvoir apporter toute sa sensibilité, la phrase doit être un écrin pour ses émotions, ouvrir son imagination, les métaphores doivent parler à son cœur…
Irina Brook m’a proposé de traduire Roméo et Juliette et le travail s’annonçait très excitant ! Je n’avais heureusement aucune idée de la difficulté et me suis lancée sans réfléchir, ravie et fière d’avoir à en découdre avec ce monument ! Et voilà ! Je suis tombée amoureuse avec Juliette et avec son Roméo et j’ai détesté les Montaigu et j’ai haï les Capulet et je me suis trouvée avec toute cette pagaille sur les bras, en rêve j’ai rencontré la Reine Mab et j’ai regardé les étoiles et glissé dans la tombe, j’ai pleuré mes morts et espéré la réconciliation… Car c’est bien cela que propose la traduction : un voyage au pays du théâtre où l’incarnation est un passage obligé…
Marie-Paule Ramo
Bonsoir J'aimerais savoir si Roméo et Juliette se joueront encore le Vendredi 24 Mai à Paris ? Comment connaitre les programmes sur Paris pour le mois de Mai ? Merci France Mas francemas@aol.com
Bonsoir J'aimerais savoir si Roméo et Juliette se joueront encore le Vendredi 24 Mai à Paris ? Comment connaitre les programmes sur Paris pour le mois de Mai ? Merci France Mas francemas@aol.com
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